Josaphat (Robert-Matthieu) SCHISKOV – 1884-1952

Varna, 1949.
« Les PP. Ausone [Dampérat]
et Kamen [Vitchev] sont venus ici à Varna et le conseil s’est tenu. On vous
mettra au courant de ce qui a été examiné, mais quelles mesures prendre,
que fixer d’une manière bien rigide et sûre, alors que nous ne savons pas
du tout ce qui nous attend? Nous sommes entre les mains de Dieu. Je n’ai
rien reçu de Lyon depuis bientôt 3 ou 4
mois et le P. [Walbert] Renaud qui était si régulier à nous envoyer
lettres, nouvelles, intentions de messes, lettres à la dispersion, a dû
continuer, mais on doit arrêter les missives. Le P. Ausone m’a donné 30
intentions et m’a fait savoir que ce serait l’évêque
de Roussé [Bossilkov] qui nous en distribuerait dorénavant. Je vous envoie
mes comptes semestriels. N’ayant pas deux feuilles semblables, j’ai mis
l’un des exemplaires sur la feuille à comptes annuels, c’est la même
nomenclature. Ici j’ai à peu près détruit toutes les lettres, tous les
comptes anciens, car on doit être sur nos gardes. Pour le moment personne
ne nous a inquiétés, mais on voudrait bien accaparer notre pensionnat comme
ils disent et percevoir les loyers des pensionnaires étudiants. La vie de
communauté est impossible …
». P. Josaphat.

Notices Biographiques A.A

Religieux bulgare de la Province de Lyon. Un témoin de la foi en Bulgarie. Robert-Matthieu Schiskov est né le 9 février 1884 à Philippopoli/Plovdiv en Bulgarie, de André et de Suzanne née Zantchiska. Il est baptisé à la cathédrale Saint-Louis de Plovdiv le 9 février suivant. D’après sa fiche personnelle de religieux, il est scolarisé à l’alumnat de Karagatch près d’Andrinople (Turquie), de 1893 à 1899. Le 24 avril 1900, il prend l’habit assomptionniste au noviciat de Phanaraki (Turquie), sous le nom de Frère Josaphat. Le P. Benjamin Laurès, son maître des novices, le présente ainsi pour la première profession en mai 1901: « Depuis un an, le Frère Josaphat s’est développé au point de vue du caractère. Il a toujours montré une bonne franchise et une grande ouverture de cœur. La légèreté dont il est parlé au questionnaire existe encore chez lui et dégénérerait facilement en dissipation. Elle diminue notablement grâce à des efforts sincères. On remarque en lui comme traits saillants: la générosité, l’application, un grand esprit d’obéissance, une joie très saine et une cordialité simple à l’égard de tous. E recherche par humilité et par dévouement la compagnie des frères convers et des moins favorisés… ». Le Frère Josaphat devient profès perpétuel le 25 mai 1902, toujours à Phanaraki. Il accomplit, comme c’est la coutume, quelques années dans des maisons d’œuvres: Yamboli (1901-1902) et Karagatch (1902-1903) et Varna (1903-1904) avant de rejoindre le scolasticat de Louvain en Belgique pour ses études de philosophie et de théologie (1904- 1909), au terme desquelles il est ordonné prêtre le 11 juillet 1909. Le P. Merklen, son supérieur à Louvain, porte cette appréciation louangeuse sur lui: « Frère Josaphat est un très bon religieux. Il a peu d’extérieur, mais il est très sensé, très obéissant, très surnaturel. Il est intelligent, travailleur, A.A original avec, du reste, la réserve voulue, et pratique. Malheureusement il a peu de santé. R aime lassoinption et en comprend l’esprit. C’est un religieux un peu espiègle parfois en récréation, mais sûr et foncièrement religieux. Je suis convaincu que plus tard il sera un religieux précieux. Il a l’âme d’un véritable apôtre ». Vient ensuite l’heure des responsabilités et des ministères, dans les différentes affectations suivantes: le collège Saint-Augustin à Philippopoli (1909-1910), la mission de Varna (1910-1911), Karagatch en Turquie (1911- 1914), Philippopoli à nouveau, pendant la première guerre mondiale (1914-1919), Varna (1919-1929), Yamboli (1929-1938) où il est supérieur, enfin Varna à partir de 1938. Après la seconde guerre mondiale, C’est l’établissement d’un pouvoir communiste à Sofia, dans la mouvance de la phase finale des combats dits de libération, dirigés par l’Union Soviétique en direction des pays voisins et de l’Europe centrale: Bulgarie, Roumanie, Pologne, Tchécoslovaquie, Allemagne. Un procès spectaculaire commence à Sofia le 28 septembre 1952, pour se terminer le 3 octobre suivant, concernant une quarantaine de personnes dont 33 membres du clergé ou des congrégations religieuses. L’accusation, montée de toute pièce, fait état d’une organisation secrète préparant un complot, fomenté à partir du 9 septembre 1944, en vue de saper et d’affaiblir le régime populaire par des actes de terrorisme, des crimes, grâce à l’intervention nùlitaire étrangère. Trois religieux assomptionnistes sont condamnés à mort dont le P. Josaphat Schiskov. La sentence est exécutée le 12 novembre 1952. Pendant très longtemps, l’Assomption en Bulgarie reste coupée de tous liens avec l’Occident. En juillet 1960 seulement, parvient une lettre du P. Ivan Vitchev précisant que, d’après la sœur du P. Josaphat, ce dernier est décédé en prison. Il faut attendre la chute du mur de Berlin en 1989, la libéralisation de l’Est européen de la tutelle communiste, après le vent des réformes du soviétique Gorbatchev, l’ouverture des archives, pour que soient apportées quelques clartés sur cette sombre période. La cause des 3 religieux assomptionnistes fusillés, PP. Pavel Djidjov, Josaphat Schiskov, Kamen Vitchev, est introduite à Rome (1994).

Bibliographies

Bibliographie et documentation-. Lettre à la Famille, 1952, no 144, P. e7-88. La Croix, 8 octobre 1952. Jeunes Missionnaires (Lormoy), n’ov.-déc. 1952, no 43. Missions des Augustins de l’Assomption, nov.-déc. 1952, no 19, p. 67-68; 1953, no. 21, p. 20-21. Lettre du P. Josaphat Schiskov à un religieux, Varna, 11 janvier 1949. Du P. Josaphat Schiskov, correspondances (1907-1949) , rapports sur Yamboli (1930-1937) , rapports sur Varna (1937-1950) . Le P. Josaphat a publié plusieurs chroniques dans le bulletin des Missions des Augustins de l’Assomption et dans la revue L ‘Assomption et ses OEuvres. Il a recopié le catalogue des manuscrits de Rila (avant 1909) et traduit un article de Nôvistki sur Moscou et Solovki (1935). Tous les écrits recensés du P. Josaphat Schiskov sont consignés dans les actes présentés pour sa Cause, introduite à Rome (1994- 1995) Film-Vidéo Le Balkan cruci fié, par Claude Sauvageot et Marie-Ange Donzé (1995) A.A. lnfo, octobre 1996, no 155, dossier (pages jaunes) et A.A. Info, déc. 1996, no 156, dossier (pages jaunes). Notices Biographiques