Jean-Roger LE REST – 1930-1978

Tiraillement.
« Ce n’est pas pour me plaindre que je vous écris, mais pour vous exposer
simplement ma condition actuelle. J’ai passé trois certificats pour la
licence d’anglais. Il m’en reste un à passer que je crois pouvoir obtenir
cette année à Toulouse. Mais je viens de recevoir ma nomination pour
Saint-Maur, afin d’y enseigner l’anglais, mais en arrêtant ma licence.Je ne
refuse pas l’obédience, loin de 1à! Mais
en de hors de l’embarras où se trouve l’école Sainte-Barbe et en dehors de
toute affection j’en ai autant pour les deux écoles -,je me demande
sérieusement si ma licence
n’est pas compromise par un an d’arrêt et par le fait de poursuivre mes
études ailleurs qu’à Toulouse que je connaissais bien maintenant
(études, professeurs de Faculté). C’est bien dommage, alors que j’étais si
prêt du but. Voilà le fait. Je sais que vous avez à c?ur cette question des
grades académiques et c’est pourquoi je vous expose simplement mon cas.
Veuillez agréer, mon Père, l’assurance de mon profond respect et de mon
obéissance religieuse ».

P, Roger Le Rest, Toulouse
Sainte-Barbe, 13 septembre
1957, au P. Wilfrid Dufault

Religieux de la Province de Bordeaux.

Trajectoire.

Né à Saint-Frégant (Finistère) le 6 février 1930, Roger Le Rest fait ses études secondaires à Saint- Maur (Maine-et-Loire), de 1941 à 1944, puis à Cavalerie, près de Prigonrieux (Dordogne), de 1944 à 1947. il prend l’habit le 14 octobre 1947 au noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente- Maritime), sous le nom de Frère Jean-Roger, même si par la suite il est appelé tout simplement ‘Roger’. Profès annuel le 13 octobre 1948, il continue ensuite la partie philosophique de sa formation secondaire à Layrac (Lot-et-Garonne). C’est à Rome qu’il est envoyé pour ses études ecclésiastiques. Il prononce ses v?ux perpétuels à Cavalerie, le 5 octobre 1952 et il est ordonné prêtre à Rome le 17 avril 1954. Sa licence en théologie brillamment passée, il prépare ensuite une licence d’anglais à Toulouse (Haute- Garonne), ce qui lui vaut d’exercer le professorat successivement à Toulouse (19341958), à Cavalerie (1958-1959), Tarbes (Hautes-Pyrénées), de 1959 à 1966, à Redon (Ille-et-Vilaine), de 1967 à 1976, et enfin à Auch (Gers), tout en assurant sur le secteur de Gimont un engagement pastoral auprès des jeunes.

Personnalité d’un entraîneur.

Autodidacte de nature, marqué par de nombreux tics, le P. Roger est un familier des langues. Il en connaît plus ou moins huit, dont l’allemand, le russe et l’hébreu, sans oublier sa spécialité, l’anglais. On peut dire de lui qu’il consacre toute sa vie à la jeunesse qu’il aime, sans se refermer ou se replier sur le monde scolaire dans ce qu’il peut avoir d’étroit ou de restrictif. Le P. Roger est un religieux d’une trempe apostolique forte, un éducateur passionné, au grand vent du renouvellement et de la formation continue.

Sans cesse il révise ses méthodes pédagogiques pour les rendre plus adaptées aux générations changeantes. Son enseignement déborde sur le cadre d’une vie missionnaire à laquelle il invite sans cesse ses élèves, tenant à les faire participer à divers mouvements, comme le M.E.J. Par formation, par caractère et par idéal, il est l’homme de l’ouverture à l’universel. Alors qu’il est affecté par priorité à une institution scolaire, il ne cesse d’apporter son concours aux paroisses proches ou lointaines de son implantation pour des formes de ministère variées. Il ne connaît de loisirs que sous la forme utilitaire: travaux manuels, formation permanente, découvertes par des voyages, des sessions, des animations pastorales. On le sait une année à Bethnal Green à Londres, une autre année en Allemagne, à Leverkusen, une autre fois en Amérique, en Louisiane, au pays d’ancêtres français oubliés. Son souci de formation ne peut se limiter aux frontières d’une culture classique, mais il est toujours élargi à une pratique pastorale d’évangélisation. S’il va en Israël, c’est pour approfondir l’Ecriture sainte, guider des pèlerins, enrichir ses heures de formation religieuse des élèves. Toute sa vie, le P. Roger ne cesse de concilier les impératifs d’une double vie enseignante et pastorale. Ni la théologie étudiée à Rome ni les recyclages à l’Institut catholique de Paris n’enflent sa science, elles servent son désir d’annoncer la foi en Jésus-Christ, toujours plus, toujours mieux. Il ne prend pas son parti de voir des jeunes s’éloigner de toute pratique religieuse. Apôtre imaginatif et dynamique, très proche de ses élèves, il cherche par tous les moyens à faire de la culture une base d’approche entraînante pour éveiller une flamme spirituelle. Homme au caractère rude, fantaisiste et déconcertant aussi, il s’initie au chant des negro-spirituals pour accompagner ses compositions de chemin de croix. Ses goûts en matière liturgique et musicale peuvent n’être pas partagés, seule lui importe la finalité recherchée, entraîner des jeunes en camp-mission, sur les coteaux de Gascogne. La mort brutale du P. Roger, le dimanche 20 août 1978, alors qu’il se trouve en vacances dans sa famille finistérienne, est un choc pour tous. Les obsèques sont célébrées le mardi 22 août à Saint-Frégant où il est inhumé.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 66-67. A Travers la Province (Bordeaux), octobre 1978, n° 1 (261), p. 10-13. A Travers la Province (Paris), novembre 1978, n° 0, p. 16. La Croix du Midi, 3 septembre 1978. Dans les ACR, du P. Jean-Roger Le Rest, quelques correspondances (1953-1957).