Louis de Monfort (Edouard-P.) ROUAULT – 1846-1907

Bordeaux, 1901.
Permettez-moi de vous rendre compte de ce que j’ai fait depuis que nous
avons eu la joie de vous voir et après ma lettre du 28 août dernier.
Conformément à vos décisions, j’ai trouvé sur Caudéran, près des Dames du
Sacré-Coeur et du collège des Marianistes, un modeste logement où cependant
4 ou 5 de vos enfants pourraient loger, si le bon Dieu nous donnait bientôt
des jours meilleurs. M. de Montcheuil veut bien faire lui-même cette
location en faveur de l’Assomption qu’il aime tant.
J’y resterai dans le silence et la prière durant les jours que je ne
passerai pas dans ma famille. Je suis à la disposition de M. Faye pour les
diverses procédures qui peuvent encore avoir lieu. Il demande que l’on
mette un écriteau sur l’Alhambra, indiquant ‘maison
à vendre ou à louer’. Jeudi dernier j’ai vu son Eminence
(3) qui m’a reçu de la façon la plus paternelle. Il m’assuré qu’il veut
bien me conserver dans son diocèse au titre de prêtre libre. Lundi prochain
j’espère voir Mgr de Poitiers
(4) de qui j’obtiendrai aisément mon exeat, délivré du reste il y a 12 ans
par l’évêché! Druart (5) doit vous écrire sur la maison ».

Notices Biographiques A.A

Religieux français. Une vocation diocésaine, de l’entourage de Mgr Pie. Né le 8 mai 1846 à La Chapelle-Saint-Laurent (Deux-Sèvres), Edouard-Pierre Rouault se destine d’abord au service de son diocèse de Poitiers (1). Il fait son petit séminaire à Montmorillon (Vienne) et son grand séminaire à Poitiers où il est ordonné prêtre le 24 octobre 1869. Ami intime de Mgr Pie, il l’accompagne au concile de Vatican 1. Nommé à son retour curé de Saint-Amand-sur-Sèvre, il exerce son ministère dans le cadre diocésain jusqu’en 1890, se chargeant de construire de nombreuses écoles. Entrée dans la vie religieuse. C’est alors qu’il demande à entrer dans la vie religieuse à l’Assomption. Il accomplit ses deux années de noviciat à Livry (Seine-Saint-Denis) où il prend l’habit le 25 avril 1890, à 44 ans et le nom de Père Louis-de-Montfort, en souvenir de ses origines vendéennes. Une figure du clergé bordelais. Aussitôt après sa profession perpétuelle, à Livry, le 25 avril 1892, il est envoyé à la maison de Bordeaux (Gironde) pour la fondation du couvent de Notre- Dame de la Pitié dans l’ancien théâtre de l’Alhambra (ler mai 1892), ce qui constitue un tour de force étonnant pour l’opinion et la mentalité de la ville où les controverses politico-religieuses sont très vives. Le P. Louis-de-Montfort se livre avec succès à toutes les activités qui entourent la chapelle et les oeuvres liées à l’Alhambra. Il est particulièrement chargé des enfants et des apôtres du Salut, développe l’œuvre du Pain de Saint-Antoine avec l’aide d’un Père Capucin de Toulouse, le P. Marie- Antoine, et favorise la dévotion au Sacré-Cœur. En peu d’année, les Assomptionnistes s’adonnent dans la capitale bordelaise à une action apostolique très vigoureuse, A.A ce qui accrédite dans l’opinion publique leur image de religieux apostoliques conquérants et hyper-actifs, là où d’autres par comparaison sont plutôt regardés comme orateurs ou même seulement discoureurs. L’œuvre du Pain de Saint-Antoine assure une distribution mensuelle de secours aux pères de famille nécessiteux et l’on n’estime pas à moins de 300-000 francs les ressources distribuées par le P. Louis-de-Monfort. A ces distributions de secours matériels, il adjoint un secrétariat du peuple, un service de consultations médicales et judiciaires et un autre de secours à domicile. L’Alhambra est connu également pour ses nombreuses activités d’animation publique: cercle d’études, oeuvres de jeunesse, théâtre chrétien, catéchisme du dimanche pour les enfants des écoles laïques, diffusion des revues de la Bonne Presse. Il n’est dès lors pas très étonnant que le style offensif de ces religieux les désigne en 1899 à la vindicte des courants républicains anticléricaux, travaillés par les Loges Maçonniques, qui entendent juguler leur influence multiple. Quelques semaines seulement après la création d’une Croix locale, la Congrégation des Assomptionnistes est dissoute par les tribunaux. En 1901, le P. Louis-de-Montfort doit se retirer de toute activité. Il trouve un logement à Caudéran, s’adonnant à un ministère d’aumônerie auprès des Dames du Sacré-Cœur. Il meurt à Bordeaux le 4 mars 1907, à l’âge de 61 ans. Ses obsèques sont célébrées dans l’église Saint-Bruno de la ville (2). Le P. Louis-de-Monfort est inhumé dans le cimetière de Bordeaux. (1) Le diocèse de Poitiers recouvre les deux départements de la Vienne et des Deux-Sèvres. (2) Cette église du XVIIème siècle est célèbre pour ses peintures italiennes et le mausolée du Marquis de Sourdis. (3) Il s’agit du Cardinal Victor-Lucien-Sulpice Lecot (1931-1908), archevêque de Bordeaux depuis 1890, créé cardinal en 1893. (4) En 1901, l’évêque de Poitiers est Mgr Henri Pelgé (1837-1911), évoque du diocèse depuis 1894. (5) Il s’agit du P. Ignace Druart, A.A. (1852-1913).

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Lettre à la Dispersion, 1910, n° 68, p. 271. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. L’Assomption, 1907, n° 124, p. 58-59. Circulaire du P. Emanuel Bailly n° 34 dans tome I, p. 328-329. Le Correspondant des Alumnats, avril 1907, n° 4, p. 67-68 et mai 1907, n° 5, p. 82-84. Lettre du P. Louis-de-Montfort Rouault au P. François Picard, Bordeaux, 10 septembre 1901. Dans les ACR, du P. Louis-de-Montfort Rouault, quelques correspondances (1892- 1901). Notices Biographiques