Libert (Bertin) MOREEL – 1878-1906

Rétrospective. « Frère Libert Moreel, mort à la maison d’études de Louvain
le 3 mai
1906, avait été soigné par le docteur Denis, de Louvain. Il s’était dépensé
à organiser la bibliothèque de Louvain avec beaucoup de zèle et de talent.
Il était doué et bon. Malade de la poitrine, comme son frère,
le Frère Innocent, mort le 11 décembre 1896, il avait un frère plus âgé, P.
Simplicien, qui passa presque toute sa vie en Orient et mourut
assomptionniste le 19 juillet
1939 et un frère plus jeune, Marie-Innocent qui quitta l’Assomption, fut
accueilli par Mgr Chesnelong dans le diocèse de Sens, ou il s’ennuya
beaucoup. Les parents des Moreel étaient de braves gens qu’un supérieur
amena à Taintegnies comme domestiques. Cela marcha
bien tant que le supérieur, le P. François Mathis, et son successeur le P.
Eustache Pruvost, furent là. P. Philippe Paisant, professeur, prit en
grippe les Moreel. Ils se vexèrent. Là surgirent de nouveaux froissements.
Le Frère Libert avait une barbe magnifique, dorée et très longue. Quand
vers 1912 on ouvrit son cercueil au
cimetière de Parc, elle avait encore grandi, mais il ne restait quasi rien
de son corps
». Merklen.

Religieux français.

Le troisième de la fratrie.

Né le 21 mars 1878 à Vieux-Berquin (Nord), d’une famille dont trois enfants allaient devenir assomptionnistes, Bertin suit à l’alumnat de Mauville (Pas-de-Calais), le 1er septembre 1890, ses deux frères qui l’ont précédé. Ses études de grammaire s’achèvent à Taintegnies en Belgique (1891-1894) qui prend la relève de Mauville avant la première guerre mondiale. C’est une ancienne fabrique qu’il convient d’approprier à sa nouvelle fonction, dont il faut assainir les salles, niveler la cour, remettre en état le jardin. Bertin n’est pas le dernier pour prêter son concours. Il est doué d’une solide santé et montre un grand sens pratique. Puis il vient à Clairmarais (Pas-de-Calais) pour faire ses humanités (1894-1896). Son application au travail, son bon esprit et sa solide piété lui font conquérir sans peine l’estime de tous. Entré à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) en septembre 1896, sous le nom de Frère Libert, il va à Phanaraki en Turquie achever son temps de formation religieuse. Profès annuel en 1897, il reçoit la direction de la petite école jointe au noviciat. Profès perpétuel le 6 septembre 1898 à Phanaraki, le Frère Libert est envoyé dès le lendemain à l’alumnat de Karagatch. Durant quatre années (1898-1902), il se dévoue à l’école-petit séminaire Saint-Basile avec un grand zèle et beaucoup d’entrain, dirigeant le patronage, créant une bibliothèque populaire. Obligé à cause d’une pleurésie de rentrer dans son pays natal, il vient à Louvain en 1902 pour y achever sa préparation au sacerdoce. Il se met au travail avec ardeur, donne beaucoup de son temps et de son énergie à organiser la bibliothèque de la maison d’études. Ordonné diacre le 9 juillet 1905, il attend avec impatience le sacerdoce, mais par suite de la maladie, il doit y renoncer.

Dans des sentiments de parfait abandon, le Frère Libert meurt le 3 mai 1906, à l’aube de sa 29ème année. Son corps est inhumé au cimetière des Prémontrés, de l’abbaye de Parc, à Louvain.

Un religieux reconnaissant.

« Je suis heureux de pouvoir vous souhaiter une bonne et sainte fête de l’Assomption. Demain communion et prières seront pour notre chère famille religieuse et particulièrement pour la communauté de Louvain dispersée et pour celui qui la dirige avec tant de bonté et de dévouement. Oui, mon bien cher Père, merci! Puissent mes humbles prières vous obtenir quelque bénédiction nouvelle pour vous et pour la communauté dont vous avez la charge. Puisséje n’être jamais pour vous l’occasion de quelque ennui. Je vous dois aussi un merci pour m’avoir permis de prolonger un peu mon séjour auprès de mes parents. La besogne n’a pas manqué, mais le plus grand travail est fait. Il est vrai que pouvoir travailler en cette occasion pour mes chers parents est pour moi un repos. La maison habitée par mes parents est bien exposée au grand air, assez grande, avec jardin et des étables qui leur permettraient de tenir quelques bêtes. Nous faisons en ce moment des démarches pour louer un champ qui se trouve à proximité de la maison où mes parents trouveront à s’occuper, sans avoir à Mer trop souvent à la journée, ce que leur santé ne leur permet plus de faire. Je remercie Dieu de les avoir retirés de ce petit enfer de Maroeuil où ils avaient tant à souffrir. Vous m’avez parlé de pèlerinage à Lourdes, j’irai volontiers. Je resterai volontiers. Il ne me sera donc pas bien pénible de me soumettre à votre décision à ce sujet. Demain grande procession à la paroisse, on y porte le St- Sacrement. Daignez agréer avec mes meilleurs vœux et souhaits de bonne fête mes sentiments respectueux et reconnaissants »

Lettre du Frère Libert Moreel au P. Merklen, Taintegnies, 14 août 1903.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1906, n° 114, p. 87-88; n° 115, p. 102-106. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Carnets du P. Merklen: ACR i 507, p. 2-3. Du P. Libert Moreel, dans les ACR, quelques correspondances au P. Merklen et au P. E. Bailly (1903-1904).