Joël (Hervé) Le Bras – 1914-2002

Breton, fils de marin.

Hervé Le Bras est né le 24 septembre 1914 au bourg de Logonna Daoulas dans le Finstère. Fils de marin, à 11 ans, en 1925, Hervé quitte la côte de sa Bretagne natale pour l’alumnat de Saint-Maur en Anjou. Il effectue le cycle normal des études secondaires jusqu’en 1929, études qu’il poursuit à Melle, dans les Deux-Sèvres, durant deux ans. Après ces six années d’alumnat, il demande l’entrée au noviciat en 1931, année qu’il accomplit à Nozeroy (Jura) et prend le nom de Joël. Il y prononce ses premiers vœux le 5 octobre 1932. Suivent trois années de philosophie au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle), de1932 à 1935. Puis ce sont deux années de service militaire (1935-1937), avant de gagner Rome pour les cours de théologie à l’Angelicum. Il prononce ses vœux perpétuels à Rome le 27 novembre 1938. Théoriquement la formation théologique était prévue à Rome pour quatre ans, mais survient la guerre. Le frère Joël rentre en France et revêt de nouveau l’uniforme comme sergent. Il connaît le sort de beaucoup de ses compatriotes: très vite il est fait prisonnier et connaît une captivité en Allemange qui dure jusqu’en 1945. Il fait l’expérience de la fraternité et de la solidarité humaines, au-delà des différences sociales et des convictions. Il en restera profondément marqué. A son retour en France, le Frère Joël rejoint le scolasticat de Lormoy (Essonne) afin d’achever sa théologie. Il est ordonné prêtre le 9 juin 1946 par Mgr Pie Neveu.

Un bibliste, enseignant, formateur et pasteur.

Etudiant remarqué par ses qualités intellectuelles et par sa rigueur, il suit les cours de l’Institut Catholique de Paris pour une spécialisation en Ecriture Sainte avec pour objectif l’enseignement au scolasticat de Layrac (Lot-et-Garonne). Passionné par l’exégèse, il perfectionne son allemand, langue qu’il préfère largement au latin&nbps; ! De 1952 à 1954, souhaitant approfondir sa formation biblique, il reprend le rythme des études, à Jérusalem, puis à Rome où il obtient avec mention une licence en Ecriture Sainte. Lui-même écrit plus tard &nbps: ;* Je remercie le Seigneur d’avoir permis que mes Supérieurs m’orientent vers l’Ecriture Sainte, un domaine qui m’attirait depuis mes jeunes années et qui, depuis, ne m’a jamais laissé indifférent &nbps:+. En 1954, le Père Joël retrouve Layrac.

Il est très apprécié de ses étudiants et certains de ses anciens élèves affirment encore &nbps:: * C’était le meilleur professeur +. On estime sa rigueur, son ouverture intellectuelle, son humour et ses qualités de cœur. Il souffre parfois d’un climat de suspicion, ce qui ne l’empêche pas d’être un ‘maître de liberté’ pour beaucoup de frères étudiants. Il donne l’exemple d’un travail très rigoureux, voire minutieux, et ainsi il marque profondément de nombreuses générations par ses capacités de travail. Professeur, formateur, c’est aussi un pasteur et très volontiers il se rend à Astaffort ou dans les villages voisins pour accompagner groupes ou paroisses qui font appel à son charisme d’amour de la Bonne Nouvelle. En 1958, le Père Jointer, alors Provincial de Bordeaux, l’appelle auprès de lui comme premier Assistant. * Sa lucidité, sa rigueur, son humour sont une aide précieuse pour ce service +. Ceux qui ont connu les deux hommes, antinomiques à beaucoup d’égards, s’étonnent encore de leur collaboration&bnps; ! Même si ce service est fort prenant, cela ne l’empêche pas de continuer ses cours à Layrac, et, par la suite, à Valpré, près de Lyon (Rhône), de 1964 à 1972.

Donner ce qu’il a reçu est sa plus grande joie. En 1972, le Père Joël quitte l’enseignement pour l’accompagnement de nombreux groupes de pèlerins. Ses qualités d’exégète, de pasteur, le conduisent tout naturellement en Terre Sainte. Jusqu’en 1981, c’est là son port d’attache, faisant partie de la communauté de Saint-Pierre en Gallicante, accompagnateur, guide, maître spirituel apprécié de tous. Un de ses amis, et ils sont nombreux, écrit : * Le savoir, la pédagogie du Père Joël étaient immenses : il savait si bien instruire avec simplicité et avec tant d’humour +. En 1981, le Père Joël quitte Jérusalem et passe quelques années à la maison d’accueil des Essarts (Seine-Maritime), de 1989 à 1994. Pour ses soixante ans de vie religieuse, de Vincennes, il écrit au Père Provincial de l’époque, le Père Jean-Pierre Dehouck&nbps; : * Ce qui était pour moi gaudium juventutis est devenu consolatio senectutis +.

Dernière étape.

Mais la fatigue est là, avec ses problèmes et en 1994, à l’âge de 80 ans, le Père Joël rejoint la communauté de Layrac. Il lui en coûte bien sûr de quitter l’activité pastorale, mais il sait et comprend qu’il doit être soigné. Il sait aussi qu’à Layrac il va retrouver des amis de toujours. Compagnon chaleureux, plein d’humour, la paix qui l’habite rayonne sur son visage, telle est la description qu’en donne le Père Supérieur, le Père François Rumeau. L’épreuve de la maladie fait son chemin. Accompagné avec délicatesse par le personnel soignant et les religieuses de la maison, le Père Joël, en sa dernière année, ne peut plus s’exprimer beaucoup par la parole, cependant il nous reçoit toujours avec des yeux pétillants de joie, et sa poignée de main dit toute sa présence. En la fête de Notre-Dame du Rosaire, le 7 octobre 2002, il remet son âme entre les mains du Seigneur. Son Supérieur, le Père Jean Exbrayat, conclut : * Oui, Joël, tu étais prêt, et le Seigneur t’a accueilli dans sa maison. Aujourd’hui, Joël, continue à veiller sur nous &nbps+. Les obsèques ont lieu à Layrac le 9 octobre, dans l’après-midi. Sont présents des membres de sa famille, neveux et petit-neveu, des représentants des communautés proches, Toulouse, Bordeaux, Pont-l’Abbé d’Arnoult, Agen et même Vincennes. Le Père François Morvan représente le Père Provincial, André Antoni. Le Père Jean Pérennes, un ‘vieux’ compagnon de vie, assure l’homélie, remplie de bons souvenirs. Contemporain d’Edith Stein, le Père Joël ne récuserait pas l’une de ses paroles: * Ne tenez pas pour vérité ce qui manque d’amour et ne tenez pas pour de l’amour ce qui manque de vérité +. Le corps du Père Joël repose à Layrac.


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Bibliographies