Religieux de la Province de France.
A l’école d’une vie rude et laborieuse.
Jean-Cyrille Cordesse est né le 21 mars 1908 dans un rude terroir de la Lozère, à La Fage- Montivernoux. Il va à l’école primaire jusqu’à 14 ans et passe son certificat d’études primaires. Il travaille ensuite à la ferme familiale jusqu’à son service militaire qu’il accomplit à Carcassonne (Aude) de 1928 à 1930. Peut-être conseillé par l’aumônier du Foyer du Soldat dont il garde fidèlement le souvenir, il entre à la maison des Vocations tardives de Saint-Denis (Seine-Saint- Denis) au nord de Paris de 1930 à 1935. Chaque mois il se rend à pied à la basilique du Sacré- CŒur de Montmartre pour une nuit d’adoration. Il peine beaucoup dans les études et, regrettant de ne pouvoir avancer vers le sacerdoce, il demande la vie religieuse comme frère. Il prend l’habit aux Essarts (Seine-Maritime) le 2 octobre 1935 sous le nom de Frère Jean de Dieu. Profès le 4 octobre 1936, il est nommé à la communauté provinciale de Paris, avenue Denfert-Rochereau, où il commence ce qui sera l’essentiel de sa vie: le service de ses frères, dans le dévouement, l’humilité et la prière. « Il a le goût du travail manuel, se prête à toutes les tâches, est bon jardinier et bon cuisinier, se montre doux et patient. Bienveillant d’esprit, il trouve sa joie dans la voie qu’il a choisie » a noté son maître des novices, le P. Albert Devynck. Mobilisé en septembre 1939, il fait sa profession perpétuelle à l’armée le 4 février 1940. Prisonnier dès les premiers jours du conflit, il va passer cinq années en Silésie où il souffre beaucoup physiquement et moralement. Il n’est libéré qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945, ayant travaillé dans des fermes, dans des usines dans le cadre des stalags. Mais de cette période de sa vie, il n’aime guère parler. Il reprend son poste à Denfert- Rochereau.
En 1948-1949, il est nommé à Dormans (Marne) où l’évêque de Chalons souhaite une implantation assomptionniste. Il passe ensuite aux Essarts où il s’occupe principalement de la ferme et joue le rôle de socius ou de frère aîné auprès des jeunes frères coadjuteurs en formation. De 1957 à 1964, il retourne pour la troisième fois à Denfert-Rochereau toujours affable et disponible, pour l’accueil et les travaux d’entretien.
Retour aux horizons familiaux et transfert à Layrac.
En 1964, le Frère Jean de Dieu revient dans sa Lozère natale. L’alumnat du Christ-Roi à Chanac, fondé par le P. Didier Nègre, vient de fermer ses portes et il est nécessaire de l’aménager en maison de repos. Avec un dévouement inlassable, une humeur égale et apaisante, une patience qui force l’admiration de ses frères, il soigne les grands malades, notamment les PP. Fulbert Cayré, Félix Dufau, Michel Kerboul et Maur Melscoet. La maison de Chanac est définitivement fermée en 1979. Le Frère vient à Layrac (Lot-et-Garonne) et garde ses fonctions d’infirmier, à l’imitation de son saint patron, aussi longtemps que sa santé le lui permet. Sa gentillesse est un rayon de soleil qui traduit sa constante méditation intérieure, sa présence continuelle à Dieu. A ses moments libres, il aime travailler au service missionnaire de la philatélie. Viennent les épreuves de la vieillesse, les infirmités: maux de tête dont il a souffert toute sa vie, insuffisance cardiaque, perte progressive de la vue qu’il ne retrouve en partie que la veille de sa mort. Après une brève hospitalisation à Agen, le Frère décède le 9 novembre 1988. Le P. Henry-Jérôme d’Argouges, dans l’homélie pour les obsèques présidées par le P. Raphaël Le Gleuher à Layrac, dit l’essentiel en peu de mots: « Bon et fidèle serviteur, le Frère Jean de Dieu a vécu sans bruit, faisant le bien partout où il est passé. Je n’ai pas voulu faire un panégyrique. J’ai voulu placer le Frère Jean dans la lignée des Frères que nous avons connus: les FF. Arthur Dutheil, Léon Clouet, Pierre Moisan, près desquels il va reposer au cimetière de Layrac ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 39-40. Assomption-France, Nécrologie, année 1988, p. 150. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), janvier-mars 1989, n° 147, p. 23-25. Le Frère Jean de Dieu Cordesse a donné de ses nouvelles pendant sa captivité en Allemagne (1940-1945) dont quelques-unes ont été diffusées dans la Lettre à le Dispersion.