Religieux de la Province de Paris. Une vie pour Jérusalem. Mamert-Stéphane Vionnet-Fuasset est né le 9 décembre 1879 à Hauteluce (Savoie), village voisin de Notre-Dame des Châteaux où il est scolarisé de 1890 à 1894. Il achève ses humanités à Brian (Drôme) de 1894 à 1896. Le 6 septembre 1996, sous le nom de Frère Mamert, il prend l’habit au noviciat de Livry (Seine-SaintDenis). Il y prononce ses premiers vœux le 8 septembre 1897 et ses vœux perpétuels, l’année suivante, le 6 septembre. Il est envoyé pour ses études ecclésiastiques à Notre- Dame de France à Jérusalem (1898-1904), y développant ses dons naturels pour l’organisation de la vie pratique: reliure, imprimerie, mécanique, électricité, soudure. Ordonné prêtre le 10 avril 1904 par Mgr Plavi, il devient sur place professeur d’hagiographie, de 1904 à 1906, puis de sciences, de 1906 à 1908, de langues bibliques et de lieux théologiques (1908-1911) et il achève cette première partie de sa vie apostolique dans le service de l’économat (1911-1914). Il préside à l’armée des serviteurs et des servantes qui s’occupent des pèlerins. Il tient même un bureau de change et de renseignements. Le P. Mamert est mobilisé pendant toute la durée de la première guerre mondiale (1914-1918) dans des services d’infirmerie militaire. Libéré de toute obligation militaire en novembre 1919, il fait d’abord un intermède à Paris, à la Bonne Presse (1919-1920) avant de regagner son poste à Jérusalem. Favorisé pour les langues, il parle le français, l’italien, l’anglais et l’arabe. Confesseur dans de nombreuses communautés religieuses de la ville, il est aumônier à l’hôpital des Sœurs de la Charité où sa bonté, sa bienveillance, son sens de l’accueil lui ouvrent bien des cœurs. Le P. Mamert, à ses moments de loisir, passe de longues heures à étudier les volumes de la bibliothèque de Notre- Dame de France Page :331/331 pour approfondir ses connaissances archéologiques et topographiques de la Ville et de la Palestine. On peut parfois discuter certaines de ses vues plus ou moins hypothétiques sur des localisations de sites bibliques ou évangéliques. L’histoire du sanctuaire de Saint-Pierre en Gallicante lui semble n’avoir plus aucun secret. Il a participé d’ailleurs, en leur temps, aux campagnes de fouille entreprises par le P. Joseph Germer-Durand, le P. Léopold Dressaire ou encore le P. Gabriel Jacquemier. L’archéologie le passionne et il veille sur le petit musée patiemment constitué dans les murs. Grâce à de vieux textes, à son pendule, à des révélations privées, il découvre des trésors cachés. À l’époque de la seconde guerre mondiale, le sanctuaire est fortement fréquenté par les aumôniers anglais qui y entraînent leurs troupes en procession et qui gravissent les marches de la scala sancta au chant du Lauda Sion Jérusalem. Toutes les communautés religieuses de toute nationalité rivalisent de ferveur sur ces lieux sanctifiés par la tradition. Les Sœurs Oblates aident le Frère François Haas à garder le sanctuaire et à organiser les manifestations religieuses. Mais en avril 1948, la situation politico-militaire se tend. Le P. Mamert ne cache pas son appréhension d’un conflit généralisé au départ des troupes anglaises, suite à la naissance conflictuelle de l’Etat d’Israël. Le courrier est désorganisé, les services publics perturbés, de fréquents affrontements entre partisans sionistes et groupes arabes ensanglantent le pays. Le 15 mai, les troupes militaires juives occupent par traîtrise la position de Notre-Dame de France, véritable point stratégique entre les deux communautés, aménagé comme une forteresse avec sacs de terre et barbelés. Notre-Dame de France est occupée, pillée, bombarbée. Une des ailes est en flammes, les éclats d’obus et les tirs défigurent les façades. La bataille s’engage entre les belligérants. Le 21 mai, le P. Mamert est dit être tué d’un éclat d’obus. c’est son adieu à ‘sa’ ville de Jérusalem, ville de la paix, mais toujours disputée, où il a vécu plus de cinquante ans et où il est tombé, fidèle à son poste. Le P. Pascal SaintJean est légèrement blessé, les religieux sont évacués à l’hôpital français. L’hypothèse d’une mort accidentelle du P. Mamert, longtemps présentée comme version officielle et invérifiable en période d’événements tragiques, reste une opinion sinon controuvée du moins controversée. Page :332/332
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1948, no 50, p 48; no 51, PS2. La Croix, 25 juin 1948. L’Assomption et ses (Euvres, 1948, no 416, p. 226-229. Missions des Augustins de l’Assomption, 1948, no 491, p. 28-30; no 493, p. 4344. Lettre du P. Mamert Vionnet au P. Gervais Quenard, Hauteluce, août 1947 (Le P. Mamert se trouve en vacances dans son pays natal, mais s’inquiète de renforts religieux pour Jérusalem). Du P. Mamert Vionnet, dans les ACR, correspondances (1899-1947).