Religieux de la Province de Paris. Un Alsacien en Orient. Joseph Pflug est né le 13 décembre 1870 à Strasbourg (Bas-Rhin). Ses parents quittent l’Alsace devenue allemande après le traité de Francfort (1871). Joseph fait ses études primaires à Paris dans une école tenue par des Frères, rue Lafayette (1877- 1883), puis ses études secondaires à la maîtrise de Notre-Dame de Paris (1883-1887) et au séminaire de Saint-Chéron, près de Chartres (Eure-et-Loir), de 1887 à 1888. Il demande à faire un postulat à l’Assomption, à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), de 1888 à 1889. Le 25 janvier 1890, sous le nom de Frère Lucien, il prend l’habit au noviciat de Phanaraki (Turquie) où il prononce ses premiers vœux, le 2 février 1891, et ses vœux perpétuels, le 9 juin 1892. Avant de faire ses études de philosophie et de théologie à Kadi-Keuï (1896-1900), il travaille comme surveillant et professeur à Koum-Kapou (1891-1895) ainsi qu’à Philippopoli en Bulgarie (1895-1896). Le Frère Lucien est ordonné prêtre le 17 septembre 1899 par Mgr Bonetti à Kadi-Keuï. Il est alors employé comme aumônier, maître de chapelle, directeur d’école, vicaire à Kadi-Keuï jusqu’en 1912. Il se rend ensuite au collège Saint- Augustin à Philippopoli comme professeur d’allemand (1912-1915). Retour en France, dans la Province de Paris. Il revient en France satisfaire ses obligations militaires (1915-1919). Même pendant la guerre où il est versé dans un service auxiliaire, il peut assurer l’aumônerie des oeuvres de Chatenay (Hauts-de- Seine) où les Sœurs Oblates dirigent écoles et dispensaire. Il assure également le même service auprès des Oblates à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Son séjour à Chatenay dure jusqu’en 1924. A cette date, il fait l’option pour la Province de Paris, A.A ce qui explique son long service paroissial à Saint-Christophe de Javel (Paris XVème), de 1924 à 1946. C’est là qu’il déploie toutes les ressources et les énergies de son zèle apostolique. Aussi quand il lui faut quitter la paroisse où il a tant travaillé, c’est pour lui un véritable arrachement. Montpellier (Hérault) le reçoit de 1946 à 1947. Il va alors finir ses jours à Arras (Pas-de-Calais) comme aumônier de la chapelle Saint-Antoine, dernière et courte étape d’une vie bien remplie. Il y meurt le 29 avril 1948, à l’âge de 78 ans, après quelques jours de coma. A l’époque de Javel, quartier populaire. jusqu’à la seconde guerre mondiale, le quartier de javel est habité par une population constituée de familles de chiffonniers dont les masures lépreuses semblent faire concurrence avec ce que l’on appelle encore les bidonvilles ou les zones de la banlieue parisienne. Le P. Lucien fait la connaissance de ce milieu déshérité avec une aisance que rien ne démonte, une bonne humeur toujours souriante et une ardeur infatigable. Sans l’avoir recherchée, il adopte très vite une allure populaire. Sa forte carrure, sa barbe imposante, sa démarche décidée, sa poignée de main vigoureuse, son parler franc qui est émaillé d’argot, le font reconnaître au premier abord et lui gagnent la sympathie des petites gens. Un jour il marie un couple de chiffonniers peu familiers avec les formules liturgiques. A la question qui préside à l’engagement d’époux, il remarque que le fiancé ne comprend pas la demande formulée selon le strict rite romain. Après avoir répété sans succès sa question, il se reprend: « Voyons, vous voulez vous marier? Est-ce que ça colle? ». La réponse est suivie de la sentence matrimoniale en bonne et due forme: Ego conjugo vos in matrimonium. Une autre fois, il confesse un brave homme qui a sans doute perdu depuis longtemps la pratique du sacrement. Après l’avoir absous, il voit son pénitent sortir du confessionnal et étendre solennellement la main vers l’autel: « M’sieu le bon Dieu, je vous promets que je ne recommencerai plus! ». D’après Le Courrier de Notre-Dame de Grâce.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1948, n° 51, p. 50. Lettre du P. Rémi Kokel au P. Gervais Quenard pour la mort du P. Pflug, 29 avril 1948. Le Courrier de Notre-Dame de Grâce, mai 1948, n° 14, p. 17-18 et 23-25. Lettre du P. Lucien Pflug au P. Gervais Quenard, Montpellier, 1946. Dans les ACR, du P. Lucien Pflug, correspondances (1896-1946). Notices Biographiques