Justin (André) PROTIN – 1926-1999

Taintegnies, 1946.
« L’homme propose et Dieu dispose! Le P. Eudes
[Hanhart] nous avait communiqué ses projets encore futurs, mais à présent
brisés. C’est au noviciat où j’allais prendre la plume pour vous
transmettre les vœux de Taintegnies pour votre fête, que j’ai pris
connaissance du triste sort qui vous est échu. Elle est tombée notre
dernière espérance de vous recevoir à votre retour de Hollande. Nos vœux
n’en seront pas moins profonds et sincères. Nous avons reçu avec la plus
grande joie l’annonce de votre réélection au généralat. Vos enfants n’ont
plus que la ressource de la prière pour venir à votre secours dans la
détresse. Soyez assuré qu’ils y puiseront à pleines brassées.
Quand nous avons appris votre accident, nous avons prié Dieu pour accepter
sa volonté et le remercier de vous avoir épargné. Nous vous
souhaitons une rapide amélioration et bientôt un rétablissement complet qui
vous permettront de continuer à vous prodiguer à tous. Nous venons
d’écouter une causerie spirituelle du P. Jean-Gabriel sur l’Eucharistie.
J’en retiens un mot, celui d’accepter l’immolation de Notre- Seigneur dans
son sacrifice. A l’autel, votre souvenir nous est très présent ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Belgique-Sud, économe provincial. Une vie de service. André Protin est né à Sainte-Marie-sur-Semois (Belgique), le jour de Noël le 25 décembre 1926. Il n’est pas le seul à ouvrir le sein maternel, un frère jumeau l’accompagne. La famille, profondément chrétienne, comptera d’ailleurs au total quatre garçons et une fille. C’est dans ce milieu qu’éclôt la vocation religieuse d’André. Il commence ses humanités à Bure (1938-1942) pour les poursuivre à Sart-les- Moines (1942-1944). Il entre au noviciat en 1944, sous le nom de Frère Justin: c’est la fin de la guerre en Belgique et il est de ceux qui peuvent contempler, si l’on peut dire, du haut du mur de clôture, la débâcle allemande et admirer les tanks U.S. traversant les petits villages environnants avec beaucoup de fracas et de succès populaire. L’heure de la libération a enfin sonné. Après la première profession émise le 25 septembre 1945, le Frère Justin commence les études de philosophie sur place, le scolasticat de Saint-Gérard étant à ce moment-là surpeuplé. En 1946, il débarque à Saint- Gérard pour y poursuivre le parcours habituel de la science d’Aristote (1946-1948) et y prononcer ses vœux perpétuels, le 25 septembre 1948. C’est ensuite l’envoi vers Hal, maison de théologie en Belgique, jusqu’en 1952. Il y est ordonné prêtre le 27 avril 1952. Durant ces années de formation, les Supérieurs du P. Justin ont remarqué ses aptitudes intellectuelles et l’envoient à l’U.C.L. à Louvain pour y parfaire des connaissances juridiques. Il en sort docteur en droit canonique en 1956. Son avenir est alors tout tracé: le P. Justin devient professeur de droit canonique et de morale au scolasticat de Saint- Gérard. Mais la crise des vocations se fait rapidement sentir et il fait profiter de son savoir les moines Bénédictins de Maredsous, A.A et même le C.I.B.I., Centre d’instruction pour Brancardiers et Infirmiers à Alost, là où les éminaristes miliciens sont regroupés et peuvent suivre les cours pendant leur service militaire. Il aime les enfants et les accueille volontiers, pendant la vacance du scolasticat, comme c’est le cas avec ceux du Home du Tournaisis, accompagnés par les Oblates de Froyennes. Faute de combattants, l’abbaye de Saint-Gérard doit fermer ses portes et elle est promise à la vente. Il faut donc liquider. Le Père Justin est chargé de cet office (1971-1974), tâche accomplie avec scrupule. La bibliothèque est transportée à Gosselies et de là elle est répartie entre Bruxelles, rue des Braves, et d’autres institutions, moitié vendue, moitié donnée, car de nombreuses séries dont les manuels n’ont aucune valeur vénale. À Bruxelles, rue Duquesnoy, le P. Justin exerce la tâche d’économe, mais cette fois il ne s’agit plus de déménager mais d’aménager la résidence. Y est installé un ascenseur, les locaux sont modernisés. Entre-temps, de 1979 à 1982, il se rend tous les jours auprès des jeunes de la communauté de Maranatha pour les accompagner. Il centralise les questions de Mutuelle (M.R.B.), de 1980 jusqu’à la fin de ses jours. Il est de même utilisé pour l’œuvre de Sainte Rita. Sa fonction d’économe terminée en 1988, il se consacre alors au service de plusieurs maisons de repos de la capitale. Il visite les pensionnaires, célèbre l’Eucharistie, se montrant d’une gentillesse et d’une affabilité reconnues par tous. En 1999, une thrombose met un frein à ses activités. Grâce à un suivi médical et à une rééducation, son côté droit étant beaucoup diminué, il peut encore faire quelques visites et célébrer le dimanche dans un home proche. C’est là que, le 14 février 1999, au moment de l’Agnus Dei, il est pris d’un malaise et qu’il s’écroule. Immédiatement transporté à la clinique Saint-Pierre toute proche, il est l’objet de soins appropriés. Atteint de multiples hémorragies cérébrales, il entre dans un coma sans rémission. Le lundi 15 février, le Seigneur vient reprendre son serviteur. La messe des funérailles est célébrée en l’église de La Madeleine où durant des années il assuré la messe en semaine à 12 heures. L’inhumation du Père Justin a lieu dans la concession des Religieux de l’Assomption à Saint-Gérard.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VIII) 1998-1999. Belgique-Sud Assomption, avril 1999, no 266, p. 3629-3634. Lettre du Frère JUstin Protin au P. Gervais Quenard, Taintegnies, 16 juin 1946. Notices Biographiques