Religieux de la Province de Bordeaux.
Une enfance solitaire et une âme méditative.
Pierre Henri, aîné de cinq enfants, naît le 8 septembre 1883 à Avoudrey (Doubs), village à 700 mètres d’altitude sur le plateau du Jura dont les paysages exercent une fascination mystérieuse dans le cœur de l’enfant. Tout jeune, en 1895, il perd ses parents et il est recueilli comme berger par un oncle, Bruchon-Roy, à Clair-en-Bois près de Grandfontaine-Fournets. L’abbé Pérennet décèle chez ce jeune homme un germe de vocation et l’aide à commencer des études au petit séminaire de Notre-Dame de Consolation, ancien couvent de Minimes situé dans un cadre forestier, hérissé de falaises boisées où descend en cascades le Dessourdre. La tradition veut que le jeune Pierre est recruté par un assomptionniste de passage en quête de vocations. A 17 ans, il entre à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais), quittant sa Franche- Comté natale et ses attachantes montagnes (1902-1905). Intelligent, studieux, il boucle en 4 ans le cycle des études secondaires, avec une dernière année passée à Taintegnies en Belgique (1905-1906), près de Tournai. Il accomplit son service militaire à Belfort. Libéré, il entre au noviciat de Louvain où le 10 septembre 1907 il prend avec l’habit religieux le nom de Frère Maixent. Il est admis à prononcer ses vœux temporaires le 11 septembre 1908, ses vœux perpétuels le 11 septembre 1909 à Gempe. Il revient à Louvain pour les études de philosophie (1909-1912). Le stage pour les œuvres décide de son affectation à l’école Saint-André de Plovdiv (Bulgarie): 1912-1914. Réformé, il n’est pas mobilisé et peut entreprendre ses études de théologie à Rome (1914-1917) et Fara-Sabina. C’est à Saint-Maur (Maine-et-Loire) que le Frère Maixent est ordonné prêtre le 8 septembre 1916. La guerre se prolongeant, il est rappelé sous les drapeaux en 1917 comme infirmier
dans le train sanitaire. Il perd un de ses frères, mort en captivité.
Les années de service à l’Assomption.
Démobilisé en 1919, il reçoit son obédience pour Mendoza, au Chili, près de Rengo, où il enseigne à l’alumnat ‘Sainte-Monique’ de 1919 à 1923. Il vient ensuite enseigner à Saint- Sigismond (Savoie) de 1923 à 1924. C’est alors qu’il opte pour la province de Bordeaux dont le Supérieur le dirige sur Elorrio en Espagne où il enseigne en castillan (1924-1926) et où il est supérieur 3 ans (1926-1929). De là il revient à Saint-Maur comme supérieur (1929-1932) mais ne croit pas devoir ensuite accepter la charge d’une fondation à Blou (Maine-et-Loire). Il est envoyé au cœur de la Gascogne, à Auch (1932-1933), où on lui demande d’aider la direction de La Croix du Gers. En 1933, il est sollicité pour aider à l’installation du scolasticat de Layrac (Lot-et-Garonne), ex-prieuré bénédictin, en compagnie du Frère Raphaél Poquet. En 1934, il regagne Auch pour y succéder au P. Protais jaïn comme curé de la paroisse Saint-Pierre et y desservir de 5 chapelles, un provisoire qui va durer presqu’un quart de siècle (1934-1957). Les démêlés n’y manquent pas, avec les pompes funèbres, des locataires bruyants, une sacristine encombrante! En février 1952, il connaît une crue historique et dévastatrice du Gers qui inonde sa paroisse. Son presbytère n’a aucun confort, sans chauffage. La seule dépense qu’il se permette est celle de la lecture, il rédige son bulletin paroissial et entreprend même la rédaction d’un ouvrage de spiritualité ‘Prière cosmique’, malheureusement laissé inachevé. En 1957, l’âge aidant, le P. Maixent se retire à Cahuzac (Gers) où l’Assomption a ouvert en octobre 1931 un alumnat à l’ombre d’un sanctuaire marial. Il y reste 4 ans (1957-1961) et gagne ensuite Lorgues (Var) où, d’après lui, on vit encore dix ans après sa mort! Décoré de l’Ordre du Bien public, le P. Maixent devient un patriarche paralysé et muet. Il meurt à 87 ans le 30 juin 1972, après être resté grabataire pendant 7 ans, soigné par le P. Christo Duelibi. Il est inhumé à Lorgues le lundi 3 juillet 1972.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 226. Notice biographique par le P. Jean-Robert Montembault, 7 pages, pour A Travers la Province (Bordeaux), 1972. Le P. Maixent a laissé dans les archives des rapports sur Saint-Maur (1928-1932), sur Auch (1934-1942) et une importante correspondance (1913-1951). Le P. Bruchon est l’auteur d’un Drame préterévangélique versifié: Jésus chez Pilate, édité en 1936 à Auch.