Religieux français.
Une trajectoire inachevée.
Jean-Marie Jarnier est né le 21 août 1891 à Bruc, commune de Pipriac, en Ille-et-Vilaine. Il fait ses études secondaires à Sart-les-Moines en Belgique, de 1906 à 1910. Le 14 août 1910, il prend l’habit, sous le nom de Frère Ladislas, à Gempe et suit le noviciat transféré à Limpertsberg (Luxembourg) où il prononce ses voeœux perpétuels le 15 août 1912. Il passe ensuite au scolasticat Saint-Augustin à Louvain pour ses études de philosophie (1912- 1914). La guerre le soustrait à l’enseignement. Le 4 août 1914, il quitte la maison de Louvain et, le 14 août, il est mobilisé dans l’artillerie pour une durée indéterminée. Ses qualités humaines et morales lui valent d’être promu Maréchal des Logis le 18 mai 1915. On sait qu’il accomplit les terribles et meurtrières campagnes de Champagne et d’Argonne (Les Eparges). Les noms de lieux étant prohibés par la censure militaire, on ne connaît pas clairement ses différentes affectations. Lors de ses différentes permissions militaires, le Frère Ladislas aime rencontrer à Paris, rue Camou, les différents religieux travaillant dans la capitale ou s’y trouvant de passage comme lui. On admire son air distingué, sa bonne mine, sa belle taille élancée et cette allure militaire qu’il sait allier à un profond esprit religieux.
Maladie et mort.
C’est au retour d’une permission de détente en Bretagne que l’on apprend au début du mois d’octobre 1918 son hospitalisation forcée au Val-de- Grâce à Paris. Il souffre d’une forte grippe et d’une pleurésie, aggravée par l’inhalation de gaz toxiques respirés au front. Les PP. Joseph Maubon et Eugène Monsterlet se rendent à son chevet, le samedi 5 octobre. L’infirmière-major, Mme la Comtesse de Boncourt, et le docteur Chauffard,
médecin de l’hôpital, les informent clairement de l’état de santé du malade pour lequel on craint une complication de fièvre typhoïde. Bien que conscient à certains instants, le Frère Ladislas ne cesse de délirer. On doit même le ceinturer dans un couloir de l’hôpital où il erre hagard et comme perdu. Sa mère et sa sœur, accourus de Bretagne, sont impuissantes devant l’évolution fatale de la maladie. Un frère de la famille est déjà mort au combat et un autre se trouve encore exposé au front, c’est dire l’angoisse de toute la famille qui craint le pire. Le lundi 7 octobre, les religieux sont prévenus du décès du Frère Ladislas, survenu vers les 17 heures. Le mercredi 9 octobre, des dispositions sont prises pour la cérémonie des obsèques. L’office funèbre est célébré par l’aumônier en titre, à la chapelle du Val-de-Grâce, suivi de l’inhumation du Frère Ladislas au cimetière de Montparnasse dans la tombe de l’Assomption (Bailly). Le personnel des pompes funèbres, réduit en temps de guerre et surchargé par les nombreux décès de l’hôpital qui regroupe plus de mille blessés, ne peut assurer le transport du corps. Ce sont les religieux qui se chargent du convoi. Le cercueil enveloppé du drapeau tricolore, ombragé d’une palme offerte par la Mairie de Paris, est accompagné par une escorte militaire qui rend les derniers honneurs.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1918, n° 536, p. 257-258; n° 538, p. 290-291; 1919, n° 569, p. 272. Lettre du Frère Ladislas Jarnier au P. Emmanuel Bailly, Rennes, 26 décembre 1914. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du Frère Ladislas Jarnier, de nombreuses correspondances écrites du front (1914-1918) dont plusieurs reproduites dans La Lettre à la Dispersion.