Marc (Alfred) HARNOIS – 1925-1974

Témoignage.
« D’abord, un premier point où tout le monde s’est reconnu et étendu: c’est
le grand changement qui s’est fait dans
la paroisse de Libos dès son arrivée. Le P. Marc a su réveiller notre foi,
endormie dans un train-train d’indifférence. Peut-être, au début, en
choquant un peu, un réveil trop brutal mais qui s’est vite montré efficace.
Il avait le don de stimuler les gens. Pour nous catéchistes, il nous a
montré le chemin. Il avait un contact très fort avec les jeunes qu’il
comprenait et savait prendre, si bien que tout était facilité. Il nous a
mis face à nos responsabilités et a stimulé nos engagements de militantes.
C’est lui qui nous a fait découvrir l’A.C.G. Il mettait sa confiance dans
les gens, on était obligé de le suivre. En toute chose, il allait jusqu’au
bout de ce qu’il entreprenait. Personne n’a oublié le temps où il a
transformé l’église, le presbytère. Il mettait tout le monde dans le coup.
Il n’avait peur de rien, ni de personne. Il avait un caractère exigeant
pour lui et pour les autres. Et surtout il avait une foi
profonde qu’il communiquait autour de lui, un rayonnement qui invitait
nécessairement au partage. Sa popularité était très grande, il entrait en
contact avec tous ».

Religieux de la Province de Bordeaux.

Un Morbihannais de souche.

Alfred Harnois, né le 16 août 1925 à Locoal- Mendon (Morbihan), se proclamera fièrement Alréen. Il a vécu surtout à Auray. Locoal-Mendon est une petite localité bordée par la rivière d’Etel, formant un vaste estuaire s’épanouissant en une petite mer sur une profondeur de 16 km. à l’intérieur des terres. La rivière est bloquée à son embouchure par un banc de sable dit ‘barre d’Etel’ dont les expériences de franchissement ont été parfois dramatiques. Alfred est d’une famille de six enfants. A 13 ans, en 1938, il aborde à Saint-Maur (Maine- et-Loire) et poursuit ses études à quelques km. à Blou, en 1942. Il est plus âgé que ses compagnons et sa maturité tranche sur la leur. Il demande en 1944 à entrer au noviciat à Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime). Il revêt l’habit religieux le 8 décembre 1944, sous le nom de Frère Marc, le prénom de son père très tôt éprouvé par la maladie, et s’attache d’instinct à ceux en qui il voit généreusement vécu l’idéal auquel il aspire. Sur le fond d’un tempérament énergique et entreprenant, se devine déjà un soupçon de cette fantaisie qui est le signe et le charme de sa personnalité forte, généreuse et indépendante. Profès le 9 décembre 1945, il poursuit presque sans discontinuer ses études philosophiques et théologiques à Layrac (Lot-et-Garonne), de 1945 à 1952, avec une interruption d’une année en 1947-1948 pour enseigner au collège de Saint-Caprais à Agen. Profès perpétuel le 8 décembre 1949, Frère Marc est ordonné prêtre par Mgr Rodié à Layrac le 8 mars 1952.

Mobilité apostolique.

La vie ministérielle du P. Marc est marquée par une certaine mobilité. Il sert d’abord à l’orphelinat de Toulouse (Haute-Garonne) en 1952-1953.

De 1953 à 1956, il devient vicaire à Bordeaux-Caudéran (Gironde) et travaille avec le P. Francis Le Goff qui écrit sur son confrère: « Les arguments persuasifs du P. Marc font du Frère Maurice Le Clainche un dirigeant ‘C?ur Vaillant’ ». Le 31 janvier 1955, le Frère Maurice meurt dans les bras du P. Marc. Ce dernier prend un nouveau bail de trois ans à Melle (Deux- Sèvres) où l’on garde le souvenir des excursions organisées par lui. En 1959, il mène à Lisieux 60 garçons de son patronage, leur fait visiter les plages du débarquement à Arromanches, leur fait parcourir les remparts du Mont Saint-Michel et leur ménage la surprise d’une halte ‘inévitable’ à Sainte-Anne d’Auray. De 1959 à 1962, il est responsable de la discipline au collège de Tarbes. Son entregent, son entrain le font désigner comme ‘recruteur’ à l’alumnat de Melle, jusqu’en 1965. Il y connaît des ennuis de santé que ne laisse pas soupçonner l’exubérance de sa vitalité. En 1942 déjà, il a été soigné d’une pleurésie. Il impute la détérioration de son état de santé au régime irrégulier de l’alimentation et de repos, voire aux contrariétés ou déceptions dans sa tâche. En prenant pied à Libos (Lot-et-Garonne) en 1965, Marc a le champ libre pour donner toute sa mesure qui, mieux qu’une explosion d’activité, va être la merveilleuse évolution de son âme. Il est un stimulant pour ceux qui cherchent auprès de lui soutien et réconfort. Dans la communauté de Fumel, il est ‘le mainteneur’ de la prière commune qui transforme ses ‘humaines diminutions’ en accents de confiance, d’abandon et de joie.

Derniers jours.

De graves ennuis dans le domaine de la circulation sanguine et de sérieuses opérations subies à Bordeaux l’obligent à passer à d’autres la responsabilité de Libos. Il se sait à la merci de son c?ur. A partir du 15 mai 1974, c’est en malade que le P. Marc franchit la porte de l’hôpital de Fumel. Il y termine discrètement sa vie, le 26 mai 1974, à 49 ans. Par égard pour sa vieille mère, Mme Geneviève Harnois, née Jollivet, le P. Marc repose en terre alréenne, à Auray.

Bibliographies

?Bibliographie et documentation:

B.O.A. mars 1975, p. 262. A la mémoire du P. Marc Harnois par Jean Pérennès, 4 pages. Témoignage sur le P. Marc par les Catéchistes de Libos.