Religieux de la Province de France.
Un religieux aux allures militaires.
Jean-Eugène-Marie Lechat est né le 28 septembre 1897, près de Segré, à Pouancé (Maine-et-Loire). Il fait ses études secondaires à l’externat des Enfants Nantais à Nantes (1906-1911 et 1912-1914), entrecoupées par une année en Angleterre, dans le Staffordshire, au St-Wilfrid’s College Oakarnooor (1911-1912), ce qui lui donne une bonne maîtrise de la langue anglaise. D’une tante Religieuse de l’Assomption, il hérite une copie de notes d’audition d’une retraite prêchée par le P. d’Alzon ou le P. Bailly en 1877, texte inédit aujourd’hui intégré dans la banque de données (1). Durant la première guerre mondiale, il accomplit un service militaire de 4 années dans l’aviation, en qualité de sous-lieutenant. Par la suite lui sera conférée au titre de la marine la Légion d’honneur (1954), indice d’états de service et de qualités reconnues. Cette expérience le marque durablement: il gardera toute sa vie les qualités et les travers d’un ton et d’une allure de commandement, parfois insolites ou peu adaptés au milieu religieux. Le 28 août 1920, il prend l’habit à Saint-Gérard (Belgique), sous le nom de Frère Jean- Gabriel, et prononce ses premiers v?ux annuels, le 29 août 1921. La première année de philosophie se déroule à Taintegnies (1922-1923), une seconde à Louvain (1923-1924), d’après sa fiche personnelle. Il étudie la théologie à Louvain (1924-1928): il est admis à la profession perpétuelle le 29 août 1924 et est ordonné prêtre à Louvain, le 29 juillet 1928. Ses différents formateurs mettent en valeur les grandes qualités de ce religieux qui se considère lui-même comme un jeune converti, plein d’énergie, mais d’un caractère vif, aux manières aussi distinguées que tranchées. Franc, laborieux, généreux, volontaire, ayant le sens des initiatives,
le Frère Jean-Gabriel sait qu’il doit veiller à adoucir les ardeurs d’un caractère entier.
Activités et services.
Aumônier au collège Saint-Caprais d’Agen (1928-1936), le P. Jean-Gabriel est ensuite nommé aux O.C.F. pour le service des pèlerinages de Notre-Dame de Salut à Paris (1936-1952), en qualité de sous-directeur. Il y déploie une grande activité, notamment à partir de 1945, s’attachant à dynamiser les grands pèlerinages du National à Lourdes et ceux qui reprennent en direction de Jérusalem et du Proche-Orient. Doué, de façon incontestable, de grandes qualités intellectuelles et morales, d’une santé de fer, il bouscule volontiers les habitudes ou routines du genre, ce qui ne lui attire pas que des sympathies. Pendant la seconde guerre mondiale, il est mobilisé, décoré de la Croix de guerre, de la médaille militaire et devient officier de la Légion d’Honneur. Il connaît aussi l’épreuve d’une catastrophe maritime sur le Champollion à Noël 1952. On lui reproche d’avoir donné le ‘sauve-qui-peut’ sur la navire, en demandant aux passagers de se jeter à l’eau il y a quinze victimes alors que le commandant Bourde n’y est pas favorable. ce sont surtout son franc-parler, ses plaisanteries de corps de garde et sa liberté de manières qui désorientent une partie du public auquel il s’adresse. Harcelé par les critiques, menacé d’un recours devant le Saint-Siège, il doit laisser la direction des pèlerinages. Il est alors chargé de quelques délicates missions à Moscou (1959, 1960, 1962). Il réside toujours à la rue François 1er comme prédicateur, confesseur et directeur spirituel. On peut dire que son zèle apostolique fait de lui un grand éveilleur de vocations, en particulier auprès de jeunes filles. Homme libre, passionné, il garde une grande ouverture d’esprit et sait communiquer la chaleur d’une foi dynamique aux personnes rencontrées. Il reste fidèle, pendant 42 ans, à un ministère assidu de confession et de direction à l’église Saint-François-Xavier de Paris, dans ce quartier où résident de nombreuses familles de militaires. Atteint d’une maladie cardiaque, il meurt au cours d’une crise à l’hôpital Bellan le 21 octobre 1979, après avoir beaucoup appréhendé le déménagement prévu de la rue François ler. Ayant fait don de son corps à la Faculté de Médecine, il avait exprimé la volonté qu’on ne lui consacrât aucun éloge funèbre. De nombreux témoignages reçus au moment de son décès évoquent ses solides amitiés et ses qualités apostoliques. (1) La paternité de cette retraite attribuée au P. d’Alzon a été reportée sur le P. Emmanuel Bailly: cf note du P. Désiré Deraedt (EO0564 dans la banque de données).
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 85-86. A Travers la Province (Paris) janvier 1980, n° 6, p. 6. Dans les ACR, du P. Jean-Gabriel Lechat, correspondances (1937-1965), articles dans la revue Notre-Dame de Salut, rapports concernant les Pèlerinages. Lettre du P. Jean-Gabriel Lechat au P. Gervais Quenard, Paris, 19 août 1947.