Ladislas JOLY – 1889-1909

Villa Berigo, San Remo.
« Lorsque hier matin, prosterné sur les dalles du sanctuaire, j’entendais
le célébrant implorer pour moi les bénédictions du ciel, de mon c?ur
débordant de joies s’échappait pour vous une
ardente prière. A tous les titres que vous avez déjà à ma reconnaissance,
vous venez d’en ajouter un autre et non
des moindres. Je ne vous rappellerai pas la série de vos bontés à mon égard
depuis le jour où j’eus l’honneur de recevoir de vos mains le saint habit.
Il me suffit de vous dire que vous m’avez fait goûter hier matin une des
plus douces et des plus pures joies de ma vie. Je n’eus jamais espéré faire
si tôt mes v?ux perpétuels. Trop heureux d’appartenir désormais à
l’Assomption, je m’efforcerai d’acquérir son esprit qui est avant tout un
esprit de dévouement. Combien je voudrais travailler pour elle! Mais que
faire, faible comme
je suis? J’essaierai du moins de devenir un saint religieux. Souffrir avec
patience et avec joie, prier avec amour et avec ferveur, me soumettre en
tout
à la divine Providence, telles sont les résolutions que je prends en ce
jour ».

F. Ladislas Joly.

Religieux français.

De l’alumnat au noviciat.

Ladislas Joly, né le 21 octobre 1889 à Montagnole, près de Saint-Cassin (Savoie), sur la route qui conduit de Chambéry au col de Couz, est passé par la vie de l’alumnat: de 1901 à 1906, il étudie à Notre-Dame du Rosaire de Miribel-les-Echelles (Isère), village qui ne se trouve qu’à quelque 20 km. de son pays natal. Après le tunnel des Echelles percé à l’époque napoléonienne, on s’engage en direction du col de Couz, le long des falaises blanches de la Chartreuse qui regardent en surplomb le versant oriental du Mont Beauvoir et de la montagne de l’Epine. Au mois de septembre 1906, Ladislas vient frapper à la porte du noviciat à Louvain où il prend l’habit le 21 de ce mois.

Une vie terrassée à la fleur de l’âge.

Mais déjà il ressent les atteintes de la tuberculose pulmonaire. En mars 1908, déjà gravement malade, il vient demander au beau soleil de la côte ligurienne (San Remo) sinon de le guérir, du moins de lui rendre un peu de santé pendant quelques mois. Mais le mal progressant de façon irrémédiable, le 21 septembre 1908, sur son désir, il est admis à prononcer ses v?ux perpétuels. Il lutte de façon énergique contre la maladie, car il compte bien guérir. Au printemps 1909, tout espoir est perdu. Au mois de juin, il est dirigé dans sa famille où l’attend sa mère, Claudine née Moliens, pour lui prodiguer soins et affection. Le curé de Montagnole fait parvenir au P. Ferréol Poux-Berthe, le supérieur de la maison de San Remo, ces quelques mots le 29 octobre 1909: « Le Frère Ladislas Joly est mort ce matin à 2 heures, après avoir reçu pieusement les sacrements. Les dernières heures n’ont pas été trop pénibles . une lampe qui s’éteint ».

Le Frère Ladislas est inhumé dans son village natal, à Montagnole.

Une fleur des montagnes.

La s?ur du Frère Amédée fait parvenir le récit de ses derniers moments: « Le jeudi 28 octobre, durant toute la journée, il semblait qu’il allait beaucoup mieux. Il causait davantage, parlait de son prochain retour à San Remo. Dans la nuit, rien ne faisait prévoir sa fin si rapide, car il dit à notre mère: ‘Donnez-moi du lait pour la nuit, car je suis vraiment bien faible, mes forces s’en vont rapidement’. Il n’eut pas plutôt dit cela qu’il appela une des personnes présentes en lui disant: ‘Venez vite me mettre de l’iode, car il me semble que j’ai un point qui m’étouffe’. Aussitôt on s’empresse autour de lui, il pousse un cri et il expire en pleine connaissance, sans agonie et sans rien dire de plus. Sur son lit de mort, on aurait vraiment dit un ange, car il avait un joli sourire ». Le P. Ferréol Poux-Berthe ajoute, à l’adresse des religieux: « Nous perdons dans le Frère Ladislas un jeune religieux bien doué intellectuellement et moralement, il promettait beaucoup. Dieu a préféré nous le prendre. Fiat! Il est le Maître! Puisse-t-Il nous accorder, à sa place, beaucoup d’autres vocations. C’est d’ailleurs notre ferme espérance, car on peut appliquer au Frère que nous pleurons ce que le Père Général [Bailly] écrivait du Frère Damien Gérard: ‘Ladislas jeté en terre n’y restera pas graine inféconde, son âme multipliera ses frères et développera sa famille’ ». Les fleurs des montagnes sont petites, elles n’ont pas toujours les couleurs éclatantes des fleurs de culture, mais elles sont gracieuses, fraîches et renferment souvent un parfum très délicat. Le Frère Ladislas peut être comparée à une fleur des montagnes qui a respiré, sa courte vie durant, un parfum de vie surnaturelle dont ses confrères ont gardé un souvenir émerveillé.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1909, n° 53, p. 209. L’Assomption, 1909, n° 156, p. 179-182. Circulaire du P. Ferréol Poux-Berthe, 30 octobre 1909. Notice biographique sur le Frère Ladislas Joly par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Ladislas Joly au P. Emmanuel Bailly, San Remo, 22 septembre 1908.