Joseph LOUKOV – 1908-1981

Situation difficile, 1954.

« Il y a toujours possibilité de faire quelques offices aux alentours de la
fête de Pâques, mais les communions sont peu nombreuses. Plus de
séminaristes, hélas!
Je fais des tournées dans les paroisses qui n’ont plus de curé, au moins
trois fois par an.
Nous n’avons plus la ferme du collège qui nous aidait à vivre. On a dû
loger des Sœurs Eucharistines et le P. Yosif Gurovreste à la ferme avec
deux frères. Le P. Ivan loge dans le couloir qui relie
l’église au séminaire. D’autres ont trouvé une chambre dans un village de
tsiganes assez voisin. Pour
pouvoir vivre, les deux Frères ont été placés dans des camps de travail.
Les prêtres trouvent des cahiers avec des intentions de messes, mais pas
d’honoraires. De temps en temps, nous recevons un colis de nourriture de la
part d’un oncle: ce sont de petits cadeaux que nous apprécions fort. Nous
avons toujours le même appétit. Comment arriver jusqu’au bout? Les santés
restent précaires, le cœur se fatigue… ».

D’une lettre du P. Vélik
Vitchev, 1954.

Religieux bulgare de la Province de France.

Débuts.

Joseph Loukov (1) est né le 27 décembre 1908 à Philippopoli (2) en Bulgarie. Admis au noviciat de Taintegnies (Belgique), le 2 février 1927, il fait sa première profession le 3 février 1928 à Sey- Chazelles (Moselle) et sa profession perpétuelle le 3 février 1931, à Karagatch en Turquie, où il s’est rendu dès 1928. D’après sa fiche de renseignements personnels, il a été accueilli en Belgique, au temps de son postulat en 1926 par le P. Robert Fonteyne, tandis que le P. Savinien Dewaele est son maître de novices à Scy-Chazelles. « De santé un peu délicate, un peu timide, docile, le Frère Joseph est déjà un religieux fervent et un modèle pour nos frères » est- il dit de lui dans le premier rapport en vue de la prise d’habit. Le Frère Joseph garde cette même réputation dans les différentes maisons où l’obéissance l’affecte. Parmi les tâches qu’il assume, on dit de lui qu’il est un relieur habile et un bon cuisinier. C’est le P. Humbert Girard qui, en 1931, depuis Karagatch présente le Frère Loukov à la profession perpétuelle: « Le P. Damase [Castagne], mon confrère, juge le Frère Loukov très apte à tous les services et le recommande à la profession religieuse. Le P. Herménégilde Gayraud qui l’a surtout suivi, donne son avis très favorable sur toute la ligne ».

Emplois en Bulgarie et Turquie.

Le Frère Joseph est affecté dans les différents postes de l’Assomption en Orient: en 1933 il gagne Phanaraki, en 1939 Kadi-Keuï, en 1941 Varna, puis Plovdiv. C’est au collège de Plovdiv qu’il travaille jusqu’au moment où la maladie ne lui permet plus de rendre les nombreux services qu’il a rendus si longtemps à ses frères comme cuisinier et responsable des achats au marché. La fatigue et une perte d’équilibre,

dues à une mauvaise circulation du sang, l’obligent à abandonner son travail. Au terme d’un voyage en Bulgarie en 1968, le P. Rogatien Pellicier écrit: e Le Frère Joseph est un religieux consciencieux sur lequel on peut compter. Il a soigné le P. Jossif Gurov avant sa venue à Lorgues. Maintenant il s’occupe du Cyrille Balabanov. Sa santé s’améliorant un peu, il pense pouvoir reprendre la cuisine, ou tout au moins faire les achats au marché ».

Fin de vie, dans l’isolement.

Les dernières années du Frère Joseph Loukov nous sont un peu connus par, une correspondance du Vélik Vitchev: « Le Frère Joseph a vécu les dernières années, retiré à Plovdiv, souffrant de vertiges, vivant d’une pension de l’Etat lui assurant sa subsistance. Ses frères l’aident de temps à autre, grâce à des dons en nature ou en assurant la lessive de son linge. Il reste très attaché à la communauté ». C’est à Plovdiv que le Frère Joseph meurt, subitement, le 22 mars 1981. Il n’a que 73 ans. Il est inhumé à Plovdiv. (1) A ne pas confondre avec un autre candidat à la vie religieuse assomptionniste, homonyme du Frère Joseph, mais contemporain des PP. d’Alzon et Galabert: le frère Luc Loukov ou Luca [Luka] Lukov, novice en 1868 au Vigan, dont il est question dans la correspondance du fondateur: cf t. Vif, p. 203, 311 n. Le P. Victorin Galabert a en effet envoyé au P. d’Alzon ses trois premières recrues bulgares vers 1867-1868: Luigi Dimitrov, Ivan Pistichki et Luca Lukov auquel se joint un quatrième bulgare, Francesco Chichkov ou Schichkov. Luca Lukov est renvoyé en octobre 1874, cf lettre du P-, d’Alzon au P. Galabert du 7 octobre 1874, n° 5107. (2) Philippopoli est la seconde ville de Bulgarie, la plus ancienne. Elle se nomme aujourd’hui Plovdiv. C’est là qu’a commencé en 1863 la mission d’Orient, avec la petite école Saint-André.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p? 10-11. A Travers la Province (Paris), juin 1981, n°15, p.6.