Magne (Joseph) MAGNE – 1898-1959

Religieux prêtre en paroisse.
« Quel peut être le ministère d’un curé auprès d’une population qui ne
s’empresse pas à l’église? L’attitude du P. Magne fut très simple. tout de
suite, sans les critiquer, il aima ses paroissiens de Corrobert et de
Verdon [secteur de Montmirail]. Il se donna totalement au catéchisme, à
l’éducation chrétienne des enfants. Enfin il s’attacha avec courage,
habileté et persévérance à la restauration matérielle de ses églises. Nous
savons que la population fut touchée par le zèle et par le travail de son
curé. On suivit avec sympathie le progrès de ses efforts, il reçut des
approbations et des concours qui le réconfortèrent. Je me souviens avec
émotion de la belle cérémonie de confirmation célébrée en mai
1958 dans l’église de Verdon toute pimpante en son architecture, en ses
vitraux, en son mobilier rajeuni… Après la restauration intérieure de
l’église de Verdon, durant les
grandes vacances suivantes, le Père renouvelait aussi la toilette de
l’église de Corrobert. Il venait de la terminer. Actuellement en ces deux
sanctuaires, une plaque de marbre rend hommage à la mémoire du P. Magne,
curé restaurateur». Mgr Piérard, homélie.

Religieux de la Province de Paris.

Un enfant de la Lozère.

Joseph Magne est né à Mende (Lozère), le 13 mars 1898. Il entre en 1908 à l’alumnat de Vinovo (Italie) et quatre ans après commence ses humanités à Ascona en Suisse. En juin 1914, Joseph opte pour l’Assomption avec une trentaine de ses condisciples. L’intention est de rejoindre le noviciat de Limpertsberg au Luxembourg, mais la déclaration de guerre perturbe le projet. Avec une quinzaine de rescapés, Joseph se retrouve à Vinovo, sous la houlette du P. Léonide Guyo. Il y prend l’habit le 8 décembre 1914, sous le nom de Frère Magne, voulant honorer un saint de sa Lozère natale, et y prononce ses premiers vœux le 8 décembre 1915. Après 18 mois à Vinovo, coupés par un séjour de 2 mois à Rome, les novices gagnent le sanctuaire de Notre-Dame de Lumières, près d’Avignon (Vaucluse). Il est incorporé à l’armée le 18 avril 1917 et n’est démobilisé que le 28 mai 1920, après avoir participé à bien des campagnes. Le Frère Magne gagne alors la maison de Saint-Gérard en juillet 1920. Il étudie la philosophie à Taintegnies en Belgique (1920-1922) et la théologie à Louvain (1922-1926). Profès perpétuel le 15 août 1921, il est ordonné prêtre le 25 juillet 1926 par Mgr Petit. Régulier, intelligent et travailleur, le P. Magne peut passer facilement inaperçu, tant il est discret et silencieux. Mais il est aussi un observateur caustique, notant avec un sens aigu du ridicule les petits travers des uns et des autres. Dans les séances littéraires, il y va de sa composition, toujours originale et spirituelle, parfois audacieuse.

Professeur en alumnat.

Après son ordination, le P. Magne va enseigner la grammaire au Bizet (Belgique), de 1926 à 1927, puis à Davézieux (Ardèche), de 1927 à 1931.

Il passe ensuite à Clairmarais (Pas-de-Calais) jusqu’à ce que la guerre en 1940 l’évacue sur Vérargues (Hérault). Professeur, il enseigne beaucoup de matières: les sciences, la géographie, l’italien, le chant. Méticuleux, il organise son programme par trimestre, si bien qu’un congé imprévu lui imprime parfois une mine revêche. Préparant sérieusement ses cours, il contrôle le travail et le suivi de ses élèves. D’un extérieur austère, sa voix frêle et monocorde le dessert. Bon confrère en communauté, il n’est pas d’un abord toujours facile ni d’une compagnie très gaie. Pourtant dans ses bons jours, il sait éclairer sa conversation de feux d’artifice très spirituels. D’une habileté manuelle très grande, bricoleur aussi bien avec le bois qu’avec les métaux, il construit tout ce qui est nécessaire aux représentations théâtrales: scène, décors, éclairage, accessoires. A Vérargues, en action de grâces pour la Libération, dans le parc, il élève une immense grotte à Notre-Dame de Lourdes, puis un chemin de croix le long des allées de la propriété. On se souvient aussi de ses crèches mécaniques pour Noël qui attirent les populations environnantes.

Prêtre en paroisse.

Au mois de septembre 1954, les supérieurs désignent le P. Magne pour renforcer la communauté du doyenné de Montmirail, au diocèse de Chalons, où les religieux ont pris en charge des paroisses depuis, une trentaine d’années. Deux lieux lui sont confiés: Corrobert et Verdon. Ce sont de petites paroisses rurales, fatigantes parce que dispersées. Un pensionnat sainte-Jeanne d’Arc réunit quelque 50 élèves dont on veut constituer l’élite missionnaire pour les paroisses entourant Montmirail. Le P. Magne y assure quelques cours, visite assidûment les malades et vieillards de l’hôpital-hospice du canton. Il est tout à la fois curé, professeur et aumônier. Atteint d’une attaque cérébrale le 11 décembre 1959, subitement, alors qu’il donne cours, le P. Magne est transporté à l’hôpital. Sa tension est très élevée, comme le taux d’urémie. Il meurt le 29 décembre 1959 au soir dans cet hôpital où il a réconforté tant de malades. Ses obsèques sont célébrées le 2 janvier 1960 par Mgr Piérard, évêque de Chalons. Le corps du P. Magne est inhumé au cimetière de Montmirail, provisoirement dans le caveau des doyens séculiers décédés dans cette ville, en attendant que soit aménagé le caveau des religieux de l’Assomption, situé près de l’ancienne église paroissiale St Martin.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1960, p. 99. Lettre à la Famill.e 1960, no 291, p. 379-380. Paris-Assomption, février 1960, no 70. Du P. Magne Magne, dans les ACR, correspondances (1917-1935). On doit au P. Magne des articles dans le bulletin de Vérargues, Le Rameau de Notre-Dame.