Louis de G. (Louis-Joseph-Victor) DURGET – 1913-1986

Plaidoyer pour une vie religieuse ‘aménagée’
« Je désire être maintenu en position isolée de ma Congrégation,
c’est-à-dire exclaustré ou rendu au clergé séculier. Le fait d’avoir été
six ans seul dans une paroisse très éloignée en Tunisie, puis le même fait
renouvelé durant
4ans en Côte d’Ivoire, me prouvent que je suis incapable de vivre avec des
confrères. L’impossibilité que j’ai montrée à Aboisso de m’entendre avec un
excellent et très délicat supérieur, le P. Chardon, le refus –justifié par
mon mauvais caractère – de la part du P. Provincial de Lyon
[Noë Bugnard] de me donner un confrère pour Adiaké [P. Roland Sourceaux]
malgré mes supplications répétées, tout cela me conduit à ne plus vouloir
rentrer en
communauté. Je suis conscient de mon originalité, de mes méthodes
pastorales propres et de tout ce qui me rend incapable de m’astreindre à la
vie commune. Je demande
donc mon Père, une autorisation d’absence prolongée et en fait la requête
officielle auprès de vous pour obtenir de la Congrégation romaine une
situation canonique normalisée ». Louis Durget, Montigny-les- Cormeilles,
19 juillet 1967.

Louis de G. (Louis-Joseph-Victor) DURGET

1913-1986

Religieux de la Province de France.

Des premiers pas affirmés.

Louis-Joseph-Victor Durget est né le 16 décembre 1913 à Scey-sur-Saône-et-Saint Albin, commune de Haute-Saône au diocèse de Besançon, dans une famille nombreuse (onze enfants). Il entre au petit séminaire assomptionniste, dit alumnat Ste Jeanne d’Arc à Scy-Chazelles (Moselle) pour ses études de grammaire (1924-1927), puis à l’alumnat de Notre- Dame du Rosaire à Miribel-les-Echelles (Isère) pour les études d’humanités (1927-1929). Il revêt l’habit religieux le 27 octobre 1929, à 16 ans, de nouveau à Scy-Chazelles, mais à la maison voisine de Saint-Jean où il fait profession le 28 octobre 1930 sous le nom de Frère Louis de Gonzague, nom raccourci usuellement en Frère Louis. Son maître des novices, le P. Savinien Dewaele, l’estime beaucoup: « Excellent novice d’une sincérité parfaite, d’une piété forte, d’un caractère parfois porté à la tristesse ou à la mélancolie. Il a vaincu plusieurs tentations, suite à des pressions de sa famille de le faire entrer au séminaire ». Le Frère Louis accomplit à Scy deux années de philosophie (1930-1932). On lui demande le service du professorat à Saint-Sigismond (Savoie) en 1933, avant le temps du service militaire (1934-1935). Pour les études de théologie, le Frère Louis se rend à Lormoy (Essonne), de 1936 à 1939. Il prononce ses vœux perpétuels le 21 novembre 1936 et il est ordonné prêtre le 26 février 1939. En juin 1939, ses supérieurs le désignent comme missionnaire en Mandchourie, relayant le désir exprimé du P. Louis pour la mission lointaine. Mais la guerre interdit tout départ et le P. Louis, changeant le froc de religieux pour l’habit ‘bleu horizon’, se retrouve au front, pendant la période dite de ‘drôle de guerre’. Il est fait prisonnier et n’est libéré qu’en 1942.

Il peut alors assumer temporairement une année de professorat au collège de Briey (Meurthe- et-Moselle). En 1944-1945, on retrouve le P. Louis à Lyon pour des études supérieures, en même temps qu’il fait fonction d’aumônier au maquis et de chapelain à Notre-Dame de Fourvière.

Un missionnaire ardent.

Durant 18 ans, enfin, selon son désir, le P. Louis peut se rendre en terre de mission: la Tunisie d’abord de 1946 à 1957 comme professeur au collège Saint-Louis de Sidi Driff (1946-1950), puis comme curé à la paroisse de Tunis-Belvédère (1950-1957), la Côte d’Ivoire ensuite, au collège Notre-Dame d’Afrique d’Abidjan (1957-1958) et la brousse dans le secteur d’Aboisso (1958-1964). Cette vie de pastorale en brousse lui convient parfaitement: vie d’aventures, de voyages en forêt, d’initiatives de toutes sortes. Durant ses années de mission, le P. Louis construit trois églises, une en Tunisie dédiée à Notre-Dame de l’Annonciation, deux en Côte d’Ivoire dont une sous ce même patronyme. Mais la maladie en 1964 a raison de sa nature solitaire, intrépide, volontaire. Le P. Provincial de Lyon, le P. Noël Bugnard, résume ainsi la situation: « Le P. Durgot, en mission, a dépensé beaucoup de zèle et ruiné sa santé, partant pour de longues journées à pied dans la brousse et mangeant à la fortune de la route, c’est-à- dire très mal, très irrégulièrement, des aliments indigènes très épicés ». De retour en France, le P. Louis est opéré à Paris de l’œsophage. Il est soigné à Lorgues (Var) et à Chanac (Lozère), mais demande impérativement un travail ministériel. Très amaigri, il ne cesse d’écrire à des évêques pour un poste missionnaire, toujours refusé à cause de son état de santé. Il est successivement vicaire à Montigny-les-Cormeilles (Val-d’Oise), Mont-Saint-Martin (Meurthe- et-Moselle) et Autun (Saône-et-Loire) de 1966 à 1969. Ce n’est qu-en septembre 1971 qu’il trouve un poste stable dans le diocèse de Grenoble, au secteur de La Tour-Pin avec résidence à Bizonnes (Isère). Il y reste 15 ans (1971-1986), fier de son bulletin ‘Les Trois Villages’, aimé de ses paroissiens. Le P. Louis vient à Lorgues le 23 septembre 1986, pour mourir le 11 novembre suivant à l’hôpital de Draguignan, suite à une hémorragie interne. Ses obsèques sont célébrées le 13 novembre.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 140-141. Assomption-France, Nécrologie n° 5, année 1986, p. 117-118. Correspondances dans les ACR (1945-1967). Notices Biographiques