Jean-Henri (J.-H.-Antoine) DELEPORTE – 1905-1972

Un prisonnier en Allemagne.
« Quelle joie, le 7juillet, quand, à midi, le gardien m’annonça un colis de
la Croix-Rouge. Ce ne pouvait être que le vôtre m’apportant le réconfort
tant attendu d’un diurnal, réclamé vainement à
Perpignan depuis décembre et à vous demandé en désespoir de cause dans ma
lettre du 6 avril. Vous dirai-je ma déception, le soir, au retour, de
retomber dans les boîtes à sardines et la mangeaille?
Elles sont bienvenues certes, mais j’attendais mieux: un vieux diurnal, une
dizaine de Missel du soldat, un purificatoire, si possible un extrait du
Rituel cela me permettra de mettre un peu de spiritualité dans ma vie de
‘bauer’. Quand je pense que je n’ai pas dit un mot de bréviaire depuis le
début du mois de
mai 1940 et qu’il y a un an exactement que je ne suis pas confessé! Quelle
retraite à faire au retour! Au retour’? Quand? Le moral est bon. J’ai
chargé mon père et mon frère aîné, novice rédemptoriste, au ciel tous deux,
de me rendre au plus tôt à mon cher Saint- Louis. Notre-Dame du Sacré- Cœur
est mise en cause également, et j’ai bon espoir.
».
Deleporte, 13 juillet 1941.

Jean-Henri (J.-H.-Antoine) DELEPORTE

1905-1972

Religieux de la Province de Lyon.

Curriculum vitae.

Jean-Marie naît à Roubaix (Nord), le 15 juin 1905, avant-dernier de 7 enfants dont une fille, devenue Sœur Marie-Odile, Oblate de l’Assomption. Les parents, pharmaciens, sont connus sur la paroisse pour être des chrétiens fervents. Atteint d’une fièvre pernicieuse à 3 ans, condamné par les médecins, il est confié par son frère aîné, aspirant Rédemptoriste, à la Vierge de Lourdes et le 11 février 1908 Jean-Marie guérit de façon inexpliquée. Huit jours après, le frère Rédemptoriste décède en prédestiné. Jean-Marie a l’occasion de faire sa première communion à Rome le 8 décembre 1911, au pèlerinage des enfants qui vont remercie le pape Pie X pour son récent décret sur la communion précoce. A 8 ans, il fréquente l’école des Frères des Ecoles chrétiennes à l’Ecluse (Hollande). La guerre le ramène au collège Saint-Louis de Roubaix (1914-1917). En 1917, il est confié au collège Saint-Nicolas des Frères à Buzenval dans la Seine et Oise de l’époque. A 13 ans, Jean-Henri demande à entrer dans le petit séminaire de Hazebrouck réfugié dans l’alumnat spolié de Clairmarais (1918-1919), puis ramené dans ses locaux restaurés (1919-1924). Il franchit les portes du grand séminaire d’Annapes pour deux années de philosophie (1924-1926) et celles de Merville pour une année de théologie (1926-1927). Il accomplit ensuite son service militaire (1927-1928). Méfiant de lui-même, il a réfléchi, il craint la vie solitaire du prêtre séculier et pense à la vie religieuse communautaire. l’entrée de sa Sœur chez les Oblates le fait pencher pour l’Assomption: il frappe à la porte du noviciat le 17 septembre 1928 et le P. Savinien Dewaele lui donne l’habit le 13 décembre 1928 à Scy-Chazelles (Moselle). Transféré aux Essarts à Pâques 1929, il est admis à la première profession le 14 décembre 1929.

De 1929 à 1932 il complète à Louvain sa formation théologique. En décembre 1932 il prononce ses vœux perpétuels à Perpignan où il fait de la surveillance. Il est ordonné prêtre le 15 avril 1933 par Mgr. Jansoone à Lille. De 1933 à 1934, il enseigne au collège de Nîmes.

Au collège Saint-Louis de Gonzague de Perpignan (1934-1968).

En septembre 1934 le P. Jean-Henri est nommé économe de l’institution scolaire de Perpignan: il va y consacrer, de tout son cœur, les forces de toute sa vie, 34 ans, comme économe à trois reprises (1934-1937; 1951-1953, 1966-1968), comme professeur (1937-1939-, 1947-1951; 1953-1966) et comme préfet de discipline (1945-1947). Six années de guerre et de captivité interrompent le cours de cette vie languedocienne. Comme économe, on lui reconnaît une perfection d’administration, méthodique, intelligente, exacte sur le plan comptable, tenue à jour régulièrement. De plus il est bricoleur, ingénieux et exerce ses dons pour tous les travaux d’électricité, de peinture, de mécanique… talents précieux qui le mettent à l’aise pour discuter avec les entrepreneurs. Pendant les vacances, le collège se mue en chantier avec le P. Deleporte comme maître d’œuvre et ses confrères comme ouvriers! Mais il est heureux aussi de dételer et de revenir à l’enseignement. A la fois bonhomme et exigeant, presque familier et autoritaire, quelque peu possessif et détaché après la clôture de l’exercice, il est de toutes les fêtes des ‘anciens’. Son ascendant tient à un dévouement sans faille et à un grand don de contact. Il pratique les méthodes du scoutisme, développe l’intérêt pour les sports, ce qui lui permet de parler la même langue que les élèves et de vibrer aux mêmes passions. Sur le plan spirituel, il se refuse à assurer les cours de religion, à prêcher et à recevoir les jeunes en direction parce qu’il doute de ses capacités dans ce domaine. Il participe à la chorale religieuse, à l’animation des fêtes liturgiques et dessine pour les processions des tapis de sciure colorée. Il assure quelques années également la rédaction du bulletin local et participe aux voyages culturels organisés par le P. Damien Nanceau.

A la maison d’accueil des Essarts (1968-1972).

En novembre 1968, il est volontaire pour changer d’air et renforcer la petite communauté des Essarts. Il prête volontiers son concours aux curés des environs: e C’est exactement ce que je n’ai jamais fait depuis 38 ans que je suis prêtre ». Il prend aussi sa part pour l’aménagement intérieur de la maison et de celui de la propriété, tondant le gazon, cultivant des parterres de fleurs, arrachant les broussailles. Connaissant son habileté pour les machines, le Provincial de Paris lui confie l’impression de Paris-Assomption qui se fait toujours aux Essarts depuis sa parution, mais de l’imprimerie en offset on doit passer à la polycopie Gestetner. En septembre 1970, le P. Jean-Henri accepte encore l’économat de la maison pour soulager le P. Emmanuel Vivien. Le P. Deleporte meurt suitement le dimanche de Pentecôte 21 mai 1972. Il est inhumé aux Essarts le 24 mai.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974 p. 232. Notice biographique par le P. Vandepitte (Paris-Assomption, 1972). Lettre à la Dispersion, 1941, n° 843, p. 305-306. Deux correspondances du P. Jean-Henri Deleporte sont conservées dans les ACR. (1941 et 1968). Notices Biographiques