Libermann (Georges) WEISSHAAR – 1888-1913

Communauté de San Remo,
1913.
« La communauté de San Remo, au 10 décembre 1913, se compose du P. Ferréol
Poux- Berthe supérieur, du P. Marie- Léon Poujoule, du P. Marie- Pierre
Vassel, du P. Amédée Ollier, du P. Guillemin
Guillemin, du P. Artémon Serin, du P. Charles Vitel, du P.
Marie-Auguste Leclerc, du Frère Victorien Planté et du Frère Ernest
Meurisse. Trois religieux profès dont un prêtre ont paru devant Dieu
l’année
1913, Elisée Paillé, Libermann Weisshaar et Burgard Burgard. Ces morts
successives frappent assez les Pères et Frères obligés de rester à San
Remo. Il paraîtrait même qu’on a peur de devoir être envoyé ici, car, dit-
on, c’est le signe qu’on est condamné à mort. Au point de vue vie
religieuse, je crois pouvoir dire que tous les religieux sont fervents,
réguliers. La vie de charité est grande. L’office est récité aussi
régulièrement que possible. Même récités en particulier, tous les offices
ont lieu à la chapelle. Pour l’heure de la méditation, l’heure en est
laissée
à la discrétion de chacun, l’heure du lever étant facultative ».

Rapport du P. Ferréol, 10
décembre 1913.

Religieux alsacien. Un destin abrégé par la tuberculose. Georges Weisshaar (1) est né le 9 mars 1888, à Haguenau en Alsace, alors sous occupation allemande. A l’âge de 19 ans, il entre à la maison de vocations tardives de Sart-les-Moines en Belgique. Il y reste trois ans (1907-1910) et entre au noviciat de l’Assomption, alors établi à Gempe. Sous le nom de Frère Libermann (2), il prend l’habit religieux le 14 août 1910. Il prononce ses premiers vœux en août 1911 et passe sa seconde année de noviciat, comme c’est alors la coutume, dans la maison d’œuvres, à Locarno en Suisse. C’est à Limpertsberg, au Grand-Duché de Luxembourg, qu’il émet ses vœux perpétuels, le 15 août 1912. Il revient à Locarno. Un rhume négligé dégénère bientôt en bronchite et le Frère Libermann est même obligé de cesser tout travail. Vers la mi-février, le Directeur du collège l’adresse à la maison de repos de San Remo, sur la riviera italienne, en précisant que sa maladie n’est qu’un commencement facile à soigner. Mais la tuberculose le travaille et ne tarde pas à gagner les intestins si rapidement qu’elle mine le malade au point que la médecine le déclare perdu dès le mois de mai 1913. On essaie en vain tous les remèdes. Le Frère demande sa guérison au Sacré- Cœur, à Notre-Dame de Lourdes, au P. d’Alzon. Il désire vivement faire partie du groupe des malades du pèlerinage national, mais ce désir ne peut être exaucé. Ses deux derniers mois sont pénibles. Le 3 septembre 1913 le sacrement des malades lui est administré. Frère Libermann est un homme plutôt silencieux de nature, d’aucuns le trouvent même taciturne. Il ne parle presque pas et ceux qui le soignent ou le visitent sont souvent obligés de faire les frais de la conversation. Jamais une plainte ne sort de ses lèvres. Il se prépare ainsi à faire généreusement le sacrifice de sa vie, Page :373/373 voulant ainsi, semble-t-il, enfouir le secret de ses occasions de mérite. Il ne se départit jamais de ce silence sauf pour dire un mot aimable et reconnaissant au P. Guillemin qui le soigne durant plus de quatre mois avec un dévouement ininterrompu. Le P. Ferréol, son supérieur à San Remo, résume les derniers moments du Frère Libermann en remarquant qu’ils vérifient exactement les paroles des Saintes Ecritures qui sont lues à l’office des Martyrs:justorum animae in manu Dei sunt et non tanget illos tormentum mortis. Il n’apparaît jamais ni troublé ni inquiet parce qu’il est réellement dans la main de Dieu. Et peut-on ajouter avec saint Augustin à son sujet: Christianus patienter vivitur et delectabiliter moritur. Le chrétien vit dans la patience et meurt dans la joie. Bien qu’en ces derniers instants, cette mort si calme, si douce, nous portent à croire que Dieu aura accueilli son âme, je vous prie de faire accomplir au plus tôt les prières fixées pour nos Frères défunts. Le Frère Libermann, jeune profès âgé de 25 ans, meurt dans l’après-midi du 10 septembre 1913 (3). Il est inhumé à San Remo, huit mois environ après la mort du Frère Elisée Paillé (4). (1) Telle est bien l’orthographe correcte de son nom, comme celle du nom de son cousin, parfois transcrits dans les documents ‘Weishaar’. (2) Libermann est en fait le nom du P. François-Marle-Paul, refondateur des Pères du Saint- Esprit et du Cceur Immaculé de Marie au XIXème siècle. Né en avril 1804 à Saverne (Alsace), ce religieux vient d’être déclaré vénérable le 18 juin 1910. Georges Weisshaar est le cousin du futur Père Libermann lequel, en reprenant son prénom comme religieux en 1916, reconnaît sa dette envers lui et lui assure ainsi une sorte de postérité spirituelle. (3) Telle est la date retenue généralement sur les nécrologes. Cette date est celle de la circulaire du P. Ferréol Poux-Berthe qui précise que le Frère Libermann s’est éteint pieusement en la fête de saint Nicolas de Tolentino, Ernùte Augustin de l’Ordre des O.S.A. (1245-1305), effectivement célébrée au 10 septembre. (4) A San Remo, sont déjà inhumés avant le Frère Libermann les religieux suivants: P. Armand-Gabriel de Combes (1906), le P. Gonzalve Dulout (1911), le P. Marie-Paul Fournier et le Frère Elisée Paillé (1913). Le Frère Libermann est suivi dans la tombe par le P. Burgard Burgard (octobre 1913). D’après une note du P. Wilfrid Dufault, 15 juillet 1966. Page :374/374

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1914, n° 204, p. 10-11. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Circulaire du P. Fërréol Poux-Berthe, 10 septembre 1913.