Jean-Clément GODBERT – 1924-1963

Accident mortel.
« Le lundi 7 janvier [1963], le P. Jean-Clément a quitté Bezaha vers les 8
h. pour se rendre à Tuléar, la retraite mensuelle devant avoir lieu les
8 et 9 janvier. Le Père était seul à bord de sa jeep. Avant d’arriver à
Andranovory, la bifurcation Sakaraha-Bezaha, sur la route de Tana: le Père
avait eu quelques ennuis à cause de ses freins. Le P. Isidore Détré et le
P. Sapède qui venaient de Betioky à bord de leur 2 CV le rejoignent à
Andranovory. Après réparation, ils décident de partir ensemble. Le P.
Isidore
et le P. Sapède à 50 m. devant. Ils ne filent pas vite car la voiture est
en rodage. Tout va normalement jusqu’au km. 45. A cet endroit, il y a une
mauvaise descente en S. C’est
à cet endroit qu’eut lieu l’accident, le P. Isidore l’a vu, la jeep ayant
pris de la vitesse dans la descente. Le Père a perdu le contrôle de son
véhicule. A-t-il freiné? A-t-il raté sa vitesse? A-t-il accéléré? Le fait
est que la voiture a fait plusieurs tonneaux, en se rabattant vers la
gauche. Au premier tonneau, le Père a été plaqué la face sur le bitume et
traîné sur plusieurs mètres, défiguré.
Il semble avoir été tué presque sur le coup. Arrivé moins de 2 minutes, le
P. Isidore a recueilli le dernier soupir».

Jean-Clément GODBERT

1924-1963

Religieux de la Province de Paris, en rnission à Madagascar.

Etapes d’une courte vie.

Jean-Clément Godbert est né le 23 novembre 1924 à Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, au diocèse d’Arras. Il fait ses études secondaires de 1937 à 1944 dans les alumnats du Bizet (Belgique), de Chanac (Lozère), de Vérargues (Hérault) et de Soisy-sur- Seine (Essonne). Il prend l’habit au noviciat des Essarts (Seine-Maritime), le 20 novembre 1944 et, après ses études de philosophie et de théologie à Lormoy (Essonne), il est ordonné prêtre à Arras le 19 décembre 1953. Sa première profession est datée du 22 mai 1946 (Les Essarts) et sa profession perpétuelle du 22 mai 1949 (Lormoy). De 1953 à 1955, le Père J.- Clément est d’abord employé au service de l’enseignement à l’alumnat Saint-François Régis de Davézieux en Ardèche, sous la responsabilité du P. Chanial. Le 10 septembre 1955, il s’embarque en compagnie du P. François Heyraud sur le ‘Nossi Be’ de la Compagnie Havraise Péninsulaire, à destination de Madagascar.

Missionnaire sur la Grande lle.

Désireux de répondre à l’appel de la mission, le P. Jean-Clément va prêter aide et renfort à la poignée d’Assomptionnistes qui, sous la conduite du P. Michel Canonne ont accepté en 1953 de prendre la relève des Pères Lazaristes dans le secteur de Tuléar, dans le sud de 1’lle Rouge. Après un long mois de navigation à travers la Méditerranée, la Mer Rouge et l’Océan Indien, les deux jeunes pionniers débarquent à Tuléar, au cœur même de la mission naissante. Le P. Jean- Clément est d’abord affecté à Tuléar où il exerce les fonctions de vicaire auprès du P. Michel Canonne, curé de la cathédrale, tout en S’adonnant à l’étude de la langue malgache. Il poursuit assidûment cette étude pendant trois ans (1955-1958),

en assistant à plusieurs cours par semaine, jusqu’à l’obtention du diplôme de langue malgache. Il enseigne, le catéchisme aux enfants, puis il visite à vélo les fidèles qui lui sont confiés et qui vivent dans les petites cases disséminées dans le sable, tout autour de la ville. On lui vole d’ailleurs un jour, sous ses yeux, son véhicule de transport! Sa forte constitution résiste à la brûlante réverbération du soleil sur les dunes et on le voit revenir, rouge de l’effort accompli, suant à grosses gouttes, de ses rudes randonnées apostoliques. C’est durant ce séjour à Tuléar que le P. Jean-Clément reçoit l’annonce de plusieurs deuils familiaux, ayant quitté ses parents âgés et malades. Quand il a l’occasion de rentrer en France, il trouve la boulangerie paternelle fermée et déserte. Sa sœur est entrée au couvent des Augustines du Précieux Sang, à Arras. Un des ministères les plus fréquents du P. Jean-Clément est d’accompagner les enterrements au cimetière, à l’ombre d’un ‘kily’ (tamarin). En 1958, le P. Jean-Clément change d’affectation: il est envoyé à Manombo, un poste de brousse où il seconde le P. Miichel Ramilison, l’unique prêtre malgache du diocèse. Le poste a été fondé par un lazariste, le P. Brunel, lequel y a passé 52 ans! Il trouve amplement à distribuer les médicaments que sa sœur religieuse lui envoie de France, il reçoit à son bureau, soigne chacun avec amabilité et remet le précieux ‘fanafody’, considéré comme le remède radical. Pour visiter ses fidèles du sud, les pêcheurs ‘Vezo’, il prend le ‘ta@d-brousse’. De décembre 1961 à avril 1962, à l’occasion d’un congé en France, il parcourt les départements du Nord et du Pas-de-Calais pour donner des conférences sur la mission et solliciter des fonds afin de construire une seconde église, dans un village trop éloigné du centre. Pour améliorer l’ordinaire, le P. Jean-Clément se lance dans l’élevage des lapins, mais, tel François d’Assise, il aime trop les animaux pour tous les sacrifier! Son successeur à Manombo, le P. André Daems, trouvera des clapiers bien peuplés! Enfin en 1962, il est nommé au poste de Bezaha pour succéder au P. Alphonse Munsch, transféré à Sakaraha. Le P. Jean-Clément n’y reste que 6 mois. Il meurt dans un accident de voiture, le lundi 7 janvier. Les obsèques sont célébrées le lendemain à la cathédrale de Tuléar.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1964, p. 229-230. Lettre à la Famille, mai 1963, n° 353, p. 419-420. Paris-Assomption janvier 1963, n° 84, P. 36-41. Nouvelles de Tuléar, 1963, n° 14, P. 2-12. On trouve dans le bulletin Paris-Assomption des années 1955-1956 quelques lettres du P. Jean-Clément Godbert, dans Nouvelles de Tuléar 1962, n° 10, une interview du P. Jean- Clément. Récit de l’accident par le P. Jean-Gabriel Chatelin. Notices Biographiques