Religieux de la Province de Paris. Un premier départ. Jean-Pierre Roméo est né le 25 novembre 1932. Il est né de parents inconnus et est élevé à Marseille (Bouches-du-Rhône), placé d’abord dans une institution de l’Assistance Publique, puis adopté par la famille Aubert de Chambonas (Ardèche). C’est à l’Assomption qu’il entreprend toute sa formation secondaire. Il entre à l’alumnat de Davézieux (Ardèche) en septembre 1946 et en septembre 1949 rejoint celui de Vérargues (Hérault) où il est scolarisé jusqu’en juillet 1952. Le 28 septembre 1952, il revêt l’habit religieux au noviciat des Essarts (Seine-Maritime) où il prononce ses vœux le 29 septembre 1953. Le noviciat terminé, il est envoyé à Valpré (Rhône) pour l’année complémentaire (19531954). Enfin à Lormoy (Essonne), il parcourt le cycle de la philosophie (1954-1956). Gai, très communicatif, dévoué, il est aimé de ses compagnons pour sa spontanéité désarmante et pour le ton très direct d’une franchise sans malice. Au patronage de Longpont, il incarne le dévouement auprès des jeunes gens qui savent pouvoir tout attendre de lui. En 1956, il est appelé à l’armée. Victime des misères de la guerre. Le Frère Jean-Pierre rejoint son régiment à Marseille et de là il est envoyé en Tunisie. En octobre 1956, il est préposé à la distribution de l’essence pour les bataillons de l’armée qui doivent se ravitailler régulièrement. Il se laisse guider par son bon cœur, ce qui lui vaut d’être exploité par des personnes peu scrupuleuses et d’encourir quelques sanctions disciplinaires. Sous le choc, il se trouve très désemparé et c’est alors que commence pour lui une période noire de dépression nerveuse. Il doit être soigné sur place dans plusieurs hôpitaux tunisiens de Bizerte, A.A de Menzel-Bourguiban de Tunis, puis de Marseille où il est rapatrié en mars 1937. Les docteurs le suivent avec minutie. Sa famille adoptive se montre très prévenante à son égard, espérant toujours une guérison complète. A Marseille, il ne manque pas de visite de la part des religieux, des Orantes et des Petites Sœurs de l’Assomption. Peu à peu, les nouvelles se font plus rassurantes sur son sort. Les médecins déclarent vers la mi-juin qu’ils peuvent se prononcer pour une guérison prochaine, laissant entendre cependant que dans ce domaine des rechutes sont toujours possibles. Le Frère Jean-Pierre est autorisé à prendre part au pèlerinage militaire à Lourdes. Il y rencontre d’autres jeunes religieux soldats comme lui, qui le trouvent toujours tendu, absorbé, rêveur, loin de l’image du jeune homme méridional enjoué de jadis. Après avoir regagné Marseille, Jean-Pierre peut bénéficier d’une permission dans sa famille adoptive à Chambonas. C’est dans ces circonstances que parvient l’annonce, par télégramme officiel, de son décès par noyade dans le Rhône, le 24 juin 1957. Les seuls renseignements obtenus précisent qu’un pêcheur sur la rive gauche du Rhône, au voisinage de La Courcoude (Drôme) a trouvé au bord du fleuve ses effets et ses affaires, au pied d’un arbre. Il en avertit la gendarmerie. C’est en fouillant la berge que l’on trouve son cadavre. A Montélimar, le Frère Jean-Pierre devait changer de train pour se rendre en Ardèche. Il a déposé son bagage principal à la consigne de la gare et sans doute a-t-il voulut profiter de l’occasion pour revoir l’abbé Henri Debos, curé de La Courcoude, un ancien alumniste devenu prêtre diocésain qu’il connaît personnellement et qui l’a guidé à Davézieux. Mais le presbytère est fermé, le prêtre étant absent. M. et Mme Aubert, contactés par la gendarmerie, se rendent sur les lieux dans la journée même avec le curé de Chambonas. Le Frère Jean-Pierre est inhumé le lendemain, 25 juin, dans le cimetière du village de La Courcoude. De Lourdes, il a signé avec ses confrères une petite carte, datée du 17 juin, pour les religieux de Lormoy: « Heureux de se retrouver, nous vous envoyons notre bon souvenir et, dans nos prières, nous avons offert au Seigneur les intentions de Lormoy et des soldats ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation : B.O.A. octobre 1957, p. 29. Mettre à la Famille, décembre 1957, n° 241, p. 155-156. Lettre du Frère Jean-Pierre Roméo, publiée dans Lettre aux soldats (Lormoy), 3 juin 1956. Notices Biographiques