Lucien (Camille-Ernest) SCHAFFNER – 1908-1983

Soucis d’un Provincial.
« Je me dois de vous donner des nouvelles des ‘enfants prodigues’ de la
Province de Lyon…
Concernant le P. Lucien Schaffner, la formule de vivre en dehors de la
communauté sans être détaché de la Congrégation nous convient parfaitement,
de préférence à un indult de sécularisation praevio experimento. Le P.
Lucien est un malade des nerfs, mais c’est un prêtre zélé d’ailleurs, mais
auquel il manque un peu d’équilibre. Je comprends les réticences de
l’évêché de Strasbourg de l’incorporer. Une lettre assez
récente de l’évêché de Langres me dit qu’on n’y souhaite pas son retour. Le
Père, lui, ose encore l’espérer. Mais je crois qu’il est de notre devoir de
l’aider à se soigner. Lui-même a écrit en 1960 qu’on lui obtienne un indult
d’exclaustration ad tempus pour raison grave de santé, avec à l’appui un
certificat médical de la faculté de Médecine de Strasbourg. Pendant toute
une période, grâce à l’aide fraternelle du P. Berger, il a pu trouver un
emploi dans le ministère rural. J’espère que par ailleurs vous avez bien
reçu le double du contrat d’Abidjan que je vous ai envoyé ».
P. Noël Bugnard.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Une vie tourmentée. Carnille-Ernest Schaffner est né le 26 juillet 1908 à Bitschwiller-les-Thann, dans le Haut-Rhin, en Alsace, au diocèse de Strasbourg. Après avoir été scolarisé à Thann (1920-1926), avoir travaillé dans une entreprise de dessin industriel et après avoir accompli ses obligations militaires (1929-1931), il vient faire des études secondaires à la maison des vocations tardives de Saint-Denis (Seine-Saint- Denis), sous la direction du Père Didier Nègre, de 1933 à 1935. Son père, Joseph, est décédé en 1927 et sa mère, Marie, née Heidet, le laisse libre de poursuivre son chemin de vie. Camille entre au noviciat de Nozeroy (Jura), le 29 septembre 1935, sous la direction du P. Gausbert Broha. Il prend le nom de Frère Lucien et prononce ses premiers vœux à Nozeroy, le 30 septembre 1936. Il se rend ensuite aux différents scolasticats de formation, pour les études de philosophie et de théologie, à Scy- Chazelles (Moselle), à Lormoy (Essonne) et à Layrac (Lot-et-Garonne). C’est dans cette dernière localité qu’il est ordonné prêtre le 6 septembre 1942. C’est à Lormoy qu’il a prononcé ses vœux perpétuels, le 6 janvier 1940. Le P. Athanase Sage, supérieur, le décrit comme un .religieux de vocation tardive, sérieux, dévoué, qui donne entière satisfaction. C’est un homme très pieux, d’une intelligence très ordinaire, mais d’une grande vivacité pour les choses pratiques. Il est un peu gêné par sa très vive nervosité. Sans doute le Père Lucien n’est-il guère fait pour l’enseignement., il n’est professeur à Saint-Sigismond (Savoie) que de 1943 à 1946, avant de devenir curé de Cevins (Savoie), de 1946 à 1948. Il est de santé fragile. Tout en se dévouant de tout son coeur aux différents postes qui lui sont confiés, il réussit difficilement à s’y épanouir, tant il est de nature timide et nerveux. A.A C’est à Maranville (Haute-Marne) qu’il demeure le plus longtemps, de 1952 à 1960. Il est au service de quatre petites paroisses rurales des environs, La Villeneuve-au-Roi, Montheries Saint-Martin-les-Autreville et Autreville. La communauté de Maranville est alors placée sous la direction du P. Joseph de la Croix (Jean) Berger. Le Père Lucien sait s’attacher aux enfants et leur faire du bien. Après la fermeture de la maison de Maranville, il garde le regret des années qu’il y a passées. Par la suite, on lui connaît différents postes, tous provisoires, coupés de périodes de repos et de soins. En 1960, il demande un indult d’exclaustration pour des raisons de santé et le diocèse de Langres (Haute-Marne) l’accepte un temps ad experimentum. Il est rattaché canoniquement à la communauté de Vellexon (Haute-Saône) à partir de 1963. En décembre 1963, ü quitte le diocèse de Langres et se met à chercher un service d’aumônerie en Alsace. En accord avec ses supérieurs, le Père Lucien est alors rattaché à la communauté de Scherwiller (Bas-Rhin), communauté la plus proche de son village d’origine. Ayant dû reconnaître ses limites, le P. Lucien accepte de se rendre à Lorgues (Var) en avril 1973. Malade des nerfs, le Père Lucien est un homme qui souffre beaucoup. Délicat dans ses rapports avec autrui, il a lui-même besoin de beaucoup de sympathie et de confiance. Les responsabilités le troublent. Là où il est le plus heureux, c’est, à titre de vicaire, dans sa paroisse natale, à Bitschwiller-les-Thann. On y apprécie ses prédications et cela le réconforte. Seule son instabilité l’empêche d’y rester plus longtemps. Durant ses dernières années de vie, il doit à plusieurs reprises séjourner dans des cliniques psychiatriques, torturé par l’angoisse et le scrupule. C’est à l’hôpital de Draguignan (Var), qu’il meurt le 30 juillet 1983, à l’âge de 75 ans accomplis. Ses obsèques sont célébrées à Lorgues le ler août suivant, sous la présidence du P. Alphonse Kocher. Ses confrères lui gardent estime et affection comme à un membre souffrant du sacerdoce. Partout le Père Lucien sut accomplir très consciencieusement son devoir malgré des handicaps psychiques et moraux importants.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 94-95.. Assomption-France, Nécrologie année 1983, n° 1, p. 15. Lettre du P. Noël Bugnard au P. Saint-Martin Saint-Martin, Lyon, 4 mars 1964. Notices Biographiques