Jean-Chrysostome (Léon-L.-J.) MONNIEZ – 1884-1966

Souvenirs.
« Comme ancien missionnaire des Balkans, ayant vu sur place la guerre
balkanique
(1912-1913), vécu 6 ans à Plovdiv (1919-1925) et 16 ans à Belgrade
(1925-1941), je vous livre quelques remarques qui pourront s’ajouter aux
observations faites par vous
sur place. L’Orient séparé de Rome est un terrain d’apostolat qui a plu au
P. d’Alzon et à beaucoup de ses fils, mais les chrétiens non
unis ou désunis de ces pays ne sont guère plus
convertissables que beaucoup de protestants. On les atteint surtout par la
prière, par la bonne éducation et le déracinement de leurs préjugés dans
les écoles ou dans les rencontres avec les bien disposés. Belgrade avait
une école de filles florissante confiée aux Oblates et une bonne école de
garçons installée par les soins du P. Privat Bélard, confiée aux
Frères Maristes. Le travail des Pères avait son point d’attache à la
paroisse de l’Assomption confiée à l’Assomption le 1 er novembre 1925 où je
fis des milliers de baptêmes, des centaines de premières communions et où
j’ai béni quelques centaines de mariages. Le but essentiel de cet apostolat
en Yougoslavie, c’est la prise de contact avec le monde orthodoxe ». 1953.

Religieux de la Province de Lyon.

En Orient.

Léon-Louis-Joseph Monniez’, est né à Erchin (Nord), le 2 juillet 1884. En 1898, le jeune Léon entre au petit séminaire de Cambrai qu’il quitte en 1903 pour se mettre sous la houlette du P. Benjamin Laurès au noviciat de Louvain, en Belgique. Il prend l’habit le 18 octobre 1903, sous le nom de Frère Jean-Chrysostome et prononce ses premiers vœux le 13 novembre 1904 à Jérusalem, ayant quitté Louvain pour le noviciat de Phanaraki en Turquie d’Asie. A Jérusalem, il étudie la philosophie et la théologie (19051910). Il est profès perpétuel le 23 octobre 1905 et ordonné prêtre le 10 juillet 1910. Le premier poste du P. Jean-Chrysostome est pour le collège Saint-Basile de Karagatch, de 1910 à 1914, date où il est mobilisé dans un service auxiliaire à Tulle (Corrèze) pour aboutir à Uzès (Gard) où son zèle, parfois intempestif, le pousse à faire le vicaire et à s’occuper de prisonniers autrichiens. Il convie ces derniers à un service solennel à la mémoire de l’empereur François- Joseph, ce qui lui vaut quelques jours de salle de police, ayant dénoncé son commandant comme anticlérical et franc-maçon. La guerre finie, ne faisant que passer à Bourville (Seine-Maritime) en 1918, le Père Jean-Chrysostome retourne en Orient pour se rapprocher de la Russie qui est son rêve d’apostolat, apprenant le russe pour être prêt dès que cela serait possible. Il enseigne les sciences au collège de Plovdiv (1919-1925) et en 1925 gagne Belgrade en compagnie du P. Privat Bélard (1925- 1941). Le Père Privat trouve terrains et finances pour la construction des écoles confiées aux Oblates et aux Maristes. Le P. Théopiste Laurent, passé au rite oriental, interprète à l’armée d’Orient, est incardiné au diocèse uniate de Yougoslavie et profite de son crédit auprès des autorités.

L’archevêque de Belgrade, Mgr Rodtiche, demande au P. Privat de faire construire une chapelle, pouvant devenir église paroissiale. Le P. Jean-Chrysostome seconde le P. Privat pour les exercices du culte qui se font en serbo-croate, n’hésitant pas à rédiger pour les Orthodoxes ayant affaire à son ministère, des formulaires dans lesquels ils signent des déclarations de reconnaissance du Pape comme chef de l’Eglise. Il se fait admettre comme professeur de religion dans 4 écoles publiques situées sur la paroisse, passant au besoin par la fenêtre si on lui ferme la porte. Il se rend également pour le ministère dans un rayon de 200 km autour de la capitale pour les besoins religieux de slovènes et de croates employés dans des mines. Toujours très actif, il ne perd pas son temps, est capable de dire son bréviaire de grand matin, tout en écoutant la radio et même en s’assoupissant.

Le temps de la guerre.

Les Allemands envahissent la Yougoslavie en avril 1941. Les trois religieux, les PP. Jean de Matha, Emilien Rauscher et Jean-Chrysostome sont emprisonnés, ayant rendu des services secrets au contre-espionnage par correspondance. Ils ne sont libérés qu’en 1942, après intervention du Vatican auprès de Von Ribbentrop, à la demande du cardinal Pellegrinetti ancien nonce à Belgrade. Le 14 juillet 1942, ils peuvent rentrer en France, accompagnés jusqu’à la ligne de démarcation par des agents de la Gestapo (1).

Aumônier.

Le P. Jean-Chrysostome est envoyé à Marseille (Bouches-du-Rhône), s’emploie à la visite des malades en hôpital et n’hésite pas à réquisitionner, sans autorisation, du matériel pour célébrer l’Eucharistie. L’administration finit par lui attribuer une salle et au bout de neuf ans par lui faire bâtir une chapelle, avec sacristie, bureau, chambre, cuisine et dépendances. Il est admis comme employé auxiliaire avec traitement. Jusque là il s’était nourri des rations des vieillards de l’hospice qui prélevaient pour lui une part de leur alimentation. En 1960, il a joie de célébrer son jubilé d’or sacerdotal. En 1962, sa santé donnant quelques inquiétudes, le P. Canisius Louis lui vient en renfort. En novembre 1962, le P.Jean-Chrysostome est affecté à Lyon (Rhône). Il y subit l’opération de la prostate et est envoyé à Lorgues (Var) en juillet 1963. Une congestion l’emporte le 27 janvier 1966, le jour de sa fête. Les obsèques sont célébrées par le P. Albert Heckel. Le P. Jean de Matha, son compagnon’ pendant 15 ans, conclut la cérémonie du traditionnel souhait oriental: Viechnaïa pamiat, équivalent du Requiescat in pace latin.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1967, p. 174. Rhin-Guinée, avril 1966, n° 65, P. 11-12. Dans les ACR, du P. Jean-Chrysostome Monniez, correspondances (1904-1960). Le P. Jean-Chrysostome Monniez a écrit un ouvrage: Guide pratique de l’oraison, 1953. (1) Pour cette période de présence de l’Assomption à Belgrade, lire dans le bul- letin Missions des Augustins de l’Assomption, 1941, n° 18, p. 134-135 (Echos des Balkans) ; 1942, n° 26, p. 198 (Belgrade en avril 1941) ; 1944, n° 38, p. 294 (Yougoslavie) ; 1947, n° 485, p. 30-31; 1948, n° 488, p. 2-3; 1948, n° 489, p 12 -13.