Louis-Bernard DUSSERRE – 1926-1995

Impressions d’ un jeune missionnaire.
« Mardi 17 décembre [1963], à 14 heures précises, après une croisière assez
tourmentée qui m’a permis de contempler Naples et de visiter l’Acropole à
Athènes, les quelques rares passagers du San Marco découvraient Istanbul,
hélas!
un peu morne à cause de la brume. Cependant le décor est magnifique avec
les minarets qui s’élancent partout vers le ciel. La mer était houleuse, à
tel point que le bateau qui dessert Kadi-Keuï nous a laissés, le P. Jacob
Xavier et moi, à Haïdar-Pacha. A
16h30, avec mon guide qui heureusement parle turc, j’arrivais à
destination. Le P. Laurentien [Lemaître], tout heureux de recevoir un
compagnon plus jeune, m’accueillit très paternellement. Il porte avec
beaucoup de courage sa charge délicate auprès des Frères des Ecoles
chrétiennes,
malgré ses 81 ans. Il doit avoir une bonne santé pour avoir tenu plus de 50
ans, car le climat, je m’en aperçois, est assez dur en hiver… Hier
dimanche, première prise de contact avec mes paroissiens: je pense qu’elle
n’a pas été mauvaise ni pour eux, ni pour moi. Il y a un peu d’Italie dans
la piété d’Orient… ».
Louis Dusserre.

Louis-Bernard DUSSERRE

1926-1995

Religieux de la Province de France.

Deux Frères à l’Assomption.

Louis Dusserre est né le 27 octobre 1926 à Saint- Romain en jarez, dans la Loire, à mi-chemin entre Saint-Etienne et Lyon. La famille compte 5 garçons dont deux vont entrer à l’Assomption Louis et Pierre. C’est à Miribel-les-Echelles (Isère) où leur père, François, est instituteur libre dans une des écoles primaires de la commune, qu’ils font connaissance avec la famille de l’Assomption. Les études de Pierre et de Louis se déroulent de 1939 à 1945 dans les alumnats de Saint-Sigismond (Savoie) et de Miribel (Isère). Louis prend l’habit religieux au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime) le 29 septembre 1945. Il y fait profession le 30 septembre 1946, de même que son frère, Pierre, son aîné de deux ans. « Soigné et distingué, le Frère Pierre se montre très ouvert et confiant dans ses relations avec ses confrères. Ses goûts personnels le portent vers la presse et la sociologie. Ses moyens intellectuels sont bons. Il aime participer aux séances récréatives; de caractère agréable, il est bien accepté par ses confrères ». Ses trois années de philosophie (1946- 1949) à Scy-Chazelles (Moselle) sont suivies du service militaire en 1949-1950. Le Frère Louis devient profès perpétuel le 8 décembre 1951. Au terme de la troisième année de théologie, il est ordonné prêtre à Lyon, le 29 juin 1933. Il termine ensuite ses études à Lormoy (Essonne), dans la banlieue parisienne (1953-1954).

Au gré des obédiences.

La première obédience envoie le P. Louis en 1954 en Algérie pour enseigner au collège de Bône, aujourd’hui Annaba. La présence des religieux enseignants est liée à celle des colons français.

On comprend sans peine que cette période d’enseignement du P. Louis en Algérie, alors que commence le conflit ouvert entre les indépendantistes et les partisans du statu quo colonial, ait mis à rude épreuve ses nerfs. Consciencieux, appliqué, le P. Louis est un homme sensible qui ne peut rester indifférent au drame de ces milliers de familles ballottées par les circonstances entre les deux rives de la Méditerranée. Inauguré en 1949, le collège d’Alzon ferme ses portes en 1963, un an après la déclaration d’indépendance (1962). En 1963, le P. Louis est nommé en renfort à la communauté de Kadi-Keuï, en Turquie, d’où il rentre l’année suivante pour raison de santé. Après un temps de repos à la maison provinciale de Lyon, il est nommé en février 1963 à l’alumnat Sainte-Jeanne d’Arc à Scy-Chazelles (Moselle). En septembre 1973, il rejoint la communauté de la rue Sainte-Perpétue :à Nîmes où il assure un service de catéchèse. L’enseignement n’est pas sa seule préoccupation: « Tout en se donnant sérieusement à ses activités de professeur, il tient absolument à consacrer ses dimanches à l’apostolat paroissial, à Sainte-Thérèse de Bône puis à Longeville-les-Metz. De ces activités pastorales et de ses deux ans de catéchèse à Nîmes (Gard), il garde le meilleur souvenir ». En 1975, le mal finit par avoir raison de sa force de volonté: le P. Louis souffre de dépression. C’est alors que le P. Louis se retire à Lorgues (Var) où il va demeurer 20 ans, mais il tient à rendre service dans les paroisses, avec alternance de temps de repos et de travail pastoral. Les 15 dernières années sont accaparées par des temps de repos complet et même de soins intensifs. Il meurt dans la soirée du mardi 28 mars 1995, au cours de son transfert à l’hôpital, à la suite d’un infarctus. Il n’a que 69 ans. La mort ne l’effraie pas, il l’attend comme la lumière d’une résurrection. Dans son testament spirituel, n’a-t-il demandé qu’à ses obsèques, au lieu de l’homélie, les participants écoutent en silence l’Alleluia du Messie de Haendel, comme la meilleure hymne à la gloire de la Résurrection? C’est son frère, le P. Pierre, chargé de la paroisse voisine du Thoronet, qui préside la cérémonie des obsèques, à Lorgues le 31 mars. Se sont joints à la communauté des membres de la famille, des prêtres et des paroissiens du doyenne. Le corps du P. Louis repose dans la chapelle mortuaire de Lorgues, au creux du vallon, dans la propriété.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 19-94-1995, p. 76-77. Nécrologie France, année 1995, p. 306-307. Jeunesses (Institut Marie Médiatrice de Bure), 1964 n° 3, p. 10-11. Dans les ACR, deux correspondances (1963). Notices Biographiques