>Religieux français.
Une courte trajectoire.
Né le 2 février 1871 à Saint-Omer (Pas-de-Calais), d’une famille amie de l’alumnat tout proche de Clairmarais, le jeune Joseph-Léon Monsterlet, frère du P. Eugène Monsterlet, fait ses premières études de latin sous la direction du P. Joseph Maubon. Il les continue à Mauville (Pas-de-Calais (1883-1885) et revient achever ses humanités à l’alumnat de Jésus-naissant de Clairmarais (1885-1887). Pieux, franc, distingué et plein d’entrain, il fait la joie de ses condisciples comme de ses professeurs. Il est présenté au noviciat de Livry-Gargan (Seine-saint- Denis) pour la prise d’habit le 29 septembre 1887 et il prend le nom de Frère Jean de la Croix. D’une nature ardente et généreuse, il entre bien dans l’esprit de l’Assomption. Durant sa seconde année de noviciat, il a la joie de faire connaissance de la Ville sainte de Jérusalem à l’occasion du pèlerinage. Il est profès annuel en 1888 et profès perpétuel le 29 septembre 1889. Peu après sa profession, il est envoyé comme jeune professeur à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère) et s’attache de tout son cceur à la formation des jeunes vocations. En avril 1891, il est du nombre des étudiants assomptionnistes qui vont fonder la maison d’études de Jérusalem, sous la conduite du P. Germer- Durand. Il passe là quatre années d’études, ayant le loisir pendant les vacances d’accompagner les groupes de pèlerinages qui prennent pension à Notre-Dame de France, complétant ainsi le champ des investigations archéologiques qu’anime le P. Germer-Durand. Sous-diacre le 12 mars 1893, il attend avec impatience l’heure du sacerdoce. L’obéissance l’envoie en 1894 à Constantinople où il est économe de Koum-Kapou. Sept mois après son arrivée, il est atteint de la petite vérole qui l’emporte en quelques jours. Il meurt le 27 avril 1895,
à 24 ans, dont six de profession. Le Frère Jean de la Croix est inhumé dans la chapelle de Koum-Kapou. Un de ses neveux, assomptionniste, le P. Jean de la Croix Laurent reprendra son prénom de religieux en hommage et en souvenir de ce religieux très estimé.
Promenade à Jérusalem.
« J’ai bien tardé à vous écrire. J’aurai dû m’acquitter plus vite de ce devoir envers vous. Les autres ont déjà tout raconté. Il ne me reste plus que notre dernière promenade à vous faire connaître. Elle fut improvisée au déjeuner du matin, le jour de la saint Jean de Facond. Le soleil était brûlant, ce n’était guère le jour d’une grande excursion, mais rester prosaïquement dans les murs de Notre-Dame de France un jour de fête n’était pas digne non plus de jeunes religieux de l’Assomption. Allons dîner au mont Sion, nous passerons la journée à Saint-Pierre et nous y prierons pour l’heureux achèvement des fouilles. En un instant les provisions sont préparées. Nous mettons nos lunettes noires, prenons les parasols blancs et nous nous acheminons vers le mont Sion. Notre premier soin en arrivant fut de transformer la grotte où le Frère Polycarpe [Hudry] mettait ses outils en une salle de communauté, cela rappelait les cellules des moines daïn Pharan. les débris de colonnes, les fragments d’inscriptions, les morceaux de tuiles romaines furent délicatement posées dans une sorte de niche et bientôt cette grotte qui n’était qu’une cave devint un salon. La sueur ruisselait sur nos fronts. Si l’on pouvait se baigner! Il faut nous contenter d’un bain de sueur. Plus tard on pourra peut-être, dit le P. Germer, arranger la salle de bains que l’on a découvert en faisant les fouilles. Ce désir d’un bain futur ne nous rafraîchit guère, nous nous efforçons d’oublier qu’il fait chaud en préparant la salade pour le dîner. Le repas est champêtre. Un olivier nous offre ensuite son ombrage pour la sieste. Au lieu de dormir, nous parlons continuellement des travaux que nous pourrions entreprendre. Nous sommes tous prêts à aider le Frère Polycarpe les jours de vacat, afin de trouver plus vite l’église de Saint-Pierre. En attendant, nous l’aidons à faire pousser les vignes et nous Mons pomper une heure durant pour rafraîchir les jeunes plantations. Avant de quitter le mont Sion, nous nous réunissons devant les fouilles et récitons l’office en chœur. Daigne saint Pierre nous montrer le lieu de son repentir afin que nous puissions joindre nos larmes aux siennes et l’invoquer pour l’Eglise et la France dans l’église que la France lui a érigée au temps des croisades.. Notre retour n’a rien d’extraordinaire sauf que le parasol du Frère Romuald se retourna soudain sous un coup de vent. Le pauvre Frère ne s’expliquait pas le phénomène. Il fallut lui venir en aide pour remettre son parasol en état. Nous ne manquons pas de prier avec ferveur pour le noviciat de Livry au tombeau de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Lettre du Frère Jean de la Croix au P. Emmanuel Bailly, Jérusalem, 17 juin 1891.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Souvenirs 1895, no 212, P. 121; no 213, p. 129-136; no 216, p. 155. Missions des Augustins de l’Assomption, 1895, no 17, P; 41-44. L’Assomption, 1904, no 95, p. 165-169; no 96, p. 185-189; 1905, no 97, p. 8-11; no 98, p. 25-29; no 99, p. 40-44; no 100, p. 54-58. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Jean de la Croix Monsterlet au Père Joseph Germer-Durand, Alexandrie, 2 octobre 1894. Dans les ACR, du Frère Jean de la Croix Monsterlet, quatre correspondances (1890-1894).