Religieux français de Lyon. Une première ligne, presque droite. Jean-Pierre Robin est né à Drusenheim (BasRhin), le 10 avril 1913. Le village est situé sur la Moder, non loin du Rhin. Jean-Pierre est l’aîné d’une famille de 7 enfants. Son père, Jean-Baptiste, exerce le métier de forgeron et de maréchal-ferrant. De son milieu familial et de son village alsacien, Jean- Pierre hérite de quelques traits qui burinent son portrait et mettent quelque piquant dans sa physionomie: une certaine curiosité pour les petits potins, le plaisir de connaître des détails ignorés des autres, un certain goût pour les pointes qui, sans vouloir blesser, peuvent égratigner légèrement… À onze ans, il gagne l’alumnat de Scherwiller (Bas- Rhin) où il entame de solides études classiques (19241928). Ses compagnons se souviennent de ce jeune homme un peu timide, à l’intelligence lucide et délicate, d’une piété ardente mais peu expansive, à l’imagination volontiers poétique et à la plume alerte nourrie par de fortes lectures. Avec dix compagnons, Jean-Pierre gagne Miribel-les- Echelles (Isère) pour les humanités (1928-1930). Cet alumnat deviendra plus tard sa ‘Montagne de Sion’ pendant 24 ans entrecoupés de courts séjours sous d’autres cieux. Le 12 octobre 1930, il prend l’habit au noviciat de Scy-Chazelles (Moselle) et y prononce ses premiers vœux le 13 octobre 1931. Il prépare ensuite sur place son baccalauréat et étudie deux ans la philosophie (1931-1934). On lui demande de commencer de premières armes d’enseignant à Scherwiller (1934-1935) avant d’accomplir les obligations militaires l’année suivante. Puis il est envoyé à Rome pour les études de théologie à l’Angelicum (1936-1940). Profès perpétuel à Rome le 21 novembre 1937, il est ordonné prêtre à Paris, le 7 janvier 1940. Mobilisé pendant la drôle de guerre sur la ligne Maginot, A.A il peut achever sa théologie et acquérir ensuite une licence. Une seconde ligne continue dans l’enseignement. La vie du P. Jean-Pierre est entièrement consacrée à la tâche exaltante de l’enseignement. Il se dépense d’abord pendant une année à Douvaine (Haute-Savoie), au service des orphelins (1941). En 1942, il est envoyé à l’alumnat de Miribel-les-Echelles et pour lui permettre de terminer sa licence-ès-lettres, on lui accorde un répit d’un an à Lyon-Debrousse (Rhône) en 1943. Il revient à Miribel pour un premier séjour de onze ans (1944-1955). Il est nommé directeur académique de l’établissement après le départ du P. Bruno Linder. Curieux de tout ce qui se passe, il se fait volontiers petite souris aux aguets. Pendant ses temps libres, il aime cultiver les fleurs, autres que celles de la rhétorique, son jardin habituel. Il orne les autels de la chapelle de roses, de lys et de dauphinelles. Il prépare aussi les séances théâtrales. D’une conscience professionnelle exemplaire, il a le souci de cultiver l’esprit de ses élèves. Peu expansif, un peu froid au premier abord, il gagne leur sympathie en faisant appel à leur initiative pour préparer et exposer un thème d’après un livre contemporain. En 1955, il est nommé supérieur au collège de La Marsa en Tunisie, faubourg de Carthage, autrefois célébré par Flaubert dans Salambô. Il ne garde pas de ce premier intermède un souvenir très agréable. En 1956, il retrouve son charisme de professeur au collège chambérien de La Villette, tenu par le clergé diocésain. Les effectifs des classes sont surchargés, rendant le travail scolaire pénible. En 1957, le P. Jean-Pierre retrouve avec joie sa chère thébaïde de Miribel. Une seconde étape de douze ans l’y attend (1957-1969). A la fermeture de l’alumnat, le P. Morand Kleiber, Provincial, l’envoie à Mongré (Rhône). Malgré sa longue expérience de professeur, le P. Jean- Pierre y rencontre des difficultés d’adaptation, le régime d’un collège étant assez différent de celui des petits séminaires. Il continue de réserver une partie de ses congés scolaires pour les petites paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Hugues de Chartreuse. Egal à lui-même, toujours compagnon agréable, excellent professeur peut-être méconnu par ses élèves d’un autre genre, le P. Jean-Pierre ne fait que passer à Mongré. Nommé en septembre 1969, il meurt brutalement le vendredi 3 avril 1970, à l’âge de 57 ans, foudroyé par un infarctus du myocarde. La veille au soir, se sentant fatigué, il avertit le P. Raphaël Steyer qu’il ne prendra pas son repas en communauté. Le lendemain matin, son confrère, allant prendre de ses nouvelles, le trouve mort. Cette fin si brusque est un peu à l’image de sa vie, détachée, sans bruit, sans éclat extérieur, toute tendue vers l’intérieur. La dépouille mortelle est déposée dans un cercueil de zinc avec scellés. Une première cérémonie religieuse a lieu le lundi 6 avril à la chapelle de Mongré, à l’issue de laquelle le cercueil, porté par quatre prêtres célébrants, est accompagné par une haie d’honneur formée par les élèves de seconde jusqu’au fourgon funèbre venu de Drusenheim. Une seconde cérémonie se déroule le lendemain, mardi 7 avril, dans l’église du pays natal. Le corps est inhumé dans le cimetière de Drusenheim.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. novembre 1970, p. 140-141. Lyon-Assomption, 1970, n° 23, p. 30-33. Lettre du P. Jean-Pierre Robin au P. Wilfrid Dufault, La Marsa, 29 décembre 1955. Du P. Jean-Pierre Robin, rapports sur le collège de La Ravoire (1956-1957), sur le collège de La Marsa en Tunisie (1955-1956), correspondances (1935-1955). Notices Biographiques