Joseph VAN ERMINGEN – 1875-1892

Livry, 24.07.1892.
« C’est aujourd’hui que doit avoir lieu l’inhumation de notre cher défunt.
On fait la levée du corps à 6 heures 55 et la messe commence aussitôt,
chantée par le P. Emmanuel. Après l’Evangile, le P. Emmanuel remercie
toutes les personnes qui ont bien voulu s’associer à notre douleur en
assistant à la cérémonie funèbre. il nous montre combien la mort d’un
religieux est douce et consolante, puisque le religieux
a déjà brisé avec tous les liens qui le rattachent à la terre, et avec
quelle joie le juste doit l’envisager puisque cette mort doit être le
principe d’une vie qui ne finira jamais. L’absoute est donnée par M. le
Curé de Livry, puis la procession se met en marche dans la direction de
notre cimetière au chant du Dies Irae. Ce pauvre petit cercueil découvert
porté par 4 religieux fait une impression visible sur
les personnes du dehors, peu habituées à voir la mort en face. Plusieurs
même ne peuvent retenir leurs larmes. Le P. Emmanuel bénit la tombe puis
le cercueil, donne un dernier baiser au front glacé de notre cher Frère et
le cercueil refermé est descendu dans la tombe. Nous récitons à genoux le
De Profundis et la procession revient en silence à la chapelle
».

Religieux français, profès in articulo mortes. Un alumniste de Clairmarais, mort de tuberculose à 17 ans. Joseph Van Ermingen, fils d’Arthur et de Maxilienne née Dupuis, est natif de Aubry-du- Hainaut, près de Valenciennes (Nord), dans l’archidiocèse de Cambrai. Il voit le jour le 15 août 1875 et fait ses études secondaires à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais). Les Souvenirs de 1892 évoquent les derniers instants de ce jeune homme, inscrit parmi les religieux du nécrologe: « Dimanche dernier, 24 juillet [1892] ont eu lieu à Livry [Seine-Saint-Denis] les obsèques du Frère Joseph, rappelé à Dieu, l’avant-veille, vendredi soir [22 juillet]. Le Frère Joseph, l’an passé alumniste de Clairmarais, se sachant atteint d’une maladie de poitrine, avait obtenu du P. Picard de venir passer au noviciat les jours que Dieu voudrait lui laisser encore à vivre. Son état, stationnaire pendant plusieurs mois, s’aggrava subitement vers la fin de mai. Il demanda l’habit et le reçut pieusement [22 mai 1892]. Ses forces diminuaient; il désira faire ses vœux. Le P. Emmanuel [Bailly] les reçut devant une délégation du noviciat, le 17 juillet au soir, et donna ensuite au petit malade l’Extrême-Onction. A dater de cette époque, la maladie marcha à pas de géant. Le pauvre enfant acceptait généreusement les souffrances et disait au P. Emmanuel qu’ayant fait vœu d’obéissance et n’ayant plus de volonté, il ne voulait que ce que Dieu voudrait. Il attendait la mort patiemment sans se plaindre, adorant les décrets divins, offrant sa vie pour l’Eglise, la France, la conversion des pécheurs et les oeuvres de l’assomption. Le jour même de sa mort, à trois heures, il reçut les adieux de ses frères, reconnaissant chacun, souriant à tous. Vers 8 heures, le P. Picard vint lui donner sa bénédiction, ce dont il fut profondément touché. Page :201/201 Il conserva jusqu’à la fin toute sa lucidité d’esprit. Il s’éteignit doucement, sans secousse, à 9 heures, pendant que les religieux qui le gardaient récitaient l’office, et répétaient ces beaux répons où il n’est question que des couronnes que Dieu donne à ceux qui meurent pour lui. Le P. Emmanuel et le P. Athanase [Vanhove], prévenus, accoururent et purent donner une dernière absolution et suggérer au mourant la pensée de jésus, de Marie et de Joseph. Le corps, exposé au parloir au milieu des fleurs et de la verdure, fut visité pendant toute la journée. Dimanche matin, la communauté le conduisit au cimetière dans lequel ce saint petit Frère repose, en attendant le jour joyeux de la résurrection, près du Frère Hyacinthe [Binarmont], son ancien condisciple. Des morts si pieuses sont un gage d’espérance et de joie ». Par la suite (1907), les corps des religieux inhumés à Livry sont transférés dans la tombe de l’Assomption (Bailly), au cimetière parisien de Montparnasse. Ces informations sont confirmées par le livre des Ephémérides de Livry où nous lisons: « 17 juillet 1892: Le P. Picard arrive à Livrv pour passer quelques jours à Livrv. Après l’obéissance du soir, le P. Emmanuel va recevoir les vœux du Frère Joseph. Quelques novices l’accompagnent et ce n’est pas sans émotion qu’ils voient le jeune malade qui bientôt peut-être ne sera plus de ce monde, promettre à Dieu de vivre jusqu’à la mort sous les trois vœux de religion. Le P. Emmanuel l’invite ensuite à la joie et à la reconnaissance envers Dieu qui vient de lui accorder tant de faveurs. On lui donne ensuite l’Extrême-Onction et les Frères se retirent profondément touchés de la patience et en même temps de la joie du malade qui ne craint plus la mort. 22 juillet : la classe est à peine commencée depuis quelques instants que le P. Athanase vint tous nous chercher en étude pour réciter les prières des agonisants auprès de notre cher malade. Aux bonnes pensées du P. Emmanuel, le petit malade ne répond que par un sourire. Dix mois à peine ont fui depuis la mort de notre cher Frère Hyacinthe l’an dernier et la mort de nouveau vient de faucher une jeune plante à peine éclose dans le parterre de Livry. Que les desseins de Dieu sont insondables!..». Page :202/202

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1892, n° 113, p. 1088; n° 114, p. 1090-1091. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Cahier des Ephémérides de Livry (1890-1890), ACR.