Jean-Louis PASQUIER – 1925-1998

Le plus beau visage de Dieu. « La parole de Jean- Louis était non conforme,
non conformiste. Il parlait libre et parfois tranchant, parce qu’il portait
souci que ceux qui étaient en face de lui trouvent cette liberté et
puissent en vivre,
comme une marque profonde de vie chrétienne. Et les mots de ces
conversations reviennent à la
pensée comme à flot, quand nous repensons à toutes ces conversations
parfois dérangeantes qui nous ont taraudés, marqués, construits. Il a fallu
parfois accepter le dérangement, la liberté de cette parole, mais ces mots
reviennent comme le verdoiement d’un champ après ces pluies que nous
connaissons en ce moment. La première lecture d’aujourd’hui, de la
1ère épître de st Jean, je crois, était au cœur de la spiritualité de Jean-
Louis: ‘Dieu, personne ne l’a vu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît
Dieu’. Combien de fois m’est personnellement revenu le commentaire limpide
que Jean- Louis donnait de ces mots: ‘Le plus beau visage de Dieu est le
visage de ton frère’. Jean-Louis avait lancé cela comme le va-tout et son
regard s’illuminait pour rejoindre celui de son interlocuteur. C’était
comme
une naissance. Et le regard interrogeait pour savoir si cette clarté de
Dieu était celle de celui avec qui il discutait, de Dieu, puisqu’il était
toujours au cœur du débat. C’était son souci. Et nous étions renvoyés aux
frères, la dimension fondamentale de vies: le regard à autrui, le souci de
comprendre (3)».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Sur les traces d’un prophète. Jean-Louis Pasquier est né le 10 avril 1925 à Voiron (Isère) où son père dirige une usine. La famille est originaire de la Mayenne, elle compte neuf enfants. Elle s’établit ensuite sur les terres de Laubaret, dans la commune de Layrac (Lot-et-Garonne) en 1938. Commencées à l’externat Saint-Maurille d’Angers (Maine-et-Loire), les études de Jean-Louis s’achèvent au lycée d’Agen. Au cours de l’été de 1947, il entend un appel comparable à celui du prophète Amos qui le mène au noviciat de Pont- l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime). Il y prend l’habit le 5 janvier 1947 et y fait profession le 6 janvier 1948. Au terme de ses études de philosophie et de théologie, il est ordonné prêtre à Layrac, le 18 février 1953. Il passe la majeure partie de sa vie active au service des jeunes. Il enseigne d’abord les mathématiques à l’alumnat de SaintMaur (Maine-et- Loire), de 1953 à 1959, puis à l’école Sainte-Barbe de Toulouse (Haute-Garonne) où il est aussi aumônier du scoutisme. Résidant à la communauté de la Grande-Allée, il est ensuite vicaire à la paroisse Saint-Exupère et, à partir de 1971, aumônier du lycée de Croix-Daurade. En 1989 il vient dans la région parisienne et est aumônier de l’Ecole supérieure de l’Enseignement technique (E.N.S.E.T.) de Cachan (Val-de-Marne). Détaché à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) en 1985, il y réside dans une communauté de laïcs en lien avec l’Assomption et assure divers ministères. Chaque semaine, il est conduit en voiture à Cachan pour assurer des temps de rencontre et de partage avec des étudiants de l’ENSET jusqu’au moment où la maladie vient lui interdire toute activité, même réduite. Atteint de la maladie de Parkinson, il se retire au prieuré de Layrac à l’automne de 1988. On le voit lutter avec courage contre ce mal, A.A assumer avec humilité un dépouillement d’autant plus difficile que ses facultés intellectuelles restent intactes et qu’il est très informé des problèmes du temps présent (1). Le Père Jean-Louis est décédé subitement à Layrac, à l’aube du mercredi ler juillet 1998, dans sa 74ème année. Célébrées le surlendemain, ses obsèques réunissent dans la vaste nef romane ses six frères et sœurs survivants dont deux Petites Sœurs de l’Assomption, des neveux et des nièces, de nombreux amis de Layrac, de Toulouse et de la région parisienne. Témoignage fraternel du P. Claude Guenneau. « Hier, nous lisions dans la liturgie le récit de l’appel par Dieu du prophète Amos. ‘je n’étais pas prophète, je n’étais pas fils de prophète, j’étais bouvier et le Seigneur m’a dit., Va, prophétise à Israël’. Depuis 1946 [curé de Layrac en 1946], je n’ai cessé de penser aux paroles d’Amos en pensant à toi. Voici pourquoi. C’était en plein mois d’août. La chaleur était étouffante. Tout le monde s’enfermait chez soi. J’étais à mon bureau. Vers quinze heures on sonne à ma porte. je te trouve face à moi dans une tenue sommaire: pieds nus, torse nu, short et chapeau de paille. Je m’étonne de ta présence à cette heure et tu me dis: ‘J’étais en train de labourer, mais la terre est trop dure. Il fait trop chaud, j’ai mis les vaches à l’ombre. J’ai quelque chose à vous dire. Dans la foulée, en quelques mots, tu me dis: ‘J’ai décidé de me faire prêtre. J’ai été surpris, sans être étonné. ‘Où veux-tu aller?. Tu me réponds simplement. ‘Puisque je vous connais, je vais entrer chez vous’. J’ai compris à ce moment là qu’une nouvelle vocation de prophète se révélait et que tu étais appelé à devenir témoin de Dieu au milieu des hommes » (2). (1) Du P. François Rumeau, le jour des obsèques du Père Jean-Louis. (2) Du P. Claude Guenneau, le jour des obsèques du P. Jean-Louis Pasquier. (3) De l’homélie du P. Jacques Nieuviarts.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999, 1999, p. 32-34. Assomption-France, Nécrologie année 1998, p. 437-439. Notices Biographiques