Jean-Marcel (Marcel) TISSIER – 1920-1985

Nancy, 1985.
« Je vous écris aujourd’hui pendant que je peux encore le faire. Car
demain, on m’opère ici, à l’hôpital de Nancy, d’une
3ème tumeur au cerveau. Quelle dure et nouvelle épreuve, alors que, il y a
quelques mois, me sentant à nouveau de mieux en mieux, je faisais des
projets de reprise d’activités pastorales que vous connaissez. Mercredi
dernier, j’ai passé une artériographie, sous anesthésie totale, sans
problèmes majeurs, si ce ne fut un réveil assez difficile et long. Ce
matin, j’ai passé encore des radios et un électrocardiogramme très poussé.
L’aumônier que je connais bien doit ce soir me donner le sacrement des
malades que je lui ai demandé ce matin après la communion apportée tous les
matins. Hier, j’ai pu concélébrer avec lui à la chapelle de l’hôpital, car
le dimanche il n’y a aucun examen.
Le moral est plutôt assez bas! Je ne sais si c’est un pressentiment, mais
je mets ma vie entre les mains de Dieu, de Marie et des chirurgiens. Si le
Seigneur
voulait me rappeler à lui
pendant cette opération, j’aurais une dernière permission à vous demander,
celle de me retrouver à Soing une dernière fois, au milieu de mes
paroissiens avec lesquels , durant 17 années, j’ai partagé joies et peines
… ».

Religieux de la Province de France. Une jeunesse sur fond de guerte. Marcel Tissier est né à Courcelles-sur-le-Nied (Moselle), le 5 janvier 1920, dans une famille profondément chrétienne. Son père, Christophe, est cheminot, chef de gare. Il fait partie d’une belle et grande famille de 8 enfants, quatre garçons et quatre filles, dont une sœur devenue religieuse du Bon Pasteur d’Angers. Un grand-oncle s’est fait Oblat de Marie Immaculé, missionnaire au Canada. De l’école primaire, il passe au petit séminaire de Montigny-les-Metz qu’il quitte pour entrer à l’alumnat de Scy-Chazelles (Moselle), de 1937 à 1938. À Miribel-les-Echelles (Isère), il termine ses études secondaires en juin 1940. A cette période il n’est pas question de retourner en Alsace-Lorraine, déjà occupées et très vite annexées par les Allemands. Une partie de la famille du futur Père Jean-Marcel est déportée en Haute-Silésie, un de ses frères connaît les geôles nazies. Marcel quitte donc Miribel pour se rendre à Layrac (Lot-et-Garonne). Le 12 janvier 1941, il y commence son noviciat, sous le nom de Frère Jean-Marcel, qu’il va terminer à Cavalerie (Dordogne). Profès le 13 janvier 1943, il revient à Layrac pour des études de philosophie bientôt interrompues par dix mois de Chantiers de Jeunesse à Saint-Pé de Bigorre (Hautes-Pyrénées). En 1944, après la Libération, il vient à Lormoy (Essonne) pour commencer sa théologie. Il y prononce ses voeux perpétuels le 8 décembre 1945. En 1946, les étudiants de la Province de Lyon sont réintégrés à Scy-Chazelles, au scolasticat Saint- Jean, et c’est là que le Frère Jean-Marcel reçoit l’ordination sacerdotale, le 22 février 1948. Dans le ministère. C’est au ministère paroissial qu’il s’adonne d’abord, pendant quatre ans: Page : 81/81 il est vicaire à Saint-Joseph dans la périphérie de Marseille (Bouches-du-Rhône), puis à Carnolès (Alpes-Maritimes), avant d’être affecté au secteur de Maranville (Haute-Marne) où il reste deux ans. Le P. Jean-Marcel passe ensuite à l’enseignement. De 1952 à 1961, il est préfet de discipline pour les petites classes au collège de Mongré (Rhône). Il est ensuite professeur à l’alumnat de Scy-Chazelles. En 1964, c’est le retour définitif à la vie paroissiale. Il commence par deux années de vicariat à Notre-Dame du Rouet, à Marseille. Vellexon (Haute-Saône), dont l’alumnat est fermé en 1965, est son dernier champ d’apostolat. En 1966, nous avons le privilège de l’accueillir parmi nous pour desservir le secteur paroissial de Soing dont le curé était décédé. Faut-il parier de l’accueil chaleureux que font les paroissiens à leur nouveau curé? Des paroissiens qui sont encore d’une gentillesse extrême. Je n’en veux pour preuve que la présence ici d’un bon nombre aujourd’hui. Le Père Jean-Marcel a trouvé une place stable où il peut se dévouer sans compter, jour et nuit, tout à ses paroissiens, tout dévoué aux jeunes, malgré, il faut le dire, les déceptions, tout dévoué à son église où il installe le chauffage central et qu’il fait restaurer en totalité. Et je ne parle pas de ses efforts pour y célébrer une liturgie digne, avec une chorale et des organistes à la hauteur (1). En 1980, le Père Jean-Marcel subit une première opération à l’hôpital de Metz (Moselle) et va se reposer à Lorgues (Var). Il revient à Vellexon en septembre 1981. A la suite d’un malaise en juillet 1982, il est à nouveau hospitalisé, cette fois à Vesoul (Haute-Saône), puis à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il y subit une seconde intervention chirurgicale le 6 août. Revenu à Lorgues, il connaît jusqu’à l’été 1985 des moments de rémission qui lui permettent d’espérer un retour parmi ses paroissiens. Une troisième opération a lieu le 9 juillet 1985, à Nancy, qui est suivie d’un coma qui se prolonge jusqu’au 16 septembre, jour du décès du P. Jean-Marcel. Ses obsèques sont célébrées le jeudi 19 à Metz-lesPonts où le Père repose au caveau familial. (1) D’après le témoignage du P.Marie-Edouard Wipf, supérieur de Vellexon, le jour des obsèques du P. Jean-Marcel Tissier. Page : 82/82

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 85-87. Assomption-France, Nécrologie n° 4, année 1985, p. 87-88. Lettre du P. Jean-Marcel Tissier au P. Dominique Bouverot, Nancy, 8 juillet 1985. Du P. Marcel Tissier, dans les ACR, correspondances (1942-1985).