On l’appelait « l’éco ». En effet, toute sa vie active il a été économe (à l’exception d’une année où il a testé sans succès le métier d’enseignant): vingt cinq ans à la Maison d’Enfants de la Grande Allée, à Toulouse, et vingt-cinq ans à la maison de repos de Layrac. Ce rôle lui convenait à merveille: il pouvait donner libre cours à son besoin d’activité et à son esprit de service. Dans les grandes maisons dont il a eu la charge, il circulait partout attentif aux détails matériels et aux personnes. A Layrac, il était apprécié pour son attention aux besoins des religieux âgés et pour sa prévenance. « II était agréable, a dit l’un d’eux, de n’avoir pas toujours à quémander car Jean proposait de lui-même ce qui nous semblait nécessaire ». II s’est beaucoup dépensé physiquement, dans des chantiers divers et dans les jardins potagers dont il aimait partager les récoltes avec amis et visiteurs. II avait noué un grand réseau de relations avec des artisans de Toulouse, des gens du quartier et des éducateurs de la Maison d’enfants. Avec eux il s’accordait des journées de chasse et de pêche: pas question de rater l’ouverture de la truite! II tenait beaucoup à son indépendance et protégeait bien son jardin secret.
Originaire d’un port de pêche breton, Morgat, il était entré au séminaire assomptionniste des vocations tardives de Blou. Né dans une famille nombreuse de pêcheurs marquée par plusieurs drames de la mer, chaque été il s’offrait des sorties en mer, distribuant ensuite le résultat de sa pêche. Très apprécié dans sa famille pour sa bonne humeur, son optimisme et sa tolérance, une forte délégation de neveux et nièces a participé à ses obsèques.
Jean Drevillon
« Je suis Breton et français » me disait-il avec fierté, et de famille de pécheurs. Jean est né le 4 mars 1929 à Crozon dans le Finistère.
C’est en 1943 qu’il entre à l’Assomption dans notre maison de Blou et en septembre 1949 au noviciat de Pont l’Abbé.
Il est ordonné prêtre en 1956 ici à Layrac.
Jean partagera sa vie apostolique sur deux communautés : approximativement 25 ans à Toulouse et 25 ans à Layrac
Toulouse
En 1957 Son premier poste est celui d’enseignant à ‘La Maison d’Enfant’ de la Grande Allée à Toulouse. Mais semble-t-t-il ce n’est pas tout à fait le charisme de Jean, il ne reste qu’un an dans cette fonction. Et très vite le provincial lui confie l’économat de cette grande maison. Avec les différents supérieurs il se fait bâtisseur pour l’aménagement de cette grande œuvre. Dynamique, relationnel il collabore très activement avec l’ensemble du personnel à l’animation de cette maison. Économe, gestionnaire il est au petit soin pour tous, Jean ne mesure pas son temps, mais il sait en même temps s’offrir une juste détente dans le plaisir de la pêche, de la chasse avec ses amis, et ils sont nombreux. Après le passage de la gestion de la maison à une équipe de laïcs, la communauté se retrouve juste à côté rue des Demoiselles, et là Jean acceptera le service de supérieur de la communauté pendant un triennat.
25 ans à Toulouse.
Layrac
En septembre 1983 ses supérieurs lui demandent un nouveau service d’économe dans notre maison du ‘Prieuré’ de Layrac.
C’est toujours avec dévouement qu’il va s’acquitter de cette tâche jusqu’en 1999.
Le personnel dont il a recruté plusieurs membres encore présents dans la maison témoignera tout à l’heure de la tendresse et de la disponibilité qu’il a su manifester à tous.
Mais ce sont aussi ses frères qui lui doivent une grande reconnaissance pour l’attention qu’il a toujours manifesté au moindre besoin de chacun. Ici aussi avec les divers supérieurs qui se sont succédés il a suivi de grands chantiers de restauration de la maison, tel que le magnifique cloître où chacun sait apprécier la beauté.
Sur tous les fronts, c’est avec le sourire et même de grands éclats de rire qu’il s’est toujours donné.
Il était fier aussi de sa participation à la culture maraîchère de notre potager.
En 2002 son état de santé commence a donné quelques signes d’inquiétude. Les premières hospitalisations révèlent une grande fragilité.
En 2004 au cours d’un chapitre local, Jean s’exprimant devant toute la communauté nous dit « les médecins m’ont confirmé que je ne retrouverai pas mes capacités d’antan, je dois rentrer dans cette étape, mais que c’est difficile ! ».
Jean a traversé une longue période de maladie avec ses révoltes mais aussi avec d’extraordinaires périodes de confiance dans la tendresse et la miséricorde de Dieu. En ces derniers jours où en communauté nous l’avons accompagné, je suis témoin de la paix dans laquelle il a remis son souffle entre les mains de Dieu ce mercredi 16 mai à 16h30. Jean reste pour nous tous ce frère qui portait en lui un regard d’une grande tendresse pour chacun.
P. Jean Exbrayat