Religieux de la Province de Hollande.
Au pays des tulipes.
Né à Amsterdam (Pays-Bas) le 18 janvier 1910, Henke fait ses études au collège St Ignace des Pères jésuites de la ville pour entrer en rhétorique à l’école apostolique de l’Assomption à Boxtel (1929-1930). Il prend l’habit à Taintegnies le 28 septembre 1930 et prononce ses premiers vœux le 29 septembre 1931 sous le nom de Frère Jeroen (Jérôme). « Dévoué mais peu porté au travail manuel, peu pratique. Doué intellectuellement, mais original et même excentrique, très au courant de la littérature néerlandaise ». Il étudie la philosophie à Saint- Gérard en Belgique (1931-1933). De 1933 à 1934, il est envoyé comme professeur à Kappelle-op-den-Bos. Les supérieurs le recalent pour la profession perpétuelle, « le Frère Jeroen s’étant montré critique léger et audacieux, partisan de réformes en faveur de la jeunesse actuelle, demandant en ,particulier une modification de l’usage du tabac et l’emploi du néerlandais ». Il prononce ses vœux perpétuels le 25 mars 1936 à Louvain où il étudie la théologie (1934-1938) et où il est ordonné prêtre le 6 mars 1938. « Le P. Jeroen sera toujours un être à part: un esprit porté aux nouveautés, à ce qui est ultra-moderne. On a douté parfois de son équilibre, mais il s’est cependant montré dans l’ensemble consciencieux ». Autant dire qu’il est comme marqué à jamais par son expérience de vie en maison d’études. Il est cependant curieux de mettre en évidence cette remarque du P. Polyeucte Guissard qui se révèlera prémonitoire: « je crois le Frère Jeroen malade. Humainement parlant, il ne peut vivre longtemps. Ses allures un peu étranges viennent de son excitabilité dangereuse ». Comme premier poste, en tant que religieux-prêtre, le P. Jeroen est affecté à l’enseignement à l’alumnat de Zepperen (1938- 1947).
Omission regrettable.
« On n’a pas encore envoyé à la Lettre à la Dispersion les noms des nouveaux prêtres de Louvain. Nous savons seulement qu’ils étaient 15. Après leur avoir prêché la retraite préparatoire et assisté à l’ordination -qui a été faite le dimanche 6 mars [1938], dans notre chapelle de Louvain, par Mgr. Carton de Wiart, auxiliaire de Malines – le Père Romuald [Souarn] a passé quelques jours à Paris et a pris le train pour Rome le vendredi 11 mars. Le même jour qu’à Louvain (6 mars) a eu lieu à Lormoy l’ordination de 14 prêtres, faite par Mgr. Neveu. La Dispersion a déjà donné les noms des ordinands. M. Xavier Marmont, Maximien ALexandre, André Hooghe, Marie-Jean Fosse, Meinard Jeh1, Joseph de la Croix Berger, Ludan Offner, François de Sales Tupin, Alexis Diss, De La Croix Helbing, Raymond Gendrot, François-Xavier Bienvenu, Conan Malléjacq, Yvon Le Vern. A Rome, 5 prêtres: Hugues Ertzcheid, Pargoire Darrouzès, Simon Mathias, Alfred Farne, Gabriel Slater ». Lettre à la Dispersion, 1938.
Notices Biographiques A.A Aumônerie en Hollande et en Indonésie.
Nous savons seulement que le P. Jeroen après la seconde guerre mondiale s’enrôle comme aumônier dans l’armée hollandaise de 1947 à 1954. Nous ne disposons pas de renseignements particuliers sur cette période de son apostolat: le P. Jeroen ne parle que très rarement de ses propres activités. De 1934 à 1956, il est vicaire à Hout-Blerick, paroisse de Saint-Joseph, rattaché au groupe assomptionniste de Herkenbosch.
Un acciclent de circulation banal, aux conséquences mortelles.
Le curé du P. Jeroen, l’abbé Rutten, le charge de s’occuper de la construction d’une nouvelle maison paroissiale à Hout-Bierick, près de Venlo, dans le Limbourg hollandais. Le 3 février 1956, l’architecte est chargé de conduire le P. Jeroen en voiture pour étudier les projets avec le Conseil municipal. A la descente d’un pont, la voiture entre en légère collision avec un autre véhicule, mais les vitesses étant limitées, les dégâts insignifiants, personne n’y prend garde. Un peu plus loin, l’architecte descend pour inspecter les marques de l’accident sur son véhicule: il s’aperçoit alors que le Père Jeroen ne peut descendre. A la suite de ce choc, le Père étant de nature assez nerveux, ses jambes et ses bras sont complètement paralysés. On le conduit à l’hôpital Saint-Joseph de Venlo où deux jours après le Père reprend la mobilité des membres inférieurs. Mais le mouvement des bras reste très lent, au point qu’il arrive à peine à tourner les pages d’un livre. Cependant l’amélioration de son état fait espérer son proche retour au milieu de ses paroissiens. Cet optimisme est de courte durée: le 23 février, le Père se met à lire un magazine et s’entretient de temps en temps avec le Frère qui partage sa chambre lorsque, tout à coup, il tombe dans une crise d’étouffement. L’infirmière avertie craint le pire et fait prévenir à la fois le médecin et l’aumônier. Ce dernier n’a que le temps de donner au malade le sacrement de l’extrême onction. Le Père Jeroen s’endort à jamais, à peine dix minutes après. Il n’a que 46 ans. Ses obsèques sont célébrées dans l’église de Hout-Bierick, le 27 février. La messe est présidée par le curé, l’abbé Rutten, encore tout ému de la rapidité des événements. Après l’absoute et le mot d’adieu, le cortège funèbre se dirige vers Bergeijk où le Père Jeroen est enterré au cimetière de la maison d’études. Le P. Gervais Quenard se trouve sur place, pour la visite canonique. « Le vieillard doit mourir, le jeune homme peut mourir ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. décembre 1957, p. 218. Lettre à la Famille 1956, n° 215,p. 123. De Schakel, mars 1956, p. 1-4 (article du P. Leander de Leeuw).