Laurent (Francois-Josephe) HAMAIDE – 1877-1921

Reliure.
« La machine en question pour la reliure n’est pas encore achetée. Cette
machine en dehors de la reliure pourrait nous rendre service pour couper le
papier d’imprimerie petit format. Ce qui me fait hésiter à la prendre,
c’est qu’il est question de la prendre en vue de la reliure, mais, en ce
moment, les choses indispensables comme caractères en cuivre pour dorer
etc… sont d’un prix inabordable. C’est doublé et même plus. De même les
matières premières, comme papiers, toiles etc… sont presque 4 fois plus
chères;
ainsi le carton qui se vendait
20 Fr. les 100 Kg. avant la guerre, coûte maintenant 98Fr! Alors cela
devient très
onéreux de faire de la reliure en ce moment. Dans ces conditions, faut-il
prendre la machine, avec la petite presse qui pourront toujours nous rendre
service et attendre pour le reste, que tout soit revenu aux prix normaux ou
attendre pour le tout? Le P. Aubain vous avait écrit avant d’avoir tous ces
renseignements que je crois nécessaires. Tout le monde va bien à Rome. Le
Fr. Franz est arrivé aujourd’hui. Mgr Petit va bien, le P. Cyrille s’attend
à partir bientôt ». Frère Laurent au P. E. Bailly,
27.09.1916.

Religieux belge.

Un Religieux-Frère exemplaire.

Né le 21 octobre 1877 à Bure (Belgique), François- Joseph Hamaide entre à l’Assomption comme Frère coadjuteur. Il prend l’habit le 6 juin 1902 à Louvain et fait sa première profession le 2 juillet 1905, sous le nom de Frère Laurent. Il prononce ses v?ux perpétuels le 23 juin 1911 entre les mains du P. Pierre-Fourier Merklen. On ne lui connaît que trois postes: Louvain (1902-1913), Rome (1913-1920) et San Remo où il meurt à 44 ans, le 11 novembre 1921 et où il est inhumé. La fiche signalétique de ce religieux ne mentionne guère de détails sur sa vie. On sait seulement qu’à Louvain il est considéré comme le mentor des Frères coadjuteurs. Il a passé au début de sa vie religieuse quelques semaines à Paris, dans les services de la Bonne Presse, pour apprendre la typographie, art dans lequel il devient rapidement très habile. Imprimeur, relieur, cuisinier, infirmier, le Frère Laurent donne partout de solides exemples de vertus. Intelligent, dévoué, généreux, serviable, soigneux et apte à tous les métiers, il connaît aussi bien la couture que la dactylographie ou la photographie. A Rome, il est le compagnon privilégié des dernières années du P. Emmanuel Bailly auquel il rend tous les services d’une proximité fraternelle. On lui confie également en 1913 l’impression des Souvenirs qui venaient de ressusciter. Une petite imprimerie est organisée à cet effet dans des recoins de l’Ara Caeli. Mais quelques numéros seulement de la revue voient le jour, la guerre de 1914 ayant par ricochet détruit ce projet, comme sans doute beaucoup d’autres. Lorsque le Frère Hamaide est envoyé à San Remo en 1920, c’est pour être soigné de colliques néphrétiques. Après un premier séjour, il semble se rétablir, mais cette amélioration n’a pas de durée. Obligé de garder la chambre, lui si actif,

se morfond dans l’impuissance de rendre le plus petit service. Lorsqu’il revient de Rome à San Remo pour la seconde fois, le 31 décembre 1920, il trouve les religieux de la communauté revenant du cimetière où ils ont accompagné le corps du Frère Alphonse Burkel. Cependant sa faim d’activité et de dévouement trouve à s’exercer dans le brochage et la reliure des collections de la communauté: Les Contemporains, Les Questions Actuelles et la Revue Augustinienne. Durant l’été 1921, devant la persistance de ses souffrances, un long diagnostic du Docteur traitant établit les véritables causes: néphrite interstitielle, hypertrophie cardiaque, symptômes d’urémie. Sans doute le mal est-il, à cette heure, trop avancé pour espérer une guérison durable. Le P. Théophane Boureau, lui-même en soin à San Remo, avertit le Frère Laurent de la gravité de son état. « je suis content, lui répond-il, bien content. Comme je vous remercie! Laissez-moi vous dire qu’une de mes grandes consolations d’aujourd’hui est une promesse que j’ai faite à la Sainte Vierge en son sanctuaire de Montaigu. Je lui avais promis de réciter chaque jour mon rosaire et, depuis le 30 mai 1907, je n’y ai pas manqué une seule fois. Je veux tenir ma promesse jusqu’au bout ». Le Frère Laurent manifeste une grande dévotion envers la Vierge et laisse entendre que c’est à la suite d’un pèlerinage quotidien, pendant une année entière, à la chapelle de Notre-Dame de Bure, qu’il est entré dans la vie religieuse à l’Assomption en 1902. Il trouve encore la force de s’intéresser au sort de son confrère, malade comme lui, le Frère Marie-Jean [Janeke] Foket. Le 10 novembre, une crise cardiaque violente annonce le dénouement pour le Frère Laurent. Il répond encore au P. Férréol Poux-Berthe qui est à son chevet: « je n’ai pas peur de paraître devant Dieu. Il est si bon et si miséricordieux. Je crois pouvoir dire que j’espère l’avoir bien aimé et bien servi. Je n’ai rien qui m’inquiète ». C’est dans ses dispositions apaisées que le Frère Laurent rend son âme le 11 novembre 1921. Il est inhumé à San Remo le lendemain, 12 novembre. Il suit dans la tombe sa mère, Laurence, née Petit, morte à Bure le 22 octobre précédent.

Bibliographies

?Bibliographie et documentation:

L’Assomption 1922, n° 247, p. 23. Dans les ACR, du Frère Laurent Hamaide, six correspondances (1909-1919). Lettre à la Famille 1921, n° 423, p. 237-238 et n° 424, p. 245-247. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.