Joseph est né le 23.01.1915 à Quimper.
Entré à St Maur 1927-31 puis à Melle 1931-33.
Fait son noviciat à Nozeroy 1933 et ses premiers vœux 02.10.1934.
Philosophie à Layrac. Théologie à Lormoy. Puis à Rome 1938-1940.
Ordonné prêtre à Quimper le 06.10.1940.
Après son ordination Joseph est nommé à St Caprais (Agen). Enseignant de lettres pendant de nombreuses années (1940-1951).
En 1943, Joseph est chargé par le P. Gervais Quenard, supérieur général, d’une mission particulière pour tous les frères de la maison d’études de Lormoy auxquels on avait recommandé de rejoindre le STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne). Il leur fait dire par Joseph d’agir selon les recommandations de leurs familles et de leur région. Cette proposition a soulagé et libéré la conscience de bien des frères.
A St Caprais : Passionné par son travail d’éducateur, Joseph a une présence exceptionnelle auprès des jeunes. Dans le même temps il est aumônier des équipes Notre Dame, Aumônier de scouts, de groupes de St Vincent de Paul. Joseph a un regard émerveillé sur ces jeunes qu’il savait être l’Eglise de demain. Et il me disait, «je voulais aussi faire découvrir la proximité des pauvretés qui nous entourent sans que bien souvent on s’en rende compte. ». Quelques uns de ses anciens élèves sont là aujourd’hui pour ce dernier A Dieu.
1951-1953 est nommé à la Bayard Presse comme diffuseur des revues de la Bonne Presse. C’est dans cette période qu’il se lie d’une profonde amitié avec le P. Claude Musnier.
De Paris, Joseph rejoint l’alumnat de Melle 1953-1965 où lui est confié le recrutement de jeunes pour les alumnats, la diffusion de la presse, et une aumônerie de lycée. C’est dans cette période que beaucoup d’entre nous l’avons aussi rencontré à Lourdes proposant « La Croix » et d’autres revues aux pèlerins. (A ce propos une petite anecdote : Joseph avait recruté une équipe d’une vingtaine de jeunes bénévoles pour diffuser La Croix. Pince sans rire et plein d’humour, après la journée de travail et de contact aux portes st Michel et st Joseph du sanctuaire marial, Joseph offrait volontiers à ces jeunes une petite consommation, et un soir il leur dit : bien maintenant c’est l’heure d’aller prendre un joint. Parmi ces jeunes, l’un d’entre eux affolé de la proposition, en fait part à un policier, qui très vite l’interpelle et l’emmène au commissariat…… Il a fallu X coup de téléphone à St Maur et à Bordeaux pour justifier que le Père n’était pas un dealer, mais un passionné de la propagation de la Presse.
De 1965 à 1994 c’est la maison de St Maur qui accueille le P. Joseph, d’abord comme enseignant, puis à la fermeture de l’alumnat, comme animateur du nouveau centre d’accueil et toujours chargé de la diffusion de la Presse, il avait ça en lui.
Dans cette période de St Maur que d’amis ont croisé son chemin. Joseph était un homme de relation, d’une grande culture et d’une mémoire exceptionnelle. Chaque personne rencontrée prenait place en lui. Il aimait particulièrement parler de tous ces groupes d’allemands qui venaient à St Maur pour diverses sessions ou pour des temps de vacances. Que de liens se sont noués à travers son accueil et sa disponibilité de tout instant.
En 1994 Joseph rejoint notre maison de Layrac. Il retrouve des frères et de nombreux amis de l’amical des anciens de St Caprais .
Toujours passionné par l’information il suit avec le plus grand intérêt les évènements politiques, sociaux, religieux, et même sportifs comme le tour de France. Joseph était un homme qui s’émerveillait… mais aussi fin gourmet, il appréciait les gâteaux, les bons chocolats, et que dire de tous les repas au restaurant qu’il prenait au cours des ses nombreux voyages en stop.
C’est dans le partage avec ses frères ici, qu’il manifeste une merveilleuse délicatesse vis à vis de tous et de chacun. En 2003 après une fracture du col du fémur ses possibilités de déplacement vont commencer à se limiter. Mais son humour reste vif et son attention à tous fait notre admiration.
En ce début d’année 2007 sa fragilité s’est accentuée et il doit garder la chambre, mais il nous a fait encore la joie de pouvoir descendre en salle à manger pour fêter avec tous ses frères sa 92 ème année. Hospitalisé subitement, il s’éteint à l’hôpital ce 22 février.
Tous nous garderons de ce frère sa passion pour l’annonce de l’Evangile à travers la diffusion de la Presse, le contact avec les jeunes, et tous ses nombreux amis. Son humour éclairait son visage. Aujourd’hui il continue à veiller sur notre communauté et sa famille de l’Assomption.
P. Jean Exbravat
Homélie pour le P. Joseph Le Her (Evangile de Mat 5, 1-2)
Nous avons l’habitude d’entendre ce passage de Mt avec ses différentes déclinaisons du bonheur.
Heureux, Bienheureux ! Une fois n’est pas coutume, contentons-nous de ce prologue que nous venons d’entendre, arrêtons-nous aux trois catégories de personnes que ces 2 versets mettent en scène. Le Christ ses apôtres et la foule. Regardons également, prêtons attention à ces mouvements que ces deux versets nous dessinent et où se trouvent décrit par de nombreux verbes qui nous permettent de relire la vie de Joseph autour de qui nous allons célébrer cette eucharistie, cette action de grâce.
Quand Jésus vit la foule ! cette foule le suivait, à ce moment là ses amis l’accompagnent, il s’assit et ses disciples s’approchèrent. Le Christ, les disciples, la foule.
Jésus regard la foule, comme il a regardé Lin jour Joseph, et lui a dit suis-moi. Pourquoi lui, pourquoi pas un autre, c’est le mystère de l’appel, c’est le mystère de la vocation, c’est aussi le secret de la réponse de chaque prêtre, de chaque religieux à l’appel du Seigneur. Il se trouvait à ce moment-là lorsqu’il a reçu cet appel, dans sa famille, dans ce Finistère, dans cette Bretagne croyante. Et il est sorti de ce peuple pour faire le chemin vers le Christ, comme les disciples l’ont fait également. Il est un peu à l’image de Nathanaël à qui Philippe dit : « Nous avons trouvé le Seigneur » et lorsque le Christ rencontre Nathanaël il lui dit: « Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ». Regard de Dieu sur chacun d’entre nous, et réponse de chacun d’entre nous.
A partir du moment où il a répondu OUI à l’appel du Seigneur, il est sorti de sa famille, il s’est trouvé un peu intermédiaire entre le monde dans lequel il vivait et le Christ qui lui avait lancé cet appel. Là aussi, et Jean son supérieur vient de le rappeler, il a été cet intermédiaire entre le monde d’où il était sorti, ce monde qui lui fut donné par les différentes obédiences et ce Dieu qui l’avait appelé. Vous êtes quelques uns ici à avoir été ses élèves au collège de St Caprais, mieux que quiconque et mieux que moi, vous pourriez dire tout ce qu’il vous a apporté, au nom de cette vocation, au nom de cet appel.
Durant toute sa vie, et à travers toutes ses obédiences Joseph a toujours était en relation avec le monde dans lequel il vivait, en relation avec ce Seigneur qui l’avait appelé.
Relayeur de Dieu auprès du monde, relayeur du monde auprès de Dieu, c’est bien ce qui est dit dans cet évangile : les disciples s’approchèrent de lui, quittèrent la foule, dont ils faisaient partie et s’approchèrent de Jésus.
Il y a un autre verbe, "Jésus s’assit", comme pour arrêter le temps et regarder cette foule. Dans notre monde humain où le temps est la mesure des choses, les évènements ont cessé d’être pour Joseph. Comme le Christ, il s’est assis, après avoir- fait son passage auprès de Dieu. « Tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. ». Joseph repose dans la paix. Amen
P. Yves Guillauma