Léon (Auguste-Léon) STROBEL – 1915-1988

Ankara, 1963.
« Vous savez que je suis bien arrivé à Ankara. Sur mer le temps était assez
mauvais et, malgré les pilules, je n’ai pas échappé au mal de mer et, comme
bien d’autres, j’ai nourri les poissons en voguant du Pirée à Istanbul.
Dimanche
2 décembre, j’ai déjeuné avec le P. Elpide [Stephanou] et sa communauté à
la rue Heptanissou. On était tous très contents de se revoir. Le P. Xavier
Nuss m’attendait au bateau le 3 décembre à Istanbul. Après être resté un
jour de pluie à Kadi-Keuï, nous sommes arrivés à Ankara le 5 au matin. Le
travail m’attendait déjà, car le supérieur du collège de Kadi- Keuï était à
Ankara et connaissait mon arrivée. Nous l’avons invité à rester et à
déjeuner avec nous. De Kadi- Keuï le P. Laurentien
[Lemaître] nous avait accompagnés pour régler des affaires à Ankara. Je
commençais le nettoyage, nous faisions des projets de séparation, la
cuisinière et Kenork ensemble dans une chambre en bas. Le dimanche
9 décembre, le P. Nuss leur offre une chambre que j’aurais dû nettoyer et
préparer pour les deux vieux mais ‘l’homme
propose et Dieu dispose’. Dans la nuit du 9 au 10 notre vieille Virginie
est morte tranquillement … ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Une vie marquée par les guerres et la mobilité. Auguste-Léon Strobel est né le 23 mai 1915 à Soultz dans le Haut-Rhin en Alsace, un dimanche de Pentecôte, durant le bombardement du Vieil Armand (Hartmannswillerkopf), la colline qui domine sa ville natale de ses 956 mètres. Il est le deuxième enfant d’une famille de quatre, deux garçons et deux filles. A 15 ans, AugusteLéon perd sa mère, Joséphine née Fischer, et travaille à la ferme. Son père, Auguste, meurt six ans plus tard. Auguste-Léon commence son service militaire en 1937 et combat ensuite sur le front d’Alsace où il est fait prisonnier le i8 juin 1940. Remobilisé dans la Wehrmacht, le voilà devenu sergent sur le front soviétique à Odessa. Blessé au coude par un éclat d’obus, il termine sa drôle de guerre par quelques mois à l’hôpital. Démobilisé le 5 février 1945, il retourne à la ferme familiale. Il pense tout d’abord entrer chez les Franciscains. Mais à trente ans passés, sans avoir fait d’études, il renonce. Un prêtre ami l’oriente vers l’Assomption. Le 24 avril 1949, à Nozeroy (Jura), il prend l’habit et le nom de Frère Léon. Profès le 26 avril 1950, il reste au noviciat jusqu’en 1952. Il passe ensuite une année à Lorgues (Var) où il note le passage de Mgr Angelo Roncalli du 29 au 31 mai 1952, accompagné de Mgr Testa, que d’autres religieux ont bien connu antérieurement en Bulgarie ou à Ankara comme délégué apostolique. Il y est à la fois dépensier, fleuriste, caviste, organiste à l’occasion. En 1953, ü est à l’alumnat de Vellexon (Haute-Saône) où il prononce ses vœux perpétuels, le 4 mai 1953. De là il passe en 1954 à la Procure de Lyon, avenue Debrousse (Rhône). il est chargé de l’expédition du bulletin de la Province de Lyon. Ses obédiences se succèdent: trois années à Kadi-Keuï en Turquie, suivies de trois autres à Athènes (Grèce). A.A En 1961, il est nommé à Schwâbisch Hall en Allemagne (Rhénanie-Palatinat) où une paroisse est confiée à l’Assomption, de 1959 à 1963. Au printemps suivant, il est de retour à la Procure de Lyon. En juin et juillet, il est cuisinier et infirmier à Lorgues. A l’automne 1962, il retourne en Orient. Il va assurer à Ankara un service de douze années, à l’accueil, à la cuisine, à la chapelle et se fait de nombreux amis dans les familles des ambassadeurs de l’époque qui fréquentent la chapelle de la communauté. Il se lie d’une grande amitié avec le P. Xavier Nuss qui lui écrira souvent par la suite et le tiendra informé des évolutions de la présence assomptionniste en Orient. Devenu persona non grata, il doit rentrer en France en 1975 et exerce ses talents de cuisinier à la maison provinciale de Paris. De 1976 à 1981, il est au service du sanctuaire et de la paroisse de Longpont-sur-Orge (Essonne). Il est ensuite nommé à Nîmes (Gard) où bientôt se déclare le mal qui le mine et le minera longtemps encore. Après trois mois au centre hospitalier de Nîmes, il arrive une nouvelle fois à Lorgues, épuisé, le 15 février 1983. On sait ici, dans la communauté, écrit le P. David Laurent, la tendresse qu’il portait aux animaux domestiques. Ce que l’on sait moins, c’est la piété qu’il manifesta toujours au cours de sa longue maladie, souvent agitée. Aux heures de lucidité, il savait prier avec la foi et la simplicité de l’enfant, les prières les plus simples: le Pater, lave Maria qu’il disait tous les soirs, avec quelques invocations et un beau signe de croix. Il demandait aussi lui-même la communion. Et un soir, c’était le 22 juillet 1988, il chante en entier le Salve Regina qu’il avait si souvent joué à l’harmonium en l’honneur de Notre-Dame. Le Frère Léon Strobel s’est endormi dans la paix du Seigneur le dernier jour de l’été, le 21 septembre 1988, dans l’octave de Notre- Dame des Sept Douleurs, patronne de la mission d’Orient. Comme pour offrir par elle au Père, en prémices d’automne, les fruits mûrs de sa longue souffrance. Que la Vierge accueille son enfant et le présente à la miséricorde de son divin Fils » (1). (1) Citation extraite du curriculum retracé par le P. David purent le jour des obsèques du Frère Léon Strobel à Lorgues.

Bibliographies

Bibliographie et documentation Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 32-33. Assomption-France, Nécrologie année 1988, p. 144. Témoignage et currriculum du Frère Léon Strobel par le P. David Laurent, Lorgues, 1988. Lettre du Frère Léon Strobel au Frère Gérald Ray, Ankara, 5 janvier 1963. Notices Biographiques