Joachim (Francois-Marie) BOSSENO – 1878-1943

Certificats de bonne conduite et de bonne santé.

« Je soussigné, Ministre Provincial des Franciscains, déclare avoir reçu
dans diverses maisons de notre Ordre, le nommé François Bosséno. Pendant
cinq ans environ qu’il a passés chez nous, jusqu’à son service militaire,
nous n’avons eu qu’à nous louer de sa conduite et de sa probité ».

Fr. Léonard Desmazurer, 29
avril 1903.
« Je certifie que M. François Bosséno est entré à mon service en sortant du
régiment vingt-deux septembre 1902 et qu’il est sorti de chez moi ce
11 juin 1904, que pendant ce temps il a toujours eu une conduite
irréprochable »

C. Plisson, directeur des moulins à cylindres à Crécy- en-Brie
(Seine-et-Marne), le
11 juin 1904.

«Je soussigné, Dr Pigornet, docteur en médecine, demeurant à Crécy-en-Brie,
certifie que M. François Bosséno, âgé de 25 ans, ne présente aucun symptôme
d’affection aiguë ou chronique susceptible de l’empêcher de se livrer à un
travail suivi et régulier ».

Crécy, 6 avril 1904. Dr
Pigornet.

Religieux de la Province de Paris.

Un religieux originaire du monde du travail.

François-Marie est né le 14 avril 1878 à La Vraie-Croix (Morbihan), près d’Elven au diocèse de Vannes. Avant de se présenter à l’Assomption, François-Marie a passé 5 ans, en qualité de tertiaire, chez les Pères Franciscains en Angleterre, à Nantes et à Saint-Nazaire. Il accomplit son service militaire 3 ans à Fontainebleau (1898-1901), veut retourner chez les Franciscains, mais à cause de la loi sur les Associations, ces derniers liquident leurs Tiers- Ordres. François-Marie s’embauche chez Plisson à Crécy-en-Brie (1902-1904). C’est une autre vie qu’il cherche. Un prêtre du diocèse de Versailles le présente au P. Hippolyte Saugrain lequel l’adresse à Louvain. Il prend l’habit le 18 septembre 1904 à Louvain et accomplit son noviciat sous la direction du P. Benjamin Laurès. Il prononce ses premiers vœux sous le nom de Frère Joachim le 18 septembre 1907, son temps de noviciat ayant été occupé par des exercices très pratiques: aide-cuisinier et cuisinier en chef. En 1908, il quitte Louvain pour Londres (1908-1909) et gagne ensuite avec le Fr. Armand Goffart Worcester aux U.S.A. (1909-1943) où il est affecté aussi à la cuisine. Il y prononce ses vœux perpétuels le 23 octobre 1913 entre les mains du P. Omer Rochain. Pendant la grande guerre, il ne répond pas à l’appel de la mobilisation générale et est considéré comme insoumis.

Factotum à Worcester 36 ans.

Comme un bon ouvrier, le Fr. Joachim se dépense sans compter à ce collège franco- américain fondé en 1904. Il n’est guère de charge qu’il ne remplit, parfois plusieurs à la fois, car le personnel laïc et payé est bien réduit. Il chauffe les fournaises, balaie les corridors et les salles de classe. Linger, il a en charge le vestiaire des 85 pensionnaires qui à l’époque,

dans le régime d’internat, donnent leurs habits au lavage sur place. Sacristain de la chapelle publique, il accueille la population locale aux offices les dimanches et les jours de fête puisque la paroisse de Greendale n’est pas encore créée. Il aime chaque année organiser les ‘rafles’ pour la décoration de la chapelle et fait confectionner des vêtements liturgiques par un groupe de dames de la ville. Un moment même il redevient cuisinier, métier dans lequel il excelle. N’a-t-il pas à Louvain pris des leçons d’art culinaire auprès d’un ancien cuisinier de Napoléon III? En 1911, le Fr. Joachim a souffert d’une fièvre scarlatine. Certes il s’en est remis, mais il en garde une douleur lancinante qui réapparaît parfois et affecte surtout les articulations dont le fonctionnement devient douloureux. Sur place, à Worcester, on fait tout pour le guérir de ce mal lancinant. Il consulte des spécialistes à Boston. On emprisonne sa jambe dans un corset de plâtre pendant des mois entiers, on fait même appel à des médecines parallèles prétendant venir à bout de souffrances devant lesquelles la médecine officielle est impuissante. Fr. Joachim supporte tout sans se plaindre; dès qu’une amélioration se produit, il reprend le travail sans rechigner. Sur le plan personnel, le Frère Joachim, par l’exemple de sa régularité, par l’amabilité et l’à-propos de ses paroles, exerce une influence certaine sur les collégiens. Avec les années, il devient impotent. Il doit même quitter, non sans sacrifice, sa charge de portier et aller loger en 1941 à l’extrémité de l’aile Sud du bâtiment, près de la porte qui donne sur l’Assomption Ave. Il sait encore s’y rendre utile, gardant le service des fournitures et la frappe à la machine. Pendant deux ans, il se confine dans ce recoin, heureux de partager la visite d’un ami. Il en sort quelquefois, appuyé sur sa canne, fidèle aux exercices religieux de la communauté. Le 15 septembre 1943, jour anniversaire des 34 ans de son arrivée sur le sol américain de Worcester, il doit s’aliter. Peu après il est hospitalisé à l’hôpital Saint-Vincent pendant trois semaines. C’est là qu’il meurt le 1er décembre 1943. Son corps est transféré au collège dans une chapelle ardente. Il est inhumé le 4 décembre en présence de tous les membres de la communauté.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1945, n°, P. 54. Nouvelles de la France libérée 1944, n° 37, p. 169. Assumptionists Deceased in North America, p. 2. Un vétéran de Greendale par le P. Richard Richards, 3 pages (s.d., vers 1997). Notice biographique par le P. Odilon Dubois, 2 pages.