JEAN GUÉNÉGAN – 1928-2000

Jean naquit à Ploudaniel, commune de Lesneven (Finistère), le 20 février1915. Troisième enfant de la famille, il avait un frère et une soeur, plus âgés. Ses études primaires, Jean les fait dans son village et à l’âge de 11 ans, il rejoint l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire), en 1926. Là, il effectuera son premier cycle de 1926 à 1930 et c’est à Melle (Deux- Sèvres) qu’il poursuivra ses humanités, durant deux ans. Il choisit alors d’entrer chez les Assomptionnistes, à Nozeroy (Jura). Il prend l’habit religieux, sous le nom de Frère Ephrem, le 2 octobre 1932. Ses premiers voeux : le 3 octobre 1933.

C’est à Scy-Chazelles (Moselle), qu’il entreprend ses études de philosophie, de 1933 à 1936. Puis service militaire dans la Marine, pour deux ans et il sortira avec le grade de second maître. Mais l’armée, ce ne sera pas fini pour lui : il sera mobilisé, pour un an, en 1939.

En 1938, après son service militaire il rejoint le scolasticat de Lormoy (Essonne). Durant ces années, il s’engagera définitivement dans la Congrégation, à Saint-Maur, comme recruteur. Il avait une méthode bien personnelle de recruter : se mêler au « petit peuple » ; il n’avait pas peur de les rencontrer au milieu de leur travail, discutant avec eux des travaux des champs. Il parlait breton et les paysans aimaient beaucoup ce prêtre très proche d’eux alors que les « recteurs bretons » étaient plus réservés. De plus, quand il revenait de Saint-Maur, il passait dans les villages, donnant aux parents des alumnistes, des nouvelles de leur enfant. Il sillonnera ainsi la Bretagne, ayant son pied-à-terre chez ses parents. On dit que de 1943 à1956, il aurait recruté quelque 500 enfants (soit en moyenne de 38 à 40 par année!). Parmi ceux-ci, 70 deviendront prêtres ou religieux et, actuellement, 44 Assomptionnistes, recrutés par lui, oeuvrent toujours au service de l’Église, en France certes, mais aussi au Brésil, à Moscou, à Madagascar, en Turquie et à Jérusalem. C’est une belle page dans sa vie, dont il fut fier et qui lui valait une sincère reconnaissance de tous ceux qui,à son imitation, ont répondu à l’appel du Seigneur.

En 1947, il réussit à « reprendre » Kerbernes-Plomelin (Finistère). C’est un orphelinat agricole et horticole qui avait besoin, après les années de guerre, d’être réorganisé et d’être repris en main techniquement et économiquement. Une communauté s’y installe et la Congrégation sera présente dans cette maison jusqu’à 1978. Cet établissement éducatif et technique, très vite, sera reconnu dans le Finistère. Le Père Jean fera partie de la première équipe et il y restera jusqu’en 1974. D’abord, durant neuf ans, à partir de là, il continuera son apostolat de recruteur pour Saint- Maur, puis de 1956 à 1965, il sera le Supérieur avant de devenir, pour six ans, l’économe.

En août 1974, après 27 ans à Kerbernes, le Père Jean est nommé à la paroisse de Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime) mais il faut bienle reconnaître, ce fut un déchirement de quitter cette Bretagne qu’il connaît bien et qu’il aimait bien, ayant sillonné ses routes durant 31 ans !Il obtient alors une année sabbatique pour se préparer au ministère paroissial qu’il n’a jamais exercé et ensuite, il obtient la permission de ses supérieurs de faire ses premières armes dans le diocèse de Quimper, à Camaret (Finistère). Comme lorsqu’il était recruteur, le nouveau vicaire n’a pas peur de se mêler aux gens, aux marins surtout, n’ayant pas peur d’aller boire un coup avec eux ! Comment alors ne pas être apprécié par les fidèles ?

Mais en 1974, le curé de Pont-l’Abbé-d’Arnoult décède subitement. On fait appel au Père Jean. En 1974 commence pour lui un nouveau ministère qui durera jusqu’en 1992. Le Père oeuvre avec toute sa riche personnalité au service de la paroisse, heureux d’avoir, chaque dimanche, une église pleine, satisfait de la restauration du presbytère, avec le soutien de la Mairie, vraiment épanoui dans sa fonction de curé. De 1981 à 1984, il sera supérieur de la communauté. La forte délégation de ses anciens paroissiens présents aux obsèques témoigne de la marque qu’il a laisséelà-bas et de la gratitude qui lui est manifestée.

Agé de 75 ans, comme c’est la règle, il présente sa démission à l’évêque de La Rochelle, mais celui-ci lui demande de demeurer administrateur jusqu’à ce qu’il ait célébré ses noces d’or sacerdotales en 1999. Pour ces fêtes, qui furent grandioses, il retrouva pas mal de religieux qu’il avait recrutés autrefois.

À 77 ans donc, en 1992, il rejoint la communauté paroissiale de La Genette (La Rochelle). Mais trois ans plus tard la Congrégation rend la paroisse au diocèse, alors le Père Jean rejoint la communauté de Pont- l’Abbé, où il espère vivre une retraite heureuse. Mais, un mois après son retour, il est atteint d’une hémiplégie faciale, qui l’oblige, après un séjour à l’hôpital de Rochefort, à rejoindre la communauté de repos de Layrac, le 1er avril 2000. C’est là qu’il vit, au milieu de ses frères. Au delà de tout pronostic, il récupère parole et motricité, ce qui lui permet de vivre pleinement les activités de la communauté. Il est fidèle à la marche quotidienne, à la visite de ses frères en chambre et tout heureux de recevoir parents et amis qui venaient lui rendre une visite.

Inquiet de troubles gastriques et de quelques syncopes, on doit l’hospitaliser à la clinique Saint-Hilaire, à Agen, le 1er octobre 2000. Admis aux soins intensifs, il ne put récupérer et il s’endormit le 14 octobre.

Il avait personnellement demandé de faire connaître à l’assemblée cette prière d’un ami prêtre et qu’il fit sienne : « Mon Père, je m’abandonne à toi… fais de moi ce qu’il te plaira de faire. Quoique tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout… j’accepte tout… car tu es mon Père ».

Les obsèques eurent lieu au Prieuré de Layrac, le 16 octobre 2000. Le Père François Morvan, son successeur comme recruteur, présidait et dans son homélie, le Père Yvonneck de Villers rappelait que lui-même, comme beaucoup d’autres, avait été recruté par le Père Jean : « J’ai toujours gardé du Père Jean le souvenir d’un homme chaleureux, bienveillant, un homme qui écoute et qui fait confiance ».

Le Père Jean Guénégan repose au caveau des religieux assomptionnistes, au cimetière de Layrac.

Bibliographies