Jean (Johan) BOON – 1916-1983

Un missionnaire en congé désireux de repartir.

« Comme vous avez certainement compris le jour de notre réunion à Boxtel,
moi, je veux retourner au Congo. Je comprends que nous aurons beaucoup de
difficultés pour y travailler, mais je crois que je peux résister à ces
difficultés et que je suis capable d’y travailler. C’est pourquoi je vous
demande votre accord pour y retourner à la fin du mois d’avril ou début
mai. J’attendrai jusqu’à la fin du mois d’avril puisque j’avais
fini mon terme de quatre ans au Congo, et c’est pourquoi je
préfère prendre mon congé. Je me suis déjà mis en rapport avec la Procure
de Bruxelles pour leur demander de préparer mon voyage par bateau. Je veux
retourner par bateau pour donner l’occasion à ceux qui sont rentrés et ceux
qui rentreront de faire envoyer l’une ou l’autre chose de chez eux. En même
temps la Procure de Bruxelles et de Boxtel auront l’occasion d’envoyer
leurs marchandises au Congo. Je crois que de temps en temps l’un ou l’autre
doit rentrer par bateau pour que ceux du Congo puissent obtenir ce qui est
nécessaire ». P. Johan, Beverwijk,
14.02.1965.

Religieux de la Province de Hollande.

Une nature à apprivoiser.

Johan naît le 20 mai 1916 :à Beverwijk aux Pays-Bas, diocèse de Haarlem. Il vient à Boxtel pour ses études secondaires de 1929 à 1935. Il prend l’habit religieux le 29 septembre 1935 sous la direction du P. Domitien et prononce ses premiers vœux le 30 septembre 1936-, « Quelque peu changeant et capricieux, le Fr. Johan est bon, rend volontiers service. Trop curieux, il veut savoir tout ce qui se passe, il peut difficilement s’abstenir de manger les fruits qu’il cueille au jardin. Il aime beaucoup les missions ». Exempté du service militaire, il commence, aussitôt le noviciat terminé, ses études de philosophie à Saint-Gérard (1936- 1939). On lui demande de prolonger son temps de profession temporaire. En 1940, devant l’invasion allemande dans le pays qui vide le scolasticat de Louvain, il doit se réfugier en France. De retour en Hollande, il entreprend ses études de théologie à Bergeijk où il est ordonné prêtre le 9 mai 1943. Le Fr. Johan a été admis à la profession perpétuelle le 29 septembre 1940.

Un missionnaire dans l’âme, par tous les temps.

Sans tarder, il demande la mission au Congo, mais la guerre diffère le départ. Le P. Johan utilise, en attendant, ce contre-temps pour suivre à Nimègue un cours de missiologie (1943- 1945). Ce n’est qu’en octobre 1946 qu’il peut enfin partir pour le Congo où il va travailler pendant 37 ans en divers postes. Longtemps il fait fonction de procureur du diocèse de Béni et les 13 dernières années, il est curé de Béni-Païda où il bâtit une église et commence une conduite d’eau, travail qui ne peut être achevé avant son départ définitif du Congo. Le 12 mars 1960, en compagnie du P. Joannes-Maria Pijpers, il vient en visite à Rome, atterrissant à Ciampino.

Rome est vraiment une ville universelle puisque le P. Boon peut s’entendre en kiswahili avec le chauffeur du taxi qui emporte les deux voyageurs jusqu’à Tor di Nona! Ainsi la maison généralice est-elle directement informée des problèmes de cette lointaine mission où les PP. Pijpers et Boon entendent retourner après leur temps de congé en Europe. L’année 1964 est particulièrement pénible en raison des événements politiques qui ne cessent de secouer le pays, indépendant le 30 juin 1960, mais travaillé par des ferments de sécession. En septembre 1964, des rebelles de Muleie et des troupes lumumbistes dévastent la mission de Butembo-Béni. Des religieux sont arrêtés et menacés de mort dont Mgr. Piérard. Mais le dimanche 27 septembre les rebelles, opposés à des forces de l’A.N.C., prennent la fuite, laissant leurs prisonniers libres et en vie. Ceux-ci se dirigent à pied à la mission de Bunyuka, de là en voiture à Rwindi dans le diocèse de Goma et enfin à Kisubi en Ouganda. Beaucoup s’interrogent, devant de tels désordres et de telles violences, s’il est possible de reprendre son poste, une fois la tempête calmée. Peu à peu, les esprits se calment, le pouvoir politique se réorganise:Kasavubu renvoie Tshombé en octobre 1965 et lui-même est renversé par le colonel Mobutu en novembre 1965, lequel met en place un régime présidentiel et militaire qui va durer plus de trente ans. Une phase de ‘congolisation’ donne un air renouvelé au pays ‘zaïrisé’. Les missions catholiques peuvent reprendre leur travail.

Retour aux Pays-Bas.

Obligé en juin 1983 de rentrer en Hollande pour être soigné, le P. Johan est hospitalisé à Boxtel. Son état de santé ne laisse pas d’espoir au corps médical. Cependant, jusqu’à la dernière semaine de vie, il tient à se faire conduire de l’hôpital au château de Boxtel pour l’heure du café, afin de se trouver quelques instants avec ses frères, les saluer, faire une petite visite au cimetière où reposent nombre de religieux connus par lui. Le 26 octobre 1983, le P. Johan s’endort doucement à l’hôpital du sommeil définitif. Il vient à peine de commencer sa 68ème année. Ses obsèques sont célébrées dans la chapelle des Ursulines et son corps est inhumé dans le cimetière de la communauté à Boxtel, avec ses confrères.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption,Nécrologe (II) 1981-1983, p. 101-102. De Schakel, 1983, n° ? (collection incomplète dans les ACR). Marc Champion, Province du Zaïre, Réligieux Défunts (1929-1994), Butembo 1994, p. 50-53. Le P. Bcon a donné à la revue ‘De Schakel, des nouvelles de son travail mission- naire au Congo à plusieurs reprises (en néerlandais). Sur les événements de septembre 1964 au Congo, consulter la circulaire du P. Du- fault, du 4 octobre 1964, n° 42 et la relation qu’en a donnée Mgr. Piérard dans une interview publiée ensuite par l’Agence Fides (14 octobre 1964).