Religieux français.
Une vocation de secrétaire. Paul est né à Amiens (Somme) le 29 juillet 1869 dans une famille qui compta 13 enfants. Il est scolarisé à l’école Saint-Martin (1875-1887). Sa jeunesse se déroule à Amiens au contact d’un bon nombre d’œuvres sociales: conférences Saint-Vincent de Paul, œuvre du repos du dimanche, œuvres des pèlerinages et de la Bonne Presse… Il devient le secrétaire de Maître Croisille, une notabilité catholique connue dans la ville (1888-1892) jusqu’au jour où il demande à rentrer comme frère dans la Congrégation. Il prend l’habit à Livry-Gargan le 22 octobre 1892 sous le nom de Frère Joseph, prononce ses premiers vœux en 1895 toujours à Livry et ses vœux perpétuels à Rome le 8 décembre 1901. Le P. Emmanuel Bailly, devenu procureur et assistant général se l’attache comme secrétaire particulier. Le Frère Joseph a noté sur sa fiche personnelle qu’il a choisi d’être frère convers dans toute la force du terme et qu’il désire le rester, même s’il lui a été demandé d’être économe et secrétaire. Il sait parler l’italien et a appris l’anglais sans bien le parler, il aime la peinture et s’occupe d’imprimerie. Enfin il sait jouer de tous les instruments baroques :le tambour, le clairon, le cor de chasse, la trompettes..
Vie romaine (1892-1912).
C’est à Rome principalement que se déroule la vie religieuse du Frère Joseph, à la maison de l’Ara Coeli. Il serait difficile de dire tous les services qu’il y rendit pendant 20 ans (1892- 1912): organisation de la maison, réunions, fêtes et conférences, travaux d’économat et de comptabilité, copies de lettres et de documents, classement et catalogue des archives, mise en ordre des papiers du P. d’Alzon, classification annuelle de la correspondance des religieux, voyages,
Une vocation familiale .
« Vous me demandez quelques renseignements sur le secrétaire de M. Croisille avocat administrateur de la Chronique picarde de la Croix. Ce futur assomptionniste au moins de désir, vous le verrez en personne. Son père M. Biendiné est employé de banque. Son patron s’est pris d’affection pour lui et s’est chargé de l’éducation de ses enfants et leur a laissé en mourant à chacun d’eux un héritage fort considérable. Cette semence de charité ne reste point sans fruit et déjà M. Biendiné a vu l’aîné de ses fils devenu riche renoncer à tout pour s’enrôler sous la bannière de Mgr Lavigerie et devenir frère armé du Sahara. Un autre est entré chez les Jésuites, un troisième vient frapper à la porte de l’Assomption. Il a appris à connaître les Pères dans les pèlerinages où il sut acquérir l’estime du P. Alfred Mariage. Depuis plusieurs années, il se dévoue à l’œuvre de la Bonne Presse avec un zèle qui le fait regretter de M. Croisille. Malheureusement il n’a pas fait d’études latines, mais j’espère qu’il pourra rendre beaucoup de services à vos œuvres auxquelles il s’intéresse grandement … » Elphège [?], Amiens 20 avril 1892.
Notices Biographiques A.A accompagnements du Légat, services multiples au Vatican, factotum humble et pratique, commissionnaire actif et intelligent, très énergique et très résistant malgré une santé fragile.
Un concert d’éloges.
Il suffit de lire la circulaire que consacra, à la mort du Frère Joseph, le P. Emmanuel Bailly pour dire l’estime et l’affection qui lui étaient portées:
« Le Fr. Joseph parlait couramment l’italien et s’en servait de manière à se tirer d’affaire admirablement. On a pu dire de lui avec raison qu’il connaissait Rome à fond, savait qui déranger et qui éviter, et qu il était devenu aussi fort qu’un Italien à parler sans se compromettre et à deviner à demi-mot. Nul ne se rendait mieux compte des événements, soit de la Rome papale, soit de la Rome révolutionnaire. Afin de pouvoir tenir ses Supérieurs et ses frères au courant, il savait se faufiler adroitement partout: il nous revenait en disant que par hasard il avait assisté à telle audience, que par hasard il s’était trouvé sur le passage de tel personnage, que par hasard il avait assisté à telle manifestation maçonnique ou socialiste: tous ces hasards trahissaient l’ardeur de l’ancien journaliste à l’affût des nouvelles… Faut -il s’étonner de ce que bussolanti du Vatican, huissiers des chancelleries, employés des chemins de fer, agents des administrations, cochers dont il avait empêché une grève, postiers ou télégraphistes eussent pour lui des sympathies telles qu’ils le traitaient tous en ami. Il avait su sans doute donner le mancie avec tact et mesure… Et quel amour de l’Assomption, sa famille! … ».
Mort à Ascona.
Pour raisons de santé, le Fr. Joseph est envoyé à Ascona (Suisse). Il souffre depuis longtemps de l’estomac. Il se voit condamné, lui si actif, à quatre longs mois d’immobilité, épreuve qu’il supporte en malade facile à soigner et joyeux. Il meurt le 24 août 1913 à Ascona où il est inhumé le mardi suivant, 26. Il venait d’entrer dans sa 43ème année.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption 1913, n° 201, p. 150-152. Circulaire d’Emmanuel Bailly, 30 août 1913, n 79. (édit. t. II, p. 234-246. Chronique picarde, 26 août 1913. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudrefroy. Le Fr. Joseph a laissé dans les archives romaines un lot important de correspondances, datées entre 1895 et 1913.