Jean-Baptiste (Emile) RIOTTE – 1866-1951

Paris, 1923.
« Je ne veux pas mettre le trouble dans vos jouissances de paradis
terrestre. Toutefois il ne faut pas que vous voyez seulement du bleu. Je
vois demain l’autel portatif pour la dernière fois. Il me paraît bien et
plus portatif. Je me suis laissé persuader par le fabricant qui remplace
les lattes des coins par une composition très dure. On verra à la pratique.
Dans 2 ou
3 jours, on le livrera et je le monterai tout de suite et je vous dirai nos
impressions, celle du P. Olivier [Dabescat] et la mienne. Le P. Olivier
voudrait en avoir plusieurs de ce genre pour le prochain pèlerinage. Je
crains bien que la note à payer soit salée.
Faut-il en commander d’autres ou attendre? On a dû vous parler du fourbi
qu’un
postulant a laissé ici pour ne pas encombrer Saint-Gérard. Ne croyez pas
qu’il s’agit d’un trésor! C’est moi qui ai guidé le bonhomme dans son
choix. Il n’a emporté avec lui que ce qui est personnel: livres, habits. Il
reste un ramassis de
souvenirs de voyage, de valeur réelle nulle. J’ai mis le tout
dans une caisse qui prendra la direction que l’on voudra quand on le jugera
bon. J’ai pensé à Philippopoli, car c’est
plutôt des bibelots de musée …
».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Eléments de biographie. Emile Riotte est né le 16 août 1866 à Sainte-Croix- aux-Mines (Haut-Rhin), relevant après 1870 du diocèse de Saint-Dié (Vosges). Avant de faire des études secondaires, il travaille comme employé de commerce dans sa ville natale. Il est alumniste à Arras (Pas-de-Calais), de 1882 à 1884, puis à Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1884 à 1886. Il prend l’habit, sous le nom de Frère Jean-Baptiste, au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis) le 12 octobre 1886 et fait ses premiers vœux à Paris le 15 octobre 1887. « Le Frère Jean-Baptiste est peu porté aux études abstraites. Il montre du goût et de l’entrain pour les travaux extérieurs et les travaux d’art. fi est très dévoué » écrit le P. E. Bailly de son novice. Le Frère Jean-Baptiste est envoyé au scolasticat du Breuil (Deux-Sèvres) pour ses études de théologie, de 1888 à 1890. C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels le 24 octobre 1888. Il est ordonné prêtre à Poitiers par Mgr Juteau, le 31 mai 1890. On lui connaît les résidences suivantes, plus ou moins provisoires: Livry (1890-1891) pour y compléter ses études commencées au Breuil, alumnat d’Arras (18911892), noviciat de Phanaraki (Turquie), de 1892 à 1893, année où il enseigne pendant trois mois seulement au petit alumnat Muller, Eski-Chéïr (Turquie), de 1893 à 1894, Karagatch (Andrinople), de 1894 à 1895, Gallipoli (1895-1896), Karagatch (1896-1898), Philippopoli (1898-1904), Rome (1904-1905), Paris à partir de 1905. Il est difficile de suivre sa trace dans ses différents logements parisiens. De 1913 à 1923, il réside à Paris, rue Camou. Comme le P. Jean-Baptiste a de solides notions d’architecture, on le demande un peu partout où le réclament de nouvelles constructions: Menton (Alpes-Maritimes), en 1914-1915, Bordeaux (Gironde) en 1920, A.A en Angleterre à Rickmansworth et Bethnal Green, au Luxembourg et au Bizet. On lui connaît un long temps de présence à Paris, à la paroisse Saint-Christophe de Javel (1924, puis de 1935 à 1949). En 1949, il doit prendre un temps de repos à Lorgues où il meurt le 6 novembre 1951 et où il est inhumé. Personnalité d’un religieux très sollicité. Le P. Jean-Baptiste a eu une existence très mouvante. Il a été affecté successivement et, parfois simultanément, à des oeuvres très diverses, mais il s’est toujours donné à toutes avec un zèle toujours égal: le patronage de Notre-Dame de Grâce, l’atelier d’apprentissage, la communauté des Oblates de la rue Lecourbe dont il est longtemps le chapelain, l’institution des Dames du Calvaire où il exerce aussi les fonctions d’aumônier, le ministère de la confession et de la direction spirituelle dans de nombreuses communautés dont celle de maison des vocations tadives à Saint-Denis. C’est un homme toujours empressé à se dévouer aux multiples sollicitations. Il a un sens pratique remarquable. Dans le domaine de l’architecture, ses connaissances techniques ont été mises maintes fois à contribution. Il donne de judicieux conseils pour aménager, organiser, transformer les maisons. On lui pardonne de répéter dans sa vieillesse la liste de toutes les résidences dont il se dit volontiers le constructeur ou le restaurateur. Comme bâtisseur, il rend d’énormes services, épargnant aux économes des frais considérables d’architecte ou d’entrepreneur. Doué d’un tempérament robuste, il porte avec une surprenante énergie les restrictions et privations du temps de guerre et d’après-guerre. A partir de 1947, sa santé physique et son état mental fléchissent sensiblement et en 1949 il est nécessaire, malgré les réticences de l’intéressé, au mois de juillet, de l’adresser à la maison de Lorgues. Le P. Aymard l’y conduit lui-même. il laisse le souvenir d’un religieux pieux, régulier, d’un dévouement à toute épreuve. Certes il tenait fortement à ses idées personnelles, parfois jusqu’à l’entêtement. Cela donna lieu à des passe d’armes amusantes ou grinçantes. Lui, en tout cas, n’en garde jamais rancune. il est même le premier, après coup, à en rire de bon cœur, connaissant et justifiant le dicton ‘Vosgien, tête de chien’.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1951, n° 125, P. 87-88. Lettre du P. Jean-Baptiste Riotte au P. Antonin Coggia, Paris, 21 janvier 1923. Dans les ACR, du P. Jean-Baptiste Riotte, correspondances (1893-1928). Notices Biographiques