Julian GARCIA RESA – 1895-1963

Un grand voyage, 1919.
« Me voici enfin en Espagne après un voyage de 10 jours. C’est le 12 du
courant que le
‘Gabia’ partit d’Amsterdam pour La Corogne, avec un arrêt de quelques
heures à Boulogne et de quatre jours à Falmouth où les Anglais firent de
fréquentes visites. Plusieurs passagers durent descendre depuis Amsterdam
jusqu’à ce port. A La Corogne, je pris un peu de repos chez les Frères
Maristes et après des heures de chemin de fer j’étais à Calahorra, le 22
mars au soir malgré un tamponnement de deux trains, 1’un de marchandises et
l’autre de voyageurs où je me trouvais. Aucune victime mais 7
wagons du train de marchandises sont réduits en pièces. Nous avons vu nos
bagages tomber sur nous du haut des porte-bagages. C’est le seul incident,
si j’excepte le mal de mer. J’ai fait quelques connaissances durant la
traversée, des Prémontrés, des Frères missionnaires se
rendant en Amérique. A Boulogne monta l’abbé Reinhard que Mgr Petit a nommé
chanoine d’Athènes. Il connaît beaucoup de Pères de l’Orient. Des personnes
de la famille Julio Mollen m’ont
parlé des Pères du Chili. J’ai visité les Pères Augustins de Calahorra …
»

Julian GARCIA RESA

1895-1963

Religieux espagnol de la Province d’Amérique du Sud (1954).

Un ‘Esaü’ d’Espagne.

Julian Garcia Resa est né le 16 mars 1895 à Calahorra (Espagne). Il fait ses études secondaires de 1906 à 1913, aux alumnats de Calahorra et d’Elorrio en Espagne, et à Taintegnies en Belgique. Un système pileux particulièrement abondant et précoce le fait surnommer par ses camarades ‘Esaü’ et il ne s’en offusque pas. Le 14 août 1913, il prend l’habit à Limpertsberg, noviciat au Grand-Duché de Luxembourg, des mains du P. Bailly. Il garde son prénom de julian. Après deux ans de noviciat, il commence sur place sa philosophie qu’il doit interrompre, comme tous ses confrères, à cause de la guerre, pour des travaux agricoles dans des fermes de la région. Retardé ensuite quelque temps par la maladie, il achève sa philosophie à Taintegnies et fait sa théologie à Louvain où il est ordonné prêtre le 29 juillet 1924. C’est une bonne nature, un homme spontané, sans complication ni prétention. Il ne dispose pas de moyens brillants, mais beaucoup d’application et de jugement. Il est fier de sa ville natale, de ses gloires nationales, des traditions de son pays. Il pardonne difficilement à l’administration épiscopale d’avoir déserté Calahorra au profit de Logrono. Quelques jours avant sa mort, on l’entend encore chanter aux alumnistes de Mendoza sa jota préférée, la Durra de Calahorra.

Chilien parmi les Chiliens.

Après son ordination sacerdotale, le P. Julian vient à l’alumnat d’Elorrio où il donne quelques cours, mais sa fonction principale est celle du recrutement. C’est lui qui lance le recrutement des Espagnols, rappelle le P. Solano, après la période de 1900-1918 où, à cause de la proscription des Congrégations en France,

de jeunes français viennent se former en Espagne ou en Belgique. Le P. Tarcisio et le P. Solano sont des recrues de cette époque et de son crû. D’ailleurs ils sont comme des amis de famille puisque tous les deux, comme le P. Julian, sont natifs de Calahorra. En 1935, le P. Julian part pour le Chili et est désigné pour la paroisse de Rengo. Sauf deux années passées à l’alumnat voisin de Mendoza, il y reste à Rengo jusqu’à sa mort. Supérieurs et vicaires peuvent se succéder à la paroisse, le P. Julian reste le vicaire inamovible, comme un roc immuable et le mainteneur fidèle des traditions. Rengo forme une paroisse très étendue avec plus de douze chapelles ou chapellenies dispersées dans le ‘campo’. Au début, le P. Julian se déplace à cheval, puis il prend un cabriolet. Ce dernier moyen, plus lent, lui permet de s’arrêter plus facilement pour causer avec ceux qu’il croise. Dans les rues de Rengo, il marche à pas rapides. A chaque salut, il répond par un sonore: Bienos dias. Des milliers d’enfants lui doivent le baptême et les premières notions du catéchisme. Il ne recourt pas à des moyens extraordinaires; ses sermons eux-mêmes ne sont pas toujours compris à cause de l’accent trop ‘castillan’, mais ses conseils judicieux et surnaturels, appuyés et renforcés par la dignité de sa vie sacerdotale, pénètrent peu à peu dans les âmes. Il a fait un bien considérable, surtout aux malades. Malgré son âge, il ne s’enferme pas dans la tradition ou dans son expérience. Il ne dédaigne pas de demander conseil et lumière à de plus jeunes confrères et lit volontiers des revues espagnoles d’actualité. Il est surtout dans son élément parmi les âmes simples du milieu rural. jusqu’à sa dernière maladie, il visite fidèlement les lointaines chapellenies pour y célébrer la messe et faire le catéchisme. Religieux très pauvre, le Père Julian ne possède rien. En communauté, il se montre bon compagnon, faisant naître la joie à cause de ses expressions importées intactes de Castille. Téléphoner ne lui est pas naturel: on s’amuse de le voir gesticuler, appareil en main. Il dit à un confrère qu’il n’a jamais écouté la radio et qu’il ne sait pas écouter un disque. Le P. Julian meurt inopinément à l’hôpital de Rengo, le 21 juin 1963: il a consacré près de 30 ans de sa vie apostolique au Chili.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A., mars 1964, p. 231-232. Lettre à la Famille 1963, n° 361, p. 483-484. El Eco de Lourdes (Santiago), 1963, n° 753-754, p. 7. Vinculum (Provincia America latina), Julio 1963, n° 40, p. 1-3. Du P. Julian Garcia, dans les ACR, correspondances (1919-1951). Lettre citée de Julian Garcia au P. J. Maubon Calahorra, 23 mars 1919. Notices Biographiques