Louis de Gonzague (M.-L.-J.) MASSAULT – 1873-1929

Nérondes, 11 janvier 1916.
« Je viens de lire dans la Dispersion le récit de mon départ de la rue
Camou. Est-ce possible de dire des choses pareilles? Je vois et entends
d’ici les réflexions du Père Général à la lecture de ce
récit: ‘Mais enfin il n’y a que ce Frère Louis! Frère Louis par-ci, Frère
Louis par-là, comme si c’était lui qui conduit tout dans la
Congrégation’. Aussi comment vais-je faire pour me disculper? Je dirai que
je n’ai fait que mon devoir, et bien petitement, jusqu’à mon
départ. C’est égal, vous n’auriez pas dû mettre des choses pareilles à mon
actif. Comment avec votre bras malade, pouvez-vous donner de tels coups
d’encensoir! Je vous accuse réception d’un paquet recommandé reçu hier,
contenant de bonnes choses. Mes remerciements à vous et à ma discrète
marraine de
guerre. A l’ouverture du colis, j’ai entendu des réflexions du genre:
‘Tiens, tu es de baptême, toi?’ou bien ‘On se marie chez toi?’. Je me
tordais intérieurement pendant que nous grignotions tous ensemble le
délicieux contenu».

Frère Louis pour la Lettre à la
Dispersion.

Religieux de la Province de Paris.

Un homme doué de ses mains et très dévoué.

Marie-Louis-Joseph Massault naît à Blois (Loiret- Cher), le 1er avril 1873. Il commence ses études primaires chez les Frères des Ecoles Chrétiennes (1878-1882). Comme il manifeste le désir d’une vie sacerdotale, ses parents le font entrer au petit séminaire de Blois (1883), mais l’institution ferme en 1883 et le jeune homme est à nouveau confié aux Frères (1883-1886). Ses parents ayant déménagé à Paris, il est mis en apprentissage chez un pâtissier, Avenue des Champs-Elysées. Il fait plusieurs maisons-. l’Union artistique, Boulevard de La Madeleine, et rue Jean Goujon chez le Comte de Leusse. De là il fréquente la chapelle de la rue François 1er et fait la rencontre du P. Maximin Vion qui lui fait connaître l’Assomption. Le 20 février 1893, après un temps de probation, il entre au noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis), le 20 février 1893, à 20 ans, sous le nom de Frère Louis de Gonzague et sous la conduite du P. Athanase Vanhove. Après trois mois de postulat, il peut prendre l’habit le 14 juin suivant Dès le lendemain, il est envoyé au noviciat de Phanaraki (Turquie) où il ne reste que trois mois sous la direction du P. Ernest Baudouy, avant d’être envoyé à Koum- Kapou avec le P. François Mathis (1893-1896). Il prononce ses premiers vœux de religieux convers à Brousse, le 8 décembre 1896: il va y passer huit ans (1896-1904). Le P. Xavier Martin qui y est son supérieur, trouve en lui une forte collaboration. Toujours en quête d’inventions, malgré le regard soupçonneux des Turcs, ce supérieur original entend défendre le bas de la propriété contre le cours tumultueux du Déré. Il n’hésite pas avec l’aide du Frère à construire un véritable mur cyclopéen que les Turcs dénoncent auprès de l’ambassade française, prétextant qu’il s’agit d’un quai fluvial!

Excellent en tout, le Frère Louis tient la cuisine, le jardin, les cordons de la bourse et se découvre même des aptitudes musicales pour le piston. Il devient un maillon clé de la chorale du collège que dirige le Frère Sévérin Azéma. Le Frère Louis prononce ses voeux perpétuels à Brousse, le 25 décembre 1901. En 1904, le P. Emmanuel Bailly appelle le Frère Louis à Rome pour les services de la maison généralice (1904-1914). Bras droit de l’économe, le Frère Louis, cuisinier en chef, veille aussi à l’entretien de la maison, fait les courses, remplace les religieux chantres à Saint-Venance quand ils sont en vacances. Il est devenu un vrai Romain, parlant couramment l’italien, s’intéressant à la Ville éternelle, à ses souvenirs, à ses monuments, à ses cérémonies, mettant à profit ses quelques temps libres pour découvrir les moindres curiosités. Quand la première guerre éclate, le Frère Louis est mobilisé, principalement comme brancardier, jusqu’au 15 mars 1919 (avec une année d’interruption en 1915). Il a aussi l’occasion en cette année ‘libre’ de 1915 de se mettre au service des religieux mobilisés en faisant de la résidence rue Camou un véritable centre d’accueil pour eux. Quand il est enfin démobilisé, le Frère Louis rejoint la rue Camou à Paris où il s’installe définitivement et se consacre au service de tout le monde. accueil, courrier, expédition, pèlerinages… Il trotte dans Paris avec son éternel sac noir sur le dos qui fait partie de son costume. Il meurt en clinique (rue de Turin), le 6 mars 1929, à l’âge de 56 ans, ayant fait partie pendant dix ans de la communauté de la rue Camou (1919-1929). Opéré d’un ulcère au pilore, il est victime d’une péritonite imprévue. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse.

Traits de vie.

«Le frère Louis avait un cœur d’or. Il a passé sa vie à de dévouer pour tous ses frères. Son bonheur était de faire des heureux et vous savez mieux que moi qu’il ne s’épargnait pas pour y arriver. Il m’écrivait encore le 2de ce mois, la veille d’entrer à la clinique: ‘Priez pour que l’opération réussisse et que je rempile encore jusqu’à 99 ans pour continuer à me dévouer’. Je n’aurai jamais cru le voir sur la liste des défunts quelques jours après, car il me parlait encore sur un ton de plaisanterie. J’ai débuté avec lui ma vie religieuse. Que j’ai eu tort de ne pas le suivre jusqu’au bout dans la vie religieuse !» d’après le témoignage d’un ami, Elisée Delaporte, Morienne, 10 mars 1929.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1929, no 298, p. 40-41; no 299, p. 54-55; no 301, p. 69-84. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 398-410. L’Assomption, 1930, no 343, p. 217-221. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du Frère Louis de Gonzague Massault, correspondances (1911-1927).