Julien (Clément-François) ROGIERS – 1913-1980

Bruxelles, 1966.
« Depuis quelque temps, je suis désigné pour la Procure des Missions à
Bruxelles et, dans mes attributions, j’ai la responsabilité de la revue
missionnaire Qu’il Règne. J’ai élaboré un programme portant sur deux ans et
j’ai l’intention de consacrer des numéros entiers à certains grands sujets
comme le diocèse de Béni, la Colombie, le Brésil, Madagascar etc… Il me
semble qu’un numéro sur les Assomptionnistes dans le monde serait
intéressant et, en vous écrivant à ce sujet, je m’adresse à la source. Je
commencerais à constituer un dossier, comprenant textes et photos et je
n’éditerais ce numéro que lorsque j’aurais assez de matière. Cela ne presse
pas. Vous auriez peut- être la gentillesse ou bien de faire rassembler pour
cela la matière ou bien de me faire connaître un ouvrage qui
existe déjà peut-être sur ce sujet ou bien encore de me donner les conseils
précieux qui me faciliteraient la besogne. La revue comporte
32 pages imprimées, ce qui équivaut au même nombre à peu près de pages
dactylographiées. Il faut décompter du texte la place réservée aux photos.
Croyez- vous qu’il vous serait possible de m’aider pour ce projet? Je vous
remercie de tout cœur ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Belgique-Sud. Curriculum vitae. Clément-François Rogiers est né le 27 juillet 1913 à Haine-Saint-Pierre, en Belgique, dans le diocèse de Tournai. Il fait ses études secondaires dans les alumnats de Bure (1926-1929) et de Sart-les- Moines (1929-1931). Le 4 octobre 1931, il prend l’habit au noviciat de Taintegnies, sous le nom de Frère Julien et il y prononce ses premiers vœux, le 5 octobre 1932. Il étudie la philosophie à Saint-Gérard (1932-1934) et la théologie à Louvain (1934-1939), avec l’interruption d’une année pour le service militaire (1935). Il devient profès perpétuel à Louvain le 5 octobre 1935 et il est ordonné prêtre le 26 février 1939. Il part au Congo cette même année 1939. De 1942 à 1945, il est nommé aumônier de l’armée belgo-congolaise. On lui connaît deux postes de service entre 1939 et 1947: Mulo et M’bingi. Après un intermède à Sart-les-Moines (1947-1949), il repart au Congo en 1949, pour Manguredjipa, puis Muhangi, et finalement à l’Ecole agricole et vétérinaire de Butembo. Après 21 ans au Congo, il revient en Europe. En 1961, il est nommé économe à Saint-Gérard, puis en 1964 Procureur à Bruxelles-Anderlecht. A partir de 1966, il réside à Haine-Saint-Pierre, enseignant la religion au lycée de La Louvière et à Houdeng-Aimeries. Il meurt à Namur, le 31 mai 1980. Il est inhumé à Saint-Gérard. Evocation de la vie missionnaire du P. Julien. Le Père Julien a passé 21 ans de sa vie au Congo, de 1939 à 1961, avec une interruption de deux ans à Sart-les-Moines (1947-1949). Comme aumônier du corps expéditionnaire qui se rendra pendant la seconde guerre jusqu’en Abyssinie et même en Palestine d’où le P. Julien rapporte des graines de cyprès de Jérusalem plantés au Zaïre, A.A il conserve auprès de la population indigène une sorte d’aura militaire que renforcent son caractère dominateur, une intelligence brillante, une voix de stentor à remplir une cathédrale. Ses confrères le trouvent parfois un peu encombrant. le P. Julien empiète facilement sur le domaine des autres et son opinion facilement sarcastique lui aliène parfois leur sympathie. Il se met dans l’idée à Mulo de ficher les chrétiens, travail resté inachevé. De 1949 à 1953, il est aumônier des mines: cela consiste à visiter une trentaine de camps, à organiser des séances de cinéma, à organiser des écoles depuis Tituri, Manguredjipa, Butembo et M’bingi. Durant ses cinq années à Mubangi, il se fait promoteur de l’oeuvre scolaire, préparant des instituteurs pour la brousse dont certains ont fait merveille avec, pourtant, un bagage de formation assez léger. Il adapte pour eux un matériel didactique, pratique pour l’initiation, facilement transportable dans un coffret. La diversité ne suscite pas la rivalité, car il y a place dans une grande région pour toutes les initiatives. C’est à Muhangi que l’indépendance surprend le P. Julien. Sa renommée de soldat est associée à l’idée de mercenaire et on lui prête alors la réalisation de dépôts d’armes. Dans un régime où l’information se nourrit de rumeurs, le P. Julien est soupçonné, accusé et sans doute menacé. Malgré sa prestance imposante et sa faconde, il prend peur et obtient de quitter le pays. Un confrère le reconduit à la frontière, trouvant quand même étrange que le P. Julien qui en a vu d’autres, ait exposé dans le véhicule des chapelets pour amadouer les nombreux barrages routiers des soldats. Quand il se retire en Belgique, à Saint-Gérard, il se met en tête de faire fructifier le grand jardin du couvent, alimentant la communauté et les groupes de retraitants en légumes frais. Devenu très fort, il doit suivre un régime. Ses confrères le préviennent des dangers de sa boulimie qui lui fait avaler et le régime et le menu normal. ‘Tu creuses ta tombe avec ta fourchette.’ Transporté d’urgence à Namur, il meurt sur la table d’opération le 31 mai 1980 (1). (1) D’après le P. Marc Champion.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 96. Belgique-Sud Assomption, juin 1980, n° 111. Marc Champion, Province du Zaïre, Religieux défunts 1929-1994, Butembo, 1994, p. 36-28. Lettre du P. Julien Rogiers au P. Wilfrid Dufault, Bruxelles, 17 février 1966. On trouve dans la revue Qu’Il Règne de nombreux articles du P. Julien Rogiers. Du P. Julien Rogiers, dans les ACR, quelques correspondances: 1944-1966. Notices Biographiques