Le Frère Jean (Viateur) Saint-Pierretc « Le Frère Jean (Viateur) Saint-Pierre » (1917-2000) – Amérique du Nord
Témoignage sur un parcours de vie
«Dans 4 jours, mercredi le 22 mars [2000], notre cher Frère Jean aurait eu 83 ans. La communauté se réjouissait déjà de célébrer cet anniversaire; mais voici que notre Dieu de bonté et de tendresse nous prive de cette joie, en le rappelant à Lui. Sans doute voulait-il réserver au Frère Jean la grâce de célébrer son premier anniversaire du nouveau millénaire en sa présence. Après tout, c’est Dieu qui est maître de la vie et de la mort!
Indépendamment des circonstances qui la préparent et qui l’entourent, la mort reste et restera toujours marquée d’un certain mystère: le mystère de l’Au-delà, mais que notre foi et notre espérance viennent éclairer. Et nous en rendons grâce au Seigneur.
Dès son hospitalisation en urgence, le Frère Jean avait déjà accepté la volonté du Seigneur et, au cours de ces 3 semaines qui ont précédé sa mort, il a maintes fois répété: u2018Si le bon Dieu veut bien venir me chercher, je suis prêt’. Les dernières semaines dans la vie du Frère Jean ont été des semaines de souffrances sans doute, mais aussi de prière pour les siens, pour ses confrères, pour ceux et celles qui l’ont entouré de soins attentionnés; et tout cela dans l’acceptation la plus sereine de la volonté du Seigneur. Depuis longtemps, le Frère Jean savait et réalisait que le chemin vers le Père passe par la croix avant de déboucher sur la résurrection.
La mort du Frère nous attriste; mais à travers les paroles mêmes de Jésus, nous trouvons le réconfort et la grâce d’une espérance plus forte encore. u2018Ne soyez donc pas bouleversés’ disait Jésus à ses disciples: u2018vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure; sinon est-ce que je vous aurais dit: Je pars vous préparer une place? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi, et là où je suis, vous y serez aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin’. La question de Thomas l’incrédule a donné à Jésus l’occasion de s’identifier comme le Chemin, la Vérité et la Vie. Par delà la mort, Dieu nous attend chez lui et Jésus nous montre le chemin. A nous de lui faire confiance.
Le Frère Jean a fait confiance au Seigneur et a parcouru, avec Jésus comme guide, un long chemin apostolique à l’Assomption. Et quel a été ce parcours?
Le 22 mars 1996, au jour même de son anniversaire, la communauté de Beauvoir au complet, religieux et religieuses, dont plusieurs sont ici en ce moment, a réservé au Frère Jean une soirée de fête. On voulait en savoir un peu plus sur la vie du Frère Jean, d’autant plus qu’il allait quitter Beauvoir peu de temps après. Mais ce que le Frère Jean ne savait pas, c’est qu’on enregistrait sur cassette cette soirée mémorable. Il nous a rappelé ses souches familiales au Bic où il était né en 1917. Il nous a parlé avec un immense respect de ses parents, de toute sa famille de 17 enfants, lui-même le onzième, devenu plus tard religieux, comme d’ailleurs sa sœur Mariette, ici présente, religieuse de Sainte Jeanne d’Arc. Il nous a rappelé comment il avait connu l’Assomption, par le fromager du village, lui-même père de deux Assomptionnistes, les Frères Rosario et Odoric Roy, tous deux décédés aujourd’hui. Il nous a rappelé comment, à l’âge de 16 ans, il était venu lui-même à Sillery, frapper à la porte du monastère assomptionniste. Le noviciat terminé, le Frère Jean a fait profession le 11 octobre 1935. Deux ans après, c’est le début pour lui d’un travail apostolique à l’étranger et cela pendant 18 ans, dans trois grandes capitales d’Europe: Londres, Paris, Rome. Ajoutons à cela 3 ans à New York. En 1960, le Frère Jean revient définitivement au Québec: 5 ans au collège d’Alzon de Bury, en Estrie, où il se sentira à l’aise au milieu des jeunes étudiants; plus de 30 ans au sanctuaire de Beauvoir, en Estrie également, où il donnera le meilleur de lui-même au service du Sacré-Cœur. Il quittera Beauvoir en 1996 pour revenir à Sillery, son point de départ. 65 ans de vie toute donnée à Dieu, à l’Eglise, à l’Assomption!
Oui, vraiment, tout au long de sa vie religieuse et communautaire, le Frère Jean a suivi le vrai chemin qui conduit au Père, Jésus, Chemin, Vérité et Vie.
En réécoutant cette cassette du 22 mars 1996, et, ayant vécu une dizaine d’années avec le Frère Jean, j’ai dégagé de son parcours quelques valeurs fondamentales qui m’ont semblé caractériser le Frère Jean, et, sans doute, pouvoir nous servir d’exemple.
Le Frère Jean portait dans son cœur un amour profond de l’Assomption, sa famille religieuse. Sans être vraiment un grand voyageur au sens habituel du mot, le Frère Jean a pu et a su, grâce à ses obédiences internationales, profiter au maximum de la chance qui lui était offerte de mieux connaître l’Assomption, à travers quelques-unes de ses œuvres majeures et en côtoyant de nombreux Supérieurs Majeurs. Par ailleurs, toute cette expérience assomptionniste a été favorisée par une mémoire exceptionnelle des personnes, des lieux et des événements.
C’est au sanctuaire de Beauvoir que le Frère Jean a œuvré le plus longtemps: plus de trente ans. Il y a consacré toutes ses énergies et tout son zèle apostolique et communautaire. Mais dans toutes ces communautés où il vivait, que faisait donc le Frère Jean? Je crois qu’en plus de sa vie spirituelle et sa participation fidèle et joyeuse à la vie communautaire, je crois, dis-je, que le travail et les responsabilités qui en découlaient, c’était surtout à la sacristie et à l’église ou à la chapelle, que cela se passait…”.
Merci, Frère Jean.