Lazare (Henri) DELRIEUX – 1870-1942

Une note informative.
« Le Frère Lazare est un vieillard [en 1922, date de cette note, il n’a que
52 ans!], un veuf qui a vécu dans le mariage à Bordeaux, 15 rue Margaux. Il
est père de deux enfants, de 25 et de 23 ans [à la même date]. Comme
métier, il a été employé de pharmacie. C’est un homme un peu cauteleux,
bavard et un
tantinet vaniteux. Il n’a plus de charges de famille actuellement et il
peut rendre de multiples services dans nos maisons, comme portier,
coursier, commissionnaire… Il sait se présenter, il faut l’avertir de sa
tendance à la curiosité, mais je pense qu’il saura être discret,
suffisamment pour que l’on puisse avoir confiance en lui si on l’avertit
fortement.
Ill sait faire des bas et il entretient très bien les pièces du parloir au
noviciat. Sa santé est généralement bonne, il n’a pas d’infirmité
compromettante, il peut tenir encore longtemps. Son caractère est assez
souple mais susceptible. Pour les motivations d’une vocation religieuse à
cet âge, il m’a précisé qu’il cherche un milieu de piété pour ses vieux
jours
».
P. Marie-Joseph Novier, septembre 1922.

Lazare (Henri) DELRIEUX

1870-1942

Religieux de la Province de Paris.

Une vocation tardive, étudiée et éprouvée.

Henri Delrieux est né le 15 juillet 1870 ;à Saint- Laurent de la Vallée en Dordogne, au diocèse de Périgueux. Nous connaissons les grandes lignes de sa vie avant son entrée dans la vie religieuse, grâce à une note du P. Marie-Joseph Novier (1) que nous reproduisons in extenso ci-contre: vie laïque, engagement dans le mariage, veuvage. D’après une lettre conservée de l’évêché de Chàlons-en- Champagne, datée du 30 juillet 1919, nous pouvons déduire que Henri Delrieux a satisfait à ses obligations militaires de 1912 à 1914 au camp de Châlons et de Mourmelon-le-Grand: « M. Henri Delrieux nous est tout à fait inconnu. M. l’abbé Gérardin, curé et aumônier de cette région, n’est plus de ce monde. A notre grand regret, nous ne pouvons délivrer de lettres testimoniales. Nous ne pouvons dire qu’une chose, c’est que rien ne nous a été manifesté ni en faveur de M. Delrieux ni en sa défaveur ». Le 28 septembre 1919 Henri Delrieux libre de toute charge familiale, demande à entrer comme religieux frère à l’Assomption. Le Père Léonide Guyo lui donne l’habit à Notre-Dame des Lumières, sanctuaire du Vaucluse où est établi provisoirement le noviciat rentré en France pendant la guerre (1916). Henri devient Frère Lazare qui prononce ses premiers vœux religieux le 15 septembre 1922 à Saint-Gérard où il reste en service de 1919 à 1923. Il est ensuite envoyé à l’alumnat de Sart-les- Moines de 1923 à 1925 et de là il gagne la communauté de la paroisse Saint-Christophe à Paris, quai de javel. Il y prononce ses vœux perpétuels le 15 septembre 1925, ceci en dépit des remarques assez réservées ou mitigées du P. Dieudonné Dautrebande à son sujet: « Le Frère Lazare pratique sa vie religieuse exactement mais un peu comme il l’a conçue -un peu de travail –

il est cependant toujours occupé – et ses exercices de piété que jamais rien ne pourrait gêner même un travail extraordinaire demandé par les Pères en charge. De plus, le Frère Lazare est très susceptible et reste sur ses petites colères, quand il a essuyé une remarque qu’il qualifie de ‘persécution’. Il manque de docilité et paraît considérer comme non avenues des indications d’ordre administratif sur lesquelles il faut revenir et dont il se mécontente. Ayant la conviction que tout ce qu il fait est bien, il a tenu tête au supérieur, quand il ne récuse pas ses remarques comme injustes. Je crois cependant que le Frère Lazare est fait pour la vie religieuse et qu’il peut être admis à la profession ». Il y a là certainement l’indice d’une adaptation difficile à un régime de vie nouveau, à un âge où la souplesse est quelque peu émoussée.

Une vie silencieuse.

La suite du parcours de vie de ce Frère n’a pas laissé beaucoup de traces: on sait simplement qu’il est nommé au service de la communauté du collège de Sens (Yonne) de 1925 à 1932 et qu’il termine les dix dernières années de son existence à l’orphelinat de la maison Halluin à Arras (Pas-de-Calais), au service de la porterie. « Le P. Marie-Michel Cornillie qui a connu longtemps ce bon grand-papa à Arras et au petit collège de Sens nous dit combien il y fut toujours serviable et édifiant ». Tel est le dernier souvenir conservé au sujet de ce Frère qui est mort, le 4 décembre 1942, à Arras où il est inhumé. Par suite des circonstances, sa mémoire n’a jamais fait l’objet d’une notice biographique en bonne et due forme: l’époque n’est pas favorable à la communication des informations entre les maisons et les communautés. Les religieux en Europe sont plus ou moins dispersés en raison de la guerre, les communautés, contraintes au ‘primum vivere’, vivent assez repliées sur le quotidien difficile à organiser. Seule la date de la naissance du Frère Detrieux fera l’objet d’un rectificatif ou d’une précision en 1948.

(1) On trouve parfois les prénoms de Marie-Xavier au lieu de Marie-Joseph pour le P. Novier (1858-1940). Il n’y a bien qu’un religieux A.A. de ce nom dont le prénom de baptême est effectivement Xavier. Pour des raisons qui ne sont pas explicitées, il signe parfois: P. Marie- Xavier.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1948, n° 40, p. 4 et 15. Circulaire du P. Gervais Quenard n° 48, p. 272-273. Nouvelles de la Famille occupée, février 1943, n° 14, p. 57. Notices Biographiques