Lambrecht (Gérard) MUERMANS – 1908-1957

Retour sur une incardination.
« Au reçu de votre lettre au sujet du P. Lambrecht, je suis allé
immédiatement à Louvain où ce religieux réside à la clinique. Son état de
santé est grave, non immédiatement dangereux semble-t-il. Mardi
30, il s’en est fallu de peu qu’une crise cardiaque emporte le malade en
examen. On l’a administré. Une opération est envisagée le mardi 7 mai pour
une tumeur au côté gauche du cerveau, de la grosseur d’un oeuf. Il y a un
danger mortel à cause de la faiblesse du cœur. Le Père n’a plus l’usage de
la parole, tout le côté droit est paralysé. J’ai posé la question au P.
Lambrecht de savoir s’il désirait rentrer à l’Assomption. Ses signes
étaient
extrêmement favorables. Il a même réussi à prononcer deux fois ‘si’ qui est
l’affirmatif en espagnol. Le Frère du P. Lambrecht en est témoin, mais il
n’est pas possible que le
Père Lambrecht puisse donner par écrit ou autrement le témoignage de son
désir. Je vous serais reconnaissant de faire les démarches pour que
le Père soit à nouveau assomptionniste: c’est son désir et je suis
favorable à la
chose. Il est possible d’obtenir le consentement de l’évêque qui l’a
incardiné».
Stéphane Lowet.

Religieux belge, en mission en Colombie.

Curriculum vitae.

Gérard Muermans est né à Vlijtingen (Limbourg) en Belgique, le 21 septembre 1908. De 1920 à 1924Y il est alumniste à Zepperen, de 1924 à 1926 à Sart- les-Moines. Il entre au noviciat de Taintegnies, le 18 août 1926, fait le postulat sous la direction du P. Savinien Dewaele, reçoit l’habit le 5 novembre suivant sous le nom de Frère Lambrecht. Le P. Rémi Kokel reçoit ses premiers voeux le 6 novembre 1927. Suivent deux ans de philosophie à Saint-Gérard, un an de professorat à Zepperen. Il émet ses vœux perpétuels le 1er novembre 1931 à Louvain. De 1930 à 1934 ce sont les années de théologie à Louvain, coupées de 8 mois de service militaire. Le 16 avril 1934, le Frère Lambrecht devient prêtre dans la chapelle du couvent de la Demi-Rue. Le P. Norbert Claes lui donne sa feuille d’obédience en 1935 pour le Congo, mais au bout de quatre ans en 1939 il doit rentrer en Europe à cause de sa santé. On parle à l’époque de rhumatisme infectieux. Zepperen reçoit à nouveau le missionnaire rentrant. Il y devient économe. Après quelques mois de mobilisation en 1939, le P. Lambrecht reçoit une nouvelle affectation, cette fois pour une fondation au Brésil, mais la guerre entre dans sa phase active et le Père se retrouve en exode sur les routes de France, jusqu’à. Montauban (Tarnet-Garonne). En 1940, il refuse d’être nommé supérieur à Zepperen. Le 9 septembre 1943, il est nommé économe à Taintegnies. Il peut à nouveau réaliser son désir de vie missionnaire en partant le 29 septembre 1946 pour la Colombie, en compagnie du Père Renaat Paulussen. Tous les deux mettent le pied à Cali le 4 octobre 1946. Supérieur à Cali, le P. Lambrecht est nommé supérieur régional le 1er février 1950 et réside à Manizalès. En 1954, éprouvant des difficultés pour la vie commune,

il demande et obtient son exclaustration. En 1956, il est incardiné au diocèse de Ibagué et devient curé de la paroisse de Icononzo. A Louvain, le 6 mai 1957, il peut faire part sur son lit de malade de son suprême désir de réintégrer la Congrégation. Il meurt d’une tumeur au cerveau et d’une crise cardiaque le 24 mai 1957. Le Père Lambrecht est inhumé à Zepperen le 29 mai suivant. Il n’a que 49 ans.

Un grand désir de vie missionnaire.

Les circonstances et l’état de santé du P. Lambrecht ont différé et perturbé son désir de vie missionnaire qui passe par le Congo, puis espère le Brésil et finalement se réalise dix ans en Colombie: « Très vite, on conflue au P. Lambrecht l’importante paroisse de Saint-Nicolas à Cali. Elle compte plus de 80.000 habitants. Avec l’aide d’une équipe jeune, le Père se consacre à son peuple disséminé dans une dizaine de barrios pauvres, matériellement et spirituellement. Très actif et organisé, il construit des églises de secours, depuis transformées en paroisses autonomes. A toute heure du jour et de la nuit, il se montre disponible aux besoins de la population. Les fidèles sont attirés par sa grande bonté et sa vivante charité. Comme supérieur régional, il fonde une nouvelle résidence à Manizalès où l’archevêque, Mgr Concha, lui confie le service d’une petite chapelle. Il sait créer une ambiance sympathique, autour de ce sanctuaire dédié à jésus Nazareno. Avec les ressources qu’il réussit à se procurer, au bout de deux ans, il termine le gros oeuvre de la chapelle qui n’avait qu’un chœur. Il crée surtout un mouvement de piété très intense vers elle. Ce sont les misères de la vie commune et le manque de confiance entre les religieux qui lui font demander en 1954, à contre cœur, son exclaustration, même si son cœur reste profondément attaché à ]Assomption. On reconnaît à ce missionnaire un don total de sa vie, une grande générosité et un dévouement sans failles. Il est le véritable fondateur de l’Assomption en Colombie ». D’après le témoignage du P. Stéphane Lowet, Provincial de Belgique.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1958, p. 29. Lettre à la Famille 1957, n° 241, p. 151-155. Foyer Assomptioniste, décembre 1957, n° 61, p. 12-14. Contacts, juillet 1957, n° 73. Marc Champion, Province du Zaïre, religieux défunts 1929-1994, Butembo, 1994, p- 7-8. Lettre du P. Stéphane Lowet au P. Rémi Kokel, Bruxelles, le 4 mai 1957 au sujet de la réadmission du P. Lambrecht dans la Congrégation. Du P. Lambrecht Muermans, rapports sur Cali (1948-1949), sur Manizalès (1951-1953), correspondances (1946-1965). Le P. Lambrecht a donné quelques articles sur la Colombie dans la revue de l’Assomption.