Jean-Robert (Robert-J.) MONTEMBAULT – 1907-1991

Inquiétude.
« De loin me parvenait et autour de moi circulait le bruit que je serais
muté à la direction de Valpré et que le
P. Romain Durand prendrait le supériorat à Layrac. Je pris d’abord cette
nouvelle comme un canular, mais la rumeur persistant et s’intensifiant, je
me suis adressé au P. Guillemin pour savoir qu’en penser. Ce dernier ne m’a
pas caché que c’était sérieux et qu’il y avait bien des chances pour que je
sois proposé pour le poste en question. J’espère qu’il y a en ligne
d’autres candidats, car j’ai été fort surpris de cette confirmation.
N’ayant pas encore achevé le tiers de mon second triennat et ne faisant pas
partie de la Province de Lyon, comment ne l’eûssé-je pas été tout d’abord?
Jusqu’ici j’ai accepté les responsabilités qui m’ont été confiées, ce n’est
pas aujourd’hui que je vais me dérober. Mais je me dois de vous faire
savoir en
conscience mes sentiments en face de cette éventualité. Je ne puis me
reconnaître aucun titre à accepter la responsabilité d’une maison de cette
importance. Ma compétence en théologie se réduit à l’élémentaire; je n’ai
aucun diplôme et aucun prestige en
ce domaine. Valpré est trop complexe et compliqué pour moi….».P. J.R.
Montembault.

Religieux de la Province de France. Curriculum vitae.

Robert-Joseph Montembault est né à Fougères en Ille -et- Vilaine, le 28 janvier 1907. A l’âge de onze ans et demi, il entre à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire, où il étudie de 1918 à 1922. La grande guerre s’achève, la vie quotidienne est rude. Il n’y a guère de confort, il faut supporter de nombreuses privations. Au terme de ses années de grammaire, Robert rejoint Miribel-les-Echelles (Isère), dans le Dauphiné, où il fait ses humanités de 1922 à 1924. Robert a le goût du travail bien fait, il aime la littérature classique, ce style un peu suranné, antique et solennel, qu’il affectionne dans sa propre prose. Ses compagnons de route apprécient en lui un humaniste accompli. L’automne de cette même année 1924, il entre au noviciat de Taintegnies en Belgique: il devient le Frère Jean-Robert en prenant l’habit le 21 octobre 1924. Il prononce ses premiers vœux le 1er mai 1926, après six mois de prolongation. Il rejoint la maison de philosophie de Saint-Gérard (19261929), accomplit son service militaire puis entame les études de théologie faites à Louvain, de 1930 à 1934. Profès perpétuel le 7 mars 1933 après 5 professions temporaires, il est ordonné prêtre le 16 avril 1934. Sa première obédience le conduit à Layrac (Lot-et-Garonne) où il assure la fonction d’économe dans la toute première communauté alors créée pour la formation de jeunes religieux à l’issue de leur noviciat. Dès 1935, il est à Toulouse (Haute- Garonne), d’abord rue Deville comme étudiant à la faculté des Lettres, puis professeur à l’école Sainte-Barbe. De 1940 à 1945, il est économe de l’établissement, tout juste durant les années difficiles de l’occupation allemande. En 1947, il quitte Toulouse pour Agen: il enseigne au collège Saint-Caprais jusqu’en 1953, date où il retourne à Toulouse comme supérieur du collège Sainte-Barbe. Au terme de son mandat de six années, de 1953 à 1959, il accepte la responsabilité de supérieur du scolasticat de Layrac. C’est pour lui un deuxième séjour de dix années consécutives, consacrées à la formation intellectuelle et spirituelle de toute une génération de jeunes religieux qui, aujourd’hui dispersés dans la famille religieuse de l’Assomption internationale, conservent depuis lors une grande affection et une sincère gratitude au P. Jean-Robert. Homme bon et même débonnaire, il aime le contact avec les jeunes religieux, maintient le lien avec eux pendant le service militaire. Assez distingué dans les formes, il soigne la liturgie et ne dédaigne pas les bonheurs simples de la vie, les promenades ou les repas. Il doit aussi assurer l’esprit d’équipe et d’unité dans le corps professoral, parfois disparate ou travaillé par des courants contraires. En 1969, le P. Jean- Robert arrive à la maison provinciale de Bordeaux (Gironde).

Il en est le supérieur, tout en assurant la charge de secrétaire provincial pendant quatre ans. Il suit en même temps le Tiers-Ordre de Saint-Augustin. Il est le directeur de l’Association Notre- Dame de Salut et l’animateur du Comité d’Aquitaine de l’Hospitalité. C’est en 1973 qu’il revient pour la troisième fois à Layrac afin de se consacrer à la revue Voulez-Vous?. Durant 18 ans, assisté du Frère Robert Kerboul, c’est son travail quotidien auquel il se donne à plein. Qu’au chapitre provincial de 1979, les membres capitulants aient souhaité que ce bulletin ne poursuive pas sa parution n’y change rien. Le Voulez-Vous? paraît comme si de rien n’était. Il est lu et il assure un lien très chaleureux avec les bienfaiteurs qui se montrent généreux. Le P. Jean-Robert a à cœur de consacrer de nombreuses pages de la revue au P. d’Alzon, accomplissant ainsi la mission que le P. Lesage, créateur de la revue, lui avait donnée en 1947 comme bulletin alzonien. Le P. Jean-Robert demande la contribution d’articles alzoniens à des religieux qui ont travaillé la pensée du Fondateur comme le P. Touveneraud, le P. Eudes Hanhart. Le P. Montembault sait par le courrier des bienfaiteurs que ce bulletin a un impact réel. On sent à le lire en tout cas que le Fondateur est un être bien vivant que l’on aime invoquer pour des grâces ou des causes variées, comme on s’adresse à quelqu’un qui tient une grande place dans sa vie et dans sa foi. Les personnes qui font appel à l’intercession du P. d’Alzon devancent bien souvent la prise de position ou le jugement de sainteté de l’Eglise qui, en décembre 1991, seulement publie le décret de vénérabilité du P. d’Alzon. Le P. Jean-Robert meurt le lundi 24 juin 1991 à Layrac où il repose au caveau de l’Assomption. Ses obsèques sont célébrées le 26 juin. Témoignage du P. Christian Deunf. « En relisant la vie de notre ami et frère avec le regard de Dieu lui-même, trois faisceaux de lumière viennent éclairer la figure du P. Jean-Robert: la fidélité, l’engagement et la miséricorde… Merci, Père Jean-Robert, de vous être engagé dans cette voie de l’amour miséricordieux, illustré par la vie du prophète Osée, merci de nous avoir ouvert la route alors que, jeunes professeurs, nous étions en quête d’une pédagogie répondant à nos inspi,rations. Vous nous conduisiez à la découverte d’un Dieu Père qui a tant aimé le monde qu’il lui a donné son propre Fils, ce Fils qui, parce qu’il connaît le Père, peut nous dévoiler les secrets de son cœur, ce Fils qui engage sa Parole comme s’il devait rendre compte devant son Père de la vie de chaque homme habitant en ce monde. Plusieurs parmi nous peuvent attester que le P. Jean- Robert, par l’amour fidèle et patient qu’il nous a témoigné, nous a permis de marcher sur des chemins de liberté et non plus de contrainte. Merci, Père, de nous avoir fait découvrir que la miséricorde infinie de Dieu est capable de nous transformer au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir. Un souvenir personnel me permet de dire que cette attitude qui était la vôtre, vous la puisiez dans la prière. Je me souviens de ce jour où, dans cette chapelle, lors d’une récollection prêchée aux étudiants, vous avez choisi de nous parier du secret des Psaumes, cris de la vie portés dans la prière ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 27. Assomption-France, Nécrologie année 1991, p.215-216. Voulez-Vous? (Layrac), circulaire février 1991. In memoriam P. Jean-Robert Montembault par Noël Gourmelon. Lettre du P. Montembault au P. Dufault, Layrac, 28 juin 1963. Dans les ACR, du P. Jean-Robert Montembault, rapports sur Toulouse-Sainte-Barbe (19593- 1959), sur le scolasticat de Layrac (1960-1969), correspondances (1922-1976). Le P. Jean- Robert a écrit de nombreuses notices biographiques des religieux de la Province de l’Ouest et a donné des articles dans le Voulez-Vous? Il a laissé également de nombreuses notes et mémoires sur son parcours et sur les maisons dans lesquelles il est passé.