Juan VERDE – 1825-1889

Derniers instants.
« Nous avions mis à côté de son lit un crucifix et une image de saint
Joseph. Pendant son sommeil, il
parlait tout haut à saint Joseph et il avait prié le Frère Jacinto de le
réveiller lorsqu’il ne serait pas tourné du côté de l’image de saint
Joseph. C’est en embrassant et en baisant avec amour le crucifix que le
Frère Juan Bautista a rendu le dernier soupir à 10 heures du soir [10
janvier 1889]. J’ai eu la consolation de le recevoir. Pour éviter les
ennuis que
nous avions eus lors de la mort du Frère Bonaventure [Marin], il a été
enterré au cimetière. Malgré le mauvais temps, beaucoup de monde
accompagnait notre Frère à sa dernière demeure. Ce bon Frère était
tellement aimé que dans plusieurs villages voisins on a sonné le glas dès
que l’on a appris la nouvelle de sa
mort. Nous sommes persuadés que la maison d’Osma a en lui un protecteur de
plus dans le ciel, aussi c’est avec une
grande confiance que nous travaillons à notre collège sur lequel le Frère
Juan Bautista veille du haut du ciel. A Osma nous avons fait les prières
d’usage et nous avons écrit à toutes les maisons pour les demander».

Souvenirs, 1889.

Religieux espagnol. Tel pères tel fils. Juan Bautista Verde est né en 1825 à Rioseco, en Espagne, dans la province de Soria. On sait seulement qu’il a pris l’habit à Osma en 1887, qu’il y a prononcé des vœux in articulo mortes et qu’il est décédé à Osma, le 10 janvier 1889. Juan Bautista Verde est le père du Frère Jacinto Verde. Quelques détails de sa vie ont été écrits pour les Souvenirs par le futur P. Adrien Buisson, d’abord condisciple, puis jeune prêtre à Osma dans les années 1885-1889. «Au printemps de 1855, le Frère Jacinto Verde fit le pèlerinage de Jérusalem. A son retour, il passe quelques jours en famille à Éioseco et décida son père, Juan Bautista, à suivre son chemin de vie religieuse. Père et fils vécurent ensemble à Osma. Le bon vieux était content comme un enfant qui a trouvé sa voie. ‘Que pensez-vous de Jacinto, lui demandai-je un jour? ‘Oh, Père, me dit-il, Jacinto est un très bon enfant. Il vaut beaucoup. Je désirerais être comme lui. Le bon vieux Frère ne vécut pas longtemps et fit une très sainte mort ne parlant que de saint Joseph qu’il disait voir à côté de son lit. Comme je J’assistai moi-même, je me souviens qu’il me dit. ‘Père, passez de l’autre côté, parce que saint Joseph est de ce côté-ci’. Il s’éteignit doucement en invoquant saint Joseph. Le bon Frère Juan Bautista a souffert pendant plus de quinze jours une douloureuse agonie, mais c »était avec une telle résignation que nous étions tous édifiés. Lui-même ne refusait pas de souffrir et c’est quand la douleur était trop forte qu’il nous édifiait davantage, en offrant tout à Notre-Seigneur pour l’Eglise, pour la Congrégation et pour ses frères d’Osma. Le Frère Jacinto, son fils, l’a soigné pendant les deux mois qu’il a gardé le lit et, pendant les quinze jours qui ont précédé sa mort, il ne le quittait pas un seul instant. Page :279/279 Tous les Pères et Frères, de notre côté, nous lui avons prodigué tous les soins que nous avons pu, aussi il a bien promis de prier pour nous au ciel. Ce bon Frère était novice convers depuis deux ans et était âgé de 65 ans. Malgré son âge, il s »était mis avec entrain à suivre ponctuellement la Règle et à faire avec une sainte indifférence tout ce que l’obéissance ordonnait. Au travail il ne perdait pas une minute, ses prières étaient longues et ferventes. Quand il n’était pas malade, il avait la dévotion d’entendre à genoux le plus de messes qu’il pouvait. Les religieux qui l’ont connu à Osma doivent se rappeler sans doute quelle joie et quelle simplicité remplissaient son âme quand on célébrait quelque fête dans la maison. Les prises d’habit, les professions, les ordinations, les chapitres de veille de fête étaient pour lui l’occasion de témoigner J’amour qu’il avait pour la vie religieuse et l’affection pour ses Frères qui étaient l’objet de quelque grâce surnaturelle. Dans ces circonstances, il manifestait surtout sa joie par d’abondantes larmes mêlées d’un sourire qui indiquait bien que ce n’est pas la tristesse qui le faisait pleurer. En un mot, pendant les deux ans que le Frère Juan Bautista a passés avec nous, il nous a édifiés par son esprit religieux, son caractère aimable, sa ferveur et sa régularité. Aussi la mort ne l’a pas effrayé. Il la voyait venir avec une grande sérénité. En sortant des crises terribles qu’il avait, il disait en souriant :’le fruit n’est pas encore mûr et bien qu’on secoue l’arbre fortement, il ne veut pas se détacher’. Au mois de septembre, je l’ai envoyé à Rioseco son village pour voir s’il reprendrait quelques forces. C’est le contraire qui est arrivé, le mal à fait des progrès si rapides qu’on a été obligé de l’administrer. Je me suis rendu alors auprès de lui et lui a fait faire ses vœux qu’il a prononcés avec une grande ferveur. Il s’est remis un peu et a commencé une neuvaine à N.-D. de Consolation pour obtenir la grâce de mourir au couvent. Quinze jours après, il revenait au Carmel, mais avec le mauvais temps le mal s’accentua de plus en plus, le Frère se mit au lit pour ne plus se relever… ». D’après le P. Adrien Buisson. Page :280/280

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs 1889, no 59, p. 427-428. L’Assomption, 1905, no 102, P. 88-89. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.