Juan (Giovanni) DEGASPERI – 1922-1998

Santiago, 1949.
« J’ai eu l’honneur d’avoir été choisi pour vous écrire au nom de tous mes
frères. Je le fais avec un grand plaisir et la plus tendre affection, car
votre image majestueuse et fraternelle demeure encore vive dans notre
mémoire, avec le parfum de souvenirs heureux lors de votre passage ici.
Votre séjour au Golf l’été dernier nous a permis de goûter votre bonté à
notre égard et l’enthousiasme
vibrant qui jaillissait de chacune de vos paroles. Votre vision perçante
sur l’Amérique catholique commence déjà à faire surgir parmi nous de
nouvelles initiatives
d’apostolat. Elle a allumé en nos cœurs une flamme d’un zèle sacré et
optimiste qui ornera notre vie entière. Nous voulons vous témoigner à
l’occasion de votre fête nos sentiments de fidélité et de filiale
affection. Que Dieu et
la Vierge vous conservent de longues années encore pour la prospérité
toujours croissante de l’Assomption. Le 29 juin prochain nous allons
prononcer nos premiers vœux auxquels vous avez daigné nous admettre. Notre
consécration au Seigneur se veut totale et définitive pour travailler à
l’extension du Règne du Christ dont vous êtes depuis longtemps
l’ouvrier infatigable ». Juan Degasperi .

Juan (Giovanni) DEGASPERI

1922-1998

Religieux italo-argentin de la Province d’Amérique du Sud.

Formation entre deux continents. Giovanni Degasperi est né le 13 juillet 1922 à Trento en Italie, de Giovanni et de Anna Marighetti, famille très chrétienne et patriote. De 1922 à 1937, il fait ses études primaires et secondaires en Italie. Durant son adolescence, il est inscrit aux milices fascistes où il acquiert le sens de la discipline, de l’organisation et du commandement. Vu la situation politique en Italie, la famille émigre en Argentine et s’établit à Buenos-Aires. Juan travaille aux industries Pirelli et entre en relation avec les Assomptionnistes de Saint-Martin de Tours dans la capitale argentine. Très vite il intègre le groupe Scout et parvient à être maître Scout. Grâce à la direction spirituelle des Pères Carmel Pémoulié et Henry Tiscornia, il découvre sa vocation religieuse et entre à l’école apostolique de Saint-Martin de Tours. Il a 20 ans. Le 9 mars 1946, il entre au postulat à Santiago du Chili chez les Assomptionnistes. Le 29 juin 1949, il prononce ses premiers vœux de religieux, sous le nom hispanisé de Juan. Il étude deux ans la philosophie sur place au Chili, au scolasticiat de Notre – Dame des Anges à Santiago (1947-1949) et se rend à Rome pour les études de théologie où il obtient la licence (1949-1953). Le 6 juillet 1952, il prononce ses vœux perpétuels. De juillet à octobre 1952, il passe deux mois à la maison de la Bonne Presse à Paris, au secrétariat du P. Emile Gabel qui apprécie son traitait consciencieux, méthodique et intelligent. Du point de vue religieux, le Frère donne toute satisfaction pour sa régularité aux exercices de piété, son obéissance et sa politesse. Toute la commu nauté est contente de sa présence. Le 20 décembre 1952, le Frère Juan est ordonné prêtre à Rome.

La vie entraînante d’un pasteur ouvert aux richesses de la vie. De 1954 à 1967, il est tour à tour vicaire, curé et supérieur à Saint-Martin de Tours à Buenos-Aires (Argentine). Pendant treize ans, il exerce dans ce quartier élégant de la capitale un apostolat fécond, faisant appel à tous ses dons et à toutes ses qualités. Ce sont aussi les années difficiles du post-péronisme et des gouvernements militaires. Il développe avec succès la USCA, l’Union des Scouts Catholiques Argentins, d’abord au niveau de la paroisse, puis dans tout le secteur. Il se voit nommer aumônier national du mouvement scout. La paroisse, bien que composée surtout de familles riches, compte aussi une ‘Villa Miseria’, située entre deux voies ferrées. Les enfants de cette Villa Miseria n’ont pas accès à l’école. Aidé de quelques familles, le Père Juan entreprend la tâche de construire et d’entretenir une école pour ces enfants et leurs parents.

Fidèle à l’esprit créatif et audacieux prôné par le P. d’Alzon, il s’aventure à doter la paroisse d’un grand collège pour assurer la formation chrétienne des enfants et des jeunes et contrecarrer ainsi le laïcisme des collèges de l’Etat. La qualité du corps professoral et la richesse de l’éducation assomptionniste permettent d’affirmer très vite le prestige de l’établissement. De 1967 à 1976, il exerce les mêmes fonctions de vicaire et de curé à Santos Lugares. Grâce à son zèle, il donne un allant marquant aux activités paroissiales et au collège, anime fortement l’Action Catholique en ses différentes branches pour fortifier les bases de la vie paroissiale. De 1976 à 1982, il passe au service de la paroisse de Nuestra Senora de las Mercedes à Belgrano, banlieue de Buenos-Aires. C’est une paroisse intéressante à cause de la quantité et de la diversité des œuvres apostoliques, en plus de ses deux grands collèges. Le P. Juan y déploie un grand dévouement jusqu’au jour où du ciel il s’entend dire. arrête. Une crise cardiaque l’oblige à abandonner toute activité et à partir à Paris, vers la fin de l’année 1981, pour une opération du cœur. De 1982 à 1998, il est à Santos Lugares vicaire et économe, mais limité à cause de la maladie. Il trouve un nouveau rythme pour ses activités. Son sens de l’organisation lui permet d’alterner activités et temps de contrôles médicaux, de calme et de repos. On le voit toujours assidu à la messe quotidienne, aux confessions à la basilique, la direction spirituelle, aux heures de permanence et de formation des laïcs dans son bureau ou par téléphone, présent aussi aux réunions paroissiales. Par cette tâche silencieuse et cachée, il reste l’âme de la paroisse. Le soir du 25 septembre, comme chaque jour après avoir terminé son tour des confessions, il se dirige vers son habitation pour se reposer. Il se sent fatigué. C’est là que le Seigneur vient le prendre et l’emmener dans sa demeure. Le Père Juan est mort à Santos Lugares, le 25 septembre 1998, dans sa 77ème année. Personnalité. Le P. Juan a été une argile très riche qui a gardé indélébile l’empreinte de ses formateurs, du noviciat d’abord, ce qui a lui permis de vivre très fidèlement les engagements de sa vie religieuse, de maintenir fermes dans les moments les plus délicats de la réforme de la vie consacrée les équilibres nécessaires à l’adaptation des nouvelles formes de vie communautaire. L’a marqué aussi l’empreinte de son séjour romain-. fidélité à l’enseignement reçu, forme de pensée très orthodoxe qui a valu plusieurs fois d’être taxé de conservateur. Cependant c’est un homme qui se tenait au courant du mouvement des idées, lecteur assidu de la Documentation Catholique, de l’Osservatore Romano, du Criterio, lectures complétées par celles des auteurs modernes. Cette richesse doctrinale accumulée contribuait à nourrir ses homélies et ses conférences. Le P. Juan, comme son céleste patron, avait soif de connaître le Christ et de lui rendre témoignage par tous les actes de sa vie ministérielle. Il a été enterré le dimanche 27 septembre dans la crypte de la communauté de Lourdes, à.Santos Lugares (Argentine).

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Auras de Lourdes, 1999, no 835, P. 6-7. Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999, p. 51-54. Lettre de Juan Degasperi au P. Gervais Quenard, Santiago, le 7 juin 1949. Du P. Juan Degasperi, dans les ACR, rapports sur San Martin de Buenos-Aires (1959-1963) et correspondances (1949-1961). Notices Biographiques