Jean-Michel (Michel-Marie) ROUDAUT – 1914-1974

Bordeaux, 1973.
« Grand merci de votre sympathie et de vos prières. J’en ai été très
touché. Le mal est toujours là, continuel, aigu, malgré un traitement
énergique. Mais je regrette de
ne pouvoir dans ces conditions participer au chapitre provincial de
Bordeaux (1). Je garde cependant confiance. Le Frère Antonio Camarero a
subi son opération d’hernie
hier matin et se porte aussi bien que possible. Heureusement que nos deux
anciens (2) tiennent bon. Avec la promesse de mes prières pour vous et pour
que se déroule un bon travail en chapitre, je vous assure de mon fraternel
dévouement ».

P. Michel Roudout.

(1) De décembre 1972 à février 1973, se sont tenus en effet les différents
chapitres provinciaux en France pour favoriser de nouvelles réalisations
inter-provinciales. Le Père Henri Guillemin est encore à cette date
supérieur Provincial de Bordeaux. Il est remplacé à compter du 2 avril
1973 par le P. Pierre- Emmanuel Rospide.

(2) Il s’agit du P. Adéodat Dugachard (1892-1988) et du P. Denis Geoffroy
(1893-
1990), tous deux octogénaires en février 1973.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux, économe provincial (1968-1973). Une Formation coupée par la guerre. Michel-Marie Roudaut est né le 18 juin 1914 à Plouguerneau (Finistère) dans une famille qui comptera 9 garçons et une fille. C’est le P. Matthias Nicolas, ancien vicaire de la paroisse, qui lui fait découvrir, comme à sept autres futurs assomptionnistes dont les PP. Loëc, Abalain, Tournellec…. les berges de la Loire à Saint-Maur (Maine-et-Loire). Il y est scolarisé de 1926 à 1931. De Saint-Maur, il passe à Melle (Deux-Sèvres), de 1931 à 1933. C’est à Nozeroy qu’il commence son noviciat, le ler octobre 1933, en prenant le nom de Frère Jean-Michel, et c’est à Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime) qu’il le termine par la première profession, le 2 octobre 1934. Le Frère Jean-Michel suit une année d’études complémentaires à Layrac (Lot-et-Garonne) de 1934 à 1935 avant de se rendre en Lorraine, à Scy-Chazelles (Moselle) pour les études de philosophie (1935-1937). Inapte au service armé, il est affecté pour son service militaire au 48ème Régiment d’infanterie à Guingamp. Il est encore dans la zone des armées lorsqu’éclate la guerre, le 3 septembre 1939. Le 24 mai 1940, il est fait prisonnier à Hardelot (Pas-de-Calais) et, comme beaucoup d’autres, il est entassé dans des wagons à bestiaux solidement verrouillés en direction de l’Allemagne. Il aboutit en Bavière à Hamilbourg. Il fait la connaissance en camp du P. Raballo, de Mgr Weber et du philosophe Jean-Paul Sartre. Il ne retrouve la liberté que le 5 mai 1945 pour gagner la maison de théologie de Lormoy (Essonne). C’est à Layrac qu’il prononce ses vœux perpétuels le 8 décembre 1946. Il est ordonné prêtre avec indult le ler juin 1947, également à Layrac où il achève ses études de théologie. En septembre 1947, A.A les supérieurs l’envoient à l’orphelinat de la Grande-Allée à Toulouse (Haute-Garonne) avec la double mission de surveiller les enfants et d’accomplir sa 4ème année de théologie. Un long service d’économat. En 1949, le P. Jean-Michel inaugure à Cavalerie (Dordogne) la charge d’économe qui va être la sienne, le reste de sa vie. En 1953, il passe à Blou (Maine-et-Loire). En 1936, il vient à Saint- Maur, faisant l’échange de fonction avec le P. Abalain. Mgr Chapoulie, évêque d’Angers, le nomme en 1958 vicaire auxiliaire à la paroisse voisine du Thoureil. Sa présence à Layrac en 1967-1968 n’est qu’une transition. Econome local, il s’initie à la charge de l’économat provincial. Le 6 décembre 1968, il succède dans ce poste au P. Adéodat Dugachard qui s’y est dépensé pendant 21 ans, ce dernier restant sur place pour aider son successeur et le suppléer, pendant une année, à l’heure de la maladie. Vaincu par le cancer. Le 19 novembre 1971 en effet est une date noire dans l’itinéraire du P. Jean-Michel. Il subit une grave opération: il est atteint par un cancer qui le ronge pendant trois ans. Les fugitifs répits que lui laissent ses souffrances deviennent pour ses compagnons de route de longues confidences, comme une revanche à une existence faite de grande discrétion, naturelle ou voulue. On découvre alors le solide réseau d’amitiés que le P. Jean-Michel s’était tissées, autour de son silence mesuré et indulgent. Il meurt à l’hôpital Saint-Augustin de Bordeaux, le 4 avril 1974, à 60 ans. Les deux communautés bordelaises se sont relayées à son chevet pour le veiller et l’entourer au long des deux dernières années, talonnées par une maladie cruelle et irrémissible dont il a assumé dans une totale impuissance et un grand dépouillement les successifs assauts. Le P. Pierre-Emmanuel Rospide, nouveau Provincial de Bordeaux, célèbre la cérémonie des obsèques le 6 avril dans la chapelle de Lacanau, à son retour d’Amérique du Sud. Le corps du Père Jean-Michel est inhumé dans le cimetière paroissial de Saint-Amand, aux Pins Francs, dans le caveau de l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : B.O.A. mars 1975, p. 262. A Travers la Province (Bordeaux), mai 1974, no 222, p. 9-13. Lettre du P. Jean-Michel Roudaut au P. Henri Guillemin, Bordeaux,15 février 1973. Dans les ACR, du P. Jean-Michel Roudaut, rapport financier au chapitre provin- cial de Bordeaux (1973). Notices Biographiques