Jude (Joseph-M.-Charles) VERSTAEN – 1893-1960

Probation à Mongré, 1956.

« Voulez-vous avoir la bonté de rendre un service insigne à la Probation?
Il y a ici vingt- deux Pères qui ont les oreilles et le cœur ouverts et qui
ne seront jamais dans de meilleures dispositions et de meilleures occasions
pour assimiler la doctrine de la Congrégation. Ne voudriez- vous pas
m’envoyer pour eux autant d’exemplaires des Ecrits Spirituels du P.
d’Alzon? Quel meilleur support à mes commentaires? Le P. Athanase
[Sage] a promis de venir la semaine prochaine faire quelques conférences
sur le Directoire et ses annexes. Si vous pouviez envoyer ces Ecrits
illico, nous les aurions pour la fin de la semaine et les instructions des
Pères seraient plus fructueuses. Il ne s’agit ici que des meilleurs
religieux. Je les exhorte vivement à se plonger pendant leur temps de
probation dans les oeuvres du P. d’Alzon. Avec ce volume en main, je suis
sûr de leur
avidité spirituelle et de la fierté qu’ils concevront pour leur Fondateur
et leur Congrégation. Si cela peut se faire, j’aurai éprouvé la plus grande
joie qui puisse
compenser le travail que vous me confiez ».

Jude.

Religieux de la Province de Paris, assistant général (1946- 1952), puis provincial. A l’aube d’une vie d’apôtre, une formation à marches forcées. Joseph-Marie -Charles Verstaen est né à Bergues (Nord) le 8 septembre 1893. Orphelin de père dès 1899, il est élevé par une mère courageuse chargée de quatre enfants dont Joseph est l’aîné. En septembre 1906, Joseph entre à l’alumnat du Bizet (Belgique), alors dirigé par le P. Damascène Dhers. Enfant doué, d’un caractère réservé, assidu à la lecture, il aime versifier comme de source, confiant à la poésie ses rêves d’apostolat. Il commence ses humanités sur place au Bizet (1909-1910) avant de les poursuivre à Ascona en Suisse (19101911). Le 14 août 1911, il prend l’habit au noviciat de Gempe, sous la direction du P. Antoine de Padoue Vidal et le nom de Frère Jude. C’est à Limpertsberg au Grand-Duché de Luxembourg qu’il prononce ses premiers vœux le 15 août 1912 et ses vœux perpétuels l’année suivante, à la même date. Au terme de son noviciat, il fait un stage de deux ans comme professeur à l’alumnat de Zepperen où, tout en préparant ses classes, il trouve le temps de dévorer de nombreux ouvrages qu’il résume soigneusement sur fiches. Il peut se rendre à Louvain pour les études de philosophie (1915-1916) directement en troisième année, résumant en deux mois la substance de deux ans de cours précédents! Les années d’études de la théologie, à Louvain (1916-1920) sont coupées par quelques mois de repos forcé en 1918, à Zepperen. Il s’oblige à lire un livre par mois, prenant sur ses heures de sommeil. Le Frère Jude est ordonné prêtre à Louvain, le ler août 1920. Les traits de sa personnalité intellectuelle et morale sont fixés. homme de précision, de haute culture, de connaissance mûrie avant l’âge, il fait penser à une bibliothèque vivante, avec une ouverture d’esprit toujours attentive à l’opinion d’autrui et un sens de la synthèse qui permet un jugement à la fois sûr et nuancé. Eveilleur de la jeunesse. Le P. Jude est aussitôt affecté au service de l’enseignement, à Zepperen (1920-1922), puis au collège américain de Worcester (1922-1934). Il consacre chaque jour un temps personnel à la lecture, approfondissant les auteurs anciens et modernes, anglais, allemands ou français, faisant ses délices de la patrologie grecque. Préoccupé de vues neuves, adepte d’innovations pédagogiques, il est cependant plus respecté qu’aimé par ses élèves auxquels son érudition, servie par une mémoire infaillible, peut sembler parfois inaccessible. En fin de semaine, il se livre à un apostolat pastoral auprès d’un orphelinat de Sœurs Grises. Devenu à Worcester une véritable colonne de l’enseignement, Page :307/307 le P. Jude est cependant appelé en 1934 à diriger le collège de Nîmes (Gard), aux côtés d’un économe diligent, le P. Delmas, d’un professeur de philosophie réputé, le P. Isaïe Favier, d’un préfet de discipline énergique, le P. Gilbert Delesalle, et d’un corps professoral aguerri. Très humain, modérément austère, il donne au collège les allures et le ton d’un établissement de classe. On lui reproche seulement de monopoliser dans sa chambre les revues, de ne pas prendre de décision rapidement et de s’absenter trop souvent pour d’autres activités pastorales qui le surchargent (conférences, prédications de retraites, réunions du mouvement du Noël pour lequel il fonde le bulletin Le Lien). Il ne peut éviter au collège les ennuis d’une réquisition par l’armée française en 1939 tout d’abord, puis allemande à partir de 1942 et enfin les tracas ruineux de groupes de la Libération. De par son tempérament, le Père Jude cherche toujours à harmoniser et à concilier les points de vue, après avoir pris le temps de s’informer et d’écouter. Il apparaît à ses auditeurs ou dans ses relations comme un homme calme et même distant; pourtant il vibre avec une grande sensibilité à toute personne qui lui accorde sa confiance. Il sait parler avec son cœur dans les services qu’il a à rendre, de là sans doute cette influence personnelle toute colorée d’estime, d’admiration et d’amitié dans les étapes et les milieux qu’il a traversés. Au coeur des responsabilités de Congrégation. En 1946, il participe au chapitre général et y est élu premier assistant et vicaire général. Religieux instruit, souple, clair et nuancé, il forme un élément précieux du conseil, ayant déjà fait ses preuves comme assistant intérimaire du Provincial de Paris. Il étudie soigneusement les dossiers, préfère abord écouter et ne prend la parole que pour examiner les différents points avec une assurance et un jugement que ses confrères apprécient. En 1952, il n’est pas reconduit dans sa charge et devient assistant provincial à Paris, restant attaché à la direction du Noël comme aumônier général en lien avec le P. Marie-Etienne Point et visitant les communautés féminines de l’Assomption. Il conseille la direction de la revue Eaux Vives, prenant la succession du P. Point de 1954 à 1957. De 1949 à 1958, il est chargé de la direction de la Probation à l’Assomption, temps de formation, de révision de vie et de recyclage pour les jeunes prêtres durant les grandes vacances. En décembre 1958, la santé du P. Jude qui n’a jamais été très forte, se dégrade. Il souffre d’hypertension et il est soigné par les Sœurs Orantes à Marseille chez lesquelles il a dû interrompre une prédication de retraite. Le 20 février 1959, il peut par petites étapes regagner la maison provinciale à Paris. Il participe encore à une réunion des Supérieurs à Lormoy (Essonne) à la fin du mois de décembre 1959, mais il n’est déjà plus que l’ombre de lui-même. Il doit être hospitalisé le 31 décembre à Pasteur où il est soigné jusqu’au 18 janvier 1960. Le 2 avril 1960, il entre à la clinique des Augustines de la rue de la Santé. C’est là qu’il meurt le 4 juin 1960. Ses obsèques sont célébrées dans la chapelle de la maison provinciale à Denfert-Rochereau le 8 juin. Son corps est inhumé dans la tombe de l’Assomption au cimetière parisien de Montparnasse. Page :308/308

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1961, p. 144. La Croix 7 juin 1960. La Vie Augustinienne, 1960, n° 43, p. 81. Lettre à la Famille, février 1961, n° 305, p. 17-24; n° 306, 26- 29. Lettre du P. Jude Verstaen au P. Wilfrid Dufault, Mongré, 30 juillet 1956. Un religieux apôtre, le Père Jude Verstaen A.A. par un ami (P. Perboyre Le Dortz), Lorient, 1970, 32 pages. Du P. Jude Verstaen, dans les ACRI nombreux articles sur la postulation des PP. d’Alzon et Pernet, articles ‘Lumières de vie,, circulaires et visites canoniques, articles dans Le Lien, Eaux Vives, La Vie Augustinienne, rapports sur le collège de Nîmes (1934-1939), la probation (1952), notes sur les alumnats et collèges (1958), sur le mouvement du Noël (1956-1958), sur la revue Vie Augustinienne (1952-1953), sur Soisy-sur-Seine (1956-1957), poésies, conférences sur saint Augustin (1954-1956), correspondances (1912-1959).